PROXIMO Revue de presse 15 01 2018

L'economiste

Chômage : Ce qu’en dit le HCP

Après 9,4% en 2016 et 10,2% en 2017, le taux de chômage devrait encore augmenter cette année, selon les dernières projections du Haut-commissariat au plan (HCP). Il devrait atteindre les 10,5%, a indiqué Ahmed Lahlimi, le patron du HCP lors de sa dernière conférence sur les perspectives économiques pour l’année 2018. Lahlimi a ainsi souligné que la croissance économique serait accompagnée par des créations d’emploi « qui ne permettraient pas de répondre à la demande additionnelle en augmentation continue sur le marché du travail ». Un marché marqué par le fort taux de chômage des jeunes et des personnes diplômées. En tout cas, le tableau dressé par le HCP sur la situation économique pour 2018 demeure assez sombre avec une croissance attendue de 2,8% contre 4% durant l’année écoulée.

Banque mondiale Le Maroc crédité de 3,1% de croissance

  • Un pronostic proche des institutions nationales
  • Climat des affaires, marché du travail, compétitivité… des réformes à accélérer
  • L’Egypte et la Tunisie continuent leur rattrapage, l’Algérie se redresse

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La Banque mondiale anticipe une croissance de 3,1% en 2018 pour le Maroc. Il fera mieux que son voisin la Tunisie, mais se verra surpassé par l’Egypte et légèrement par l’Algérie. A moyen terme, le Royaume devrait être capable d’accélérer sa croissance grâce à ses réformes, la bonne performance des industries nouvelles ou encore la reprise en Europe

De 4,1% en 2017, le taux de croissance du Maroc devrait s’établir à 3,1% en 2018 et 3,2% les deux années suivantes (2019-2020). Ce sont les nouvelles projections de la Banque mondiale qui vient de publier les premières tendances de l’économie mondiale «2018 Global Economic Prospects». L’étude pousse la réflexion autour du thème «Un rebond généralisé, mais pour combien de temps?».

Le ralentissement de la croissance marocaine est aussi le scénario anticipé par la majorité des institutions nationales. Le gouvernement table sur une croissance de 3,2% en 2018. Pour Bank Al-Maghrib, elle se limitera à 3%, puis, devrait s’accélérer à 3,6% en 2019. Le constat dressé pour le premier trimestre 2018 par le HCP fait ressortir une hausse du PIB à 2,6% contre 3,8% à la même période en 2017.

Celle-ci sera tirée essentiellement par les activités non agricoles dont la valeur ajoutée augmenterait de 3,2%. Quant au FMI, il avait anticipé une croissance de 3,1% pour cette année contre 4,4% l’année dernière. La mise à jour de ses perspectives de l’économie mondiale est prévue pour le 22 janvier prochain.

Pour la Banque mondiale, le Maroc fait partie des pays où l’activité est restée solide en 2017 en partie grâce à la production agricole. Comme plusieurs pays importateurs de pétrole, le Royaume a su profiter de la baisse du cours du pétrole pour réduire les subventions énergétiques. Mais l’Etat n’est pas allé au bout de la réforme des subventions.

Cela fait qu’aujourd’hui nous assistons à une explosion de la charge de compensation, le résultat à la fois de la remontée des cours du pétrole et la consommation du gaz butane (voir aussi notre édition du mardi 9 janvier 2018). Le Maroc a pu améliorer sa position budgétaire grâce aux programmes du FMI et de la Banque mondiale. Ces efforts ont été accompagnés de réformes plus larges visant à améliorer le fonctionnement du marché du travail, le climat des affaires et la compétitivité.

Le Maroc s’en tire à bon compte. Il a été classé 69e dans le Doing Business 2018, en recul d’un rang par rapport au classement de l’année dernière. Le gouvernement s’est engagé à se hisser à la 50e place du Doing Business d’ici 2020. Pour réaliser ce défi, une feuille de route a été tracée et comporte plusieurs mesures: généralisation des guichets uniques, réforme de la loi sur les droits réels, création d’un baromètre pour le climat des affaires…

Rabat pourra poursuivre la relance du tourisme, une source de revenus importante pour le pays, si les tensions géopolitiques restent contenues. Les programmes d’éducation de la petite enfance au Maroc devraient contribuer à améliorer le niveau de la scolarité. Pour passer à la vitesse supérieure, le pays devra compter aussi sur la bonne performance des industries nouvelles (automobile, aéronautique, électronique).

L’expansion des entreprises marocaines en Afrique de l’Ouest peut consolider sa position dans les chaînes de valeur mondiales. Renforcer la gouvernance, améliorer le climat d’investissement, une plus grande flexibilité des taux de change aideraient à absorber les chocs. Le Maroc profiterait en outre de la reprise attendue dans la zone euro.

Les risques

Variables entre les pays exportateurs et importateurs de pétrole de la région, les risques pour la croissance sont d’une manière générale toujours présents. La situation géopolitique reste tendue et exacerbée par des tensions diplomatiques au sein de la région, selon les experts de la Banque mondiale. Les pays importateurs de pétrole pourraient subir les retombées des conflits armés dans les économies fragiles, notamment en Libye, en Syrie et au Yémen. Ces conflits interdisent l’accès aux services de base, comme l’alimentation, l’éducation et la santé. Les déplacements prolongés de populations dans les économies fragiles ont provoqué une crise des réfugiés, qui fragilise les économies des pays d’accueil et exacerbe les difficultés sur le plan de la santé et du bien-être. Des cours du pétrole plus faibles que prévu pourraient assombrir les perspectives de croissance des pays exportateurs de la région. Les réformes ont certes gagné du terrain, mais les incertitudes entourant «leur portée, leur profondeur et leur pérennité pourraient restreindre les effets positifs».

La région Mena tributaire des tensions et du pétrole

 Dans l’hypothèse d’une atténuation des tensions géopolitiques et d’une légère hausse des cours du pétrole, la croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) devrait s’accélérer en 2018 et en 2019, à respectivement 3% et 3,2%. La Tunisie augmente la cadence et devrait enregistrer 2,7% cette année contre 2% en 2017. Il faudrait s’attendre à près de 3,3% pour 2019 et 4% pour 2020.

En Algérie, une politique budgétaire plus expansionniste que prévu devrait stimuler la croissance à court terme (3,6% en 2018 contre 2,2% en 2017). Quant à l’économie égyptienne, elle devrait enregistrer 4,5% sur l’exercice 2018. Les réformes en cours et l’amélioration du climat des affaires stimulant l’activité industrielle et les exportations. Globalement, la croissance des pays du Conseil de coopération du Golfe devrait rebondir à 2% en 2018 contre 0,7% en 2017.

Elle est attendue à 1,2% cette année en Arabie saoudite et à 4% en Iran. Le renforcement de la consommation privée et de l’investissement devrait sous-tendre des performances d’ensemble plus fortes. En Irak, l’activité devrait redémarrer à la faveur de l’amélioration des conditions sécuritaires.

La croissance de certains pays importateurs devrait repartir en 2018. Elle sera soutenue par des réformes qui dopent la confiance des entreprises et des consommateurs et par le redressement de la demande extérieure.

LA VIE ECO

LE PAIEMENT SANS CONTACT DE VISA DÉSORMAIS OPÉRATIONNEL

Les détenteurs de cartes Visa au Maroc pourront désormais bénéficier des nombreux avantages du paiement sans contact grâce au système «Tap&Pay».

Le CMI vient d’autoriser les transactions sans contact au niveau des différents terminaux Point-Of-Sale (POS). Il sera possible de régler les achats de faible valeur sans le moindre contact. Le processus de règlement dure 0,5 seconde. Il suffit de passer la carte à proximité des terminaux dédiés qui seront progressivement installés au niveau des différents points de vente. Le CMI dispose d’un parc de plus de 13 000 terminaux équipés de ce système au Maroc. L’objectif est d’atteindre 20000 terminaux d’ici la fin de l’année 2018.

AGROALIMENTAIRE : L’EXÉCUTION DU CONTRAT-PROGRAMME SERA ENTAMÉE AU PREMIER TRIMESTRE

Les discussions gouvernement-secteur privé sur les textes d’application devraient être bouclées dans les semaines à venir. Projets R&D, formation professionnelle, installation de nouvelles unités de transformation et modernisation des unités existantes sont quelques-uns des grands axes du contrat-programme.

Les textes d’application et les conventions devant permettre le démarrage des projets prévus par le contrat-programme de l’industrie agroalimentaire sont toujours en cours d’élaboration.
Il s’agit de décrets et d’arrêtés qui devront être publiés ainsi que les conventions entre trois départements -l’agriculture, l’industrie et les finances- et les groupements professionnels au nombre de treize. «Les discussions autour des conventions et l’élaboration des textes sont bien avancées. Si tout se passe bien, le contrat-programme sera mis en œuvre durant le premier trimestre de 2018», nous indique Mohamed

Fikrat, président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri) et PDG de Cosumar.
Pour rappel, l’enveloppe globale du contrat-programme d’une durée de cinq ans est de 12 milliards de DH dont 8 milliards de fonds privés et 4 milliards de fonds publics. Projets de recherche et développement, formation professionnelle, installation de nouvelles unités de transformation et modernisation des unités existantes…, tels sont les grands axes du premier contrat-programme dédié à l’agro-industrie.

Des objectifs ambitieux

Les objectifs sont pour le moins ambitieux. En effet, le contrat-programme prévoit dans la filière des fruits et légumes transformés l’installation de 43 nouvelles unités de transformation de produits à forte valeur ajoutée, l’exportation de 45000 tonnes supplémentaires de produits à forte valeur ajoutée et 45 000 tonnes supplémentaires d’olives de table, ainsi que 25 000 tonnes supplémentaires d’abricots en conserve.

Dans la filière des agrumes et des fruits et légumes frais, il est prévu d’installer 79 nouvelles stations de conditionnement, 92 nouvelles unités frigorifiques et une unité d’écrasement de petits fruits.

Pour ce qui est de la filière de l’huile d’olive, il s’agit de moderniser 75 unités de trituration, d’exporter 200000 tonnes supplémentaires d’huile d’olive et de certifier 25 entreprises du secteur. Dans l’industrie laitière, 10 nouvelles unités de valorisation du lait et 3 unités de production de poudre de lait seront installées. Il est aussi prévu d’exporter 189 000 tonnes supplémentaires de produits laitiers.

A propos de l’industrie de la biscuiterie, confiserie et chocolaterie, le contrat-programme devrait permettre la création de 11 nouvelles unités de production, des exportations supplémentaires de 520 MDH, le développent de 15 projets R&D et la formation de 6 800 personnes.

L’industrie des viandes n’est pas en reste, puisque le contrat-programme lui permettrait la modernisation de 5650 tueries traditionnelles et points de vente ainsi que l’exportation de 172 000 tonnes supplémentaires de produits transformés. Enfin, l’industrie des pâtes et couscous sera renforcée par 14 lignes de conditionnement pour l’exportation de 19 000 tonnes supplémentaires de pâtes et couscous.
Signé en avril 2017 en marge des Assises de l’agriculture, le contrat-programme a été élaboré sur la base d’une étude stratégique du secteur agroalimentaire menée entre février et septembre 2015 par la Fenagri et le ministère du commerce et de l’industrie.

B r è v e s

Irrigation : 31 millions d’euros pour la plaine de Saïss Le Fonds vert pour le climat et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont octroyé plus de 31 millions d’euros pour le financement du projet de conservation des eaux de la plaine de Saïss. Ce montant s’ajoute aux 120 millions d’euros consentis par la même banque en octobre pour la construction d’un adducteur de 150 kilomètres reliant le futur barrage M’dez à la plaine de Saïss.

Siam : du 24 au 28 avril 2018 C’est sur le thème «Marchés agricoles et logistique» que se tiendra la 13e édition du Salon International de l’agriculture au Maroc, du 24 au 28 avril 2018 à Meknès. La dernière édition avait réuni près de 900 000 visiteurs, 1350 exposants et 66 pays participants. n Les barrages remplis à 35,7% Au 3 janvier 2018, le taux de remplissage des principaux grands barrages s’est établi à 35,7%, en baisse de 17 points par rapport à la même période de l’année précédente. L’essentiel des sites sont touchés par le déficit pluviométrique.

 Délit de chasse: 25 cas enregistrés en 2017 La direction régionale du Sud-Ouest du Haut commissariat aux eaux et forêts a permis de mettre en échec plusieurs tentatives de chasse illégale dans la province de Tiznit. Environ 25 cas de délit de chasse ont été enregistrés au niveau du territoire relevant des compétences de la direction régionale du Sud-Ouest. Les chasseurs recourent de plus en plus à des techniques développées de simulation et à la chasse nocturne. Pour remédier à ces délits, une unité de suivi et de contrôle a été créée dans la région avec comme objectif de renforcer l’action des unités de terrain. En outre, la direction régionale a classifié 1,9 million d’ha en tant que réserves permanentes interdites à la chasse et 5,9 millions d’ha ouverts à la chasse tous les 3 ans. Cette mesure s’inscrit dans la gestion durable du secteur avec pour objectif de protéger des espèces comme la gazelle et le mouflon. Pour encadrer l’activité qui a généré la saison dernière 2MDH de recettes, 34 réserves de chasse de 241982 ha ont été créés.

Challenge

Adoption lundi du nouveau régime de change

Le ministère de l’Économie et des Finances a décidé, après avis de Bank Al-Maghrib, d’adopter à partir de lundi prochain un nouveau régime de change où la parité du dirham est déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation de ±2,5%, contre ±0,3% actuellement, a annoncé, vendredi 12 janvier 2018, le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi, à l’issue de la réunion du conseil du gouvernement.

telquel.ma

Endettement, importation, diversification… les mises en garde de Lahlimi

Le Haut Commissaire au Plan a dressé des prévisions optimistes pour 2017 et 2018 sans omettre de tirer la sonnette d’alarme sur plusieurs facteurs qui freinent la croissance.

Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan (HCP) s’est livré, le mercredi 10 janvier, à sa traditionnelle présentation de la situation économique en 2017 et ses perspectives pour 2018.  Avant de présenter les chiffres dressés par son institution, Lahlimi a tenu à rappeler que « la prévision de croissance n’est pas une simple opération mathématique. « C’est le résultat d’une série d’analyse théoriques et d’enquête sur le terrain combinés à des outils d’analyse et de calcul économique. Une opération qui nous prend six mois à réaliser. C’est pour cela que nos prévisions se rapprochent toujours de la réalité et se concrétisent », lâche-t-il en début de conférence en réponse à ceux (gouvernement, ndlr) qui « ont traité le HCP de pessimiste quand on a parlé d’une croissance de 1,2% ». « En fin de compte, on a eu raison », insiste-t-il.

Limiter les importations

Pour 2017, le HCP maintient ses prévisions de croissance estimées aux environ de 4% portées par une bonne saison agricole et les demandes intérieure et extérieure. « 2017 a connu un bond de croissance qui se poursuivra en 2018 car les risques géostratégiques ont été absorbé et pris en comptes par les acteurs économiques », explique Lahlmi. « La demande adressée au Maroc a également connu un bond en 2017 qui se poursuivra en 2018 mais toute la question est de savoir si nous avons la capacité d’y répondre », s’interroge-t-il.

Celui qui a un rang de ministre n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation économique et aussi budgétaire. Versant dans le même sens que le premier président de la cour des comptes, Driss Jettou, il appelle à la plus grande vigilance quand il s’agit du budget général. Pour lui, le Maroc n’a pas une grande latitude pour limiter ses besoins de financement alors que les ressources en sa disposition ne suffisent pas à les combler. Le recours à l’endettement devient structurel.

L’autre sujet qui inquiète le Haut Commissaire au Plan c’est le taux de pénétration des importations. « Il est  de 41% !  On ne peut ni manger  ni investir que si l’on importe. Il faut limiter nos importations », conseille-t-il. Le Haut commissaire au Plan révèle que son institution a finalisé une étude su l’espace produits et la complexité économique. C’est une étude qui recense tous les produits fabriqués au Maroc depuis des décennies et analyse leur longévité. « On voit ceux qui ont disparu, ceux qui sont encore produits et ceux pour lesquels le Maroc a un potentiel », explique-t-il. Selon les premières éléments livrés, l’étude qui sera publiée dans quelques jours montre que le Maroc dispose d’un potentiel de diversification de 600 nouveaux produits répartis entre l’agriculture, l’industrie chimique, la fabrication de machines d’équipement, le textile, la métallurgie ou encore l’industrie du caoutchouc et plastique.

L’agriculture 1er contributeur à la croissance

L’un des points sur lequel Ahmed Lahlimi s’est attardé lors de son exposé c’est bien évidement l’agriculture qu’il estime être « le premier contributeur dans le niveau de croissance et dans la productivité et l’amélioration du niveau de vie ». Le ministre rappelle, à qui a tendance à l’oublier, qu’avec le changement climatique la sécheresse devient une donnée structurelle difficile à contenir. « Dans ce contexte il faut faire attention à la baisse des niveaux de remplissage des barrages qui a atteint cette année 35% alors qu’il était à plus de 70% ». Le niveau s’est amélioré suite aux dernières précipitations mais pour lui il faut s’attarder sur ce point en accentuant les opérations de maintenance des barrages, amélioration de leur performances, recherche de sources alternatives d’eau, amélioration des solutions d’irrigation,… car au cours d’une saison de sécheresse ce qui permet de compenser un peu ce sont les cultures irriguées (fruits et légumes) ainsi que les produits dérivés de l’élevage.

Il a également appelé à améliorer la performance du secteur non agricole qui s’accroît à un « rythme lent« . En 2017, sa croissance est estimée à 2.8% et à 3% en 2018 grâce à l’industrie du phosphate qui reste le principal moteur de cette croissance. Les autres industries ont évolué d’un petit 2% à la faveur d’une industrie agroalimentaire dynamique, conséquence d’une bonne saison agricole. Pour ce qui est des autres principales industries, à savoir le BTP et les industries mécaniques et métallurgiques, elles ont connue des baisses d’activité.