PROXIMO Revue de presse 02 03 2018

L'economiste

Économie marocaine : Pour OBG, les signaux sont au vert

Oxford Business Group (OBG) vient de livrer une analyse plutôt optimiste sur l’économie marocaine. Le cabinet d’intelligence économique estime que le Maroc est dans une « position de force » à l’aube de la prochaine décennie. Des progrès « remarquables » ont été réalisés par le pays en 2017, grâce notamment au secteur automobile, l’aéronautique, les mines et l’agroalimentaire, souligne-t-il.

Ces secteurs devraient ainsi contribuer à une croissance de l’industrie de 14% à 23% d’ici 2020, d’après les projections. En outre, note OBG, la position de force du Maroc est basée sur une réputation de stabilité et d’ouverture et une situation géographique stratégique, ce qui offre une fin de décennie « prometteuse » au royaume, d’après le cabinet.

D’ailleurs, les réformes menées par le pays devraient stimuler l’industrie manufacturière et renforcer les liquidités du pays. OBG estime toutefois que le Maroc doit encore faire des efforts en matière d’accès au financement et de consolidation des chaines d’approvisionnement locales.

Education: Millennium Challenge Account cherche partenaires

  • Des profils techniques et financiers pour le fonds de l’éducation pour l’employabilité
  • Objectif, accompagner le modèle d’amélioration des établissements secondaires
  • 60 écoles visées dans les régions de Fès-Meknès et Marrakech-Safi

L’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco) est à la recherche de partenaires pour s’associer au Fonds de partenariat de l’éducation pour l’employabilité dont l’appel à projets à été lancé le 13 février dernier. Une rencontre a été organisée mardi à Rabat pour sensibiliser les partenaires techniques et financiers potentiels aux opportunités de s’associer à ce fonds doté de 4,6 millions de dollars.

Un projet qui attend de nouveaux partenaires sélectionnés pour un apport d’expertises ou de financements supplémentaires en vue de renforcer, compléter et pérenniser les interventions prévues au titre du déploiement du «Modèle intégré d’amélioration des établissements d’enseignement secondaire (MIAES) dans le cadre de l’activité «Education secondaire» relevant du Compact II.

Ces interventions cibleront près de 60 établissements de l’enseignement secondaire au niveau des régions Fès-Meknès et Marrakech-Safi. Ce qui va leur permettre de bénéficier d’un appui intégré portant sur le renforcement de l’autonomie administrative et financière avec la promotion d’une pédagogie centrée sur l’élève.

Au menu également, l’amélioration de l’environnement physique des apprentissages à travers des réhabilitations adéquates des infrastructures scolaires et la fourniture d’équipements nécessaires à l’innovation pédagogique. «L’objectif est de renforcer les performances des élèves en vue d’améliorer leur employabilité par la suite», indique Abdelghni Lakhdar, DG de l’Agence MCA-Morocco. La rencontre a été également une occasion d’exposer les conditions et modalités de participation à cet appel à projets, les projets éligibles et les critères d’évaluation des projets soumis.

A cet effet, on rappelle la durée de candidature qui va s’étendre du 13 février au 30 avril 2018. Dans le cadre de cet appel à projets, on privilégiera la sélection et le cofinancement, à hauteur de 50%, de projets de partenariat ayant trait à cinq thèmes centraux.

Il s’agit des technologies de l’information et de la communication et les activités parascolaires. Au menu également: les bibliothèques scolaires et les salles polyvalentes ainsi que le renforcement des capacités linguistiques des élèves. Sans oublier l’orientation des élèves et leur ouverture sur les carrières.

Rappelons par ailleurs qu’un premier appel à projets a été lancé en décembre 2016 concernant 34 établissements scolaires de la première région pilote Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.

450 millions de dollars pour Compact II

Le budget alloué par MCC au deuxième programme de coopération (Compact II), entré en vigueur en juin 2017, s’élève à 450 millions de dollars. A cela s’ajoute la contribution marocaine d’une valeur équivalente à 15% au moins de l’apport américain. Deux projets figurent dans l’agenda du Compact II. Le premier, porte sur «Education et formation pour l’employabilité» alors que l’autre concerne « la productivité du foncier ». Pour le premier, on prévoit un budget de 220 millions de dollars dont 112,6 millions de dollars consacrés à l’activité «Education secondaire». Le reste pour financer deux autres activités qui sont: la formation professionnelle (80,42 millions de dollars) et celle concernant l’emploi.

Réforme de l’Administration: Urgence d’adopter la Charte des services publics

Elle devra constituer la référence dans la gestion des administrations, selon un message royal

Appel à s’inspirer du modèle managérial du secteur privé

Objectif, rentabilité, résultat… les maîtres-mots du prochain mode de gouvernance publique

«La réforme globale et intégrée de l’Administration publique s’impose sans délai». C’est l’un des principaux messages adressés par le Roi aux participants au Forum national de la haute fonction publique, tenu hier à Rabat. La lettre royale, lue par le Conseiller du Roi, AbdeltifManouni, a mis l’accent sur une série de mesures à prendre en compte dans le processus de mise à niveau de l’Administration.

En tête, l’urgence de mettre en place une Charte des services publics. «Revêtue d’un caractère contraignant, elle doit devenir la référence fondamentale en matière de bonne gouvernance, de gestion des administrations publiques, des collectivités territoriales et des services publics», selon le message royal. Cette charte, prévue par la Constitution, devra refléter la philosophie «du nouveau concept d’autorité».

Concrètement, la réforme de l’Administration publique devra être axée sur l’efficacité de son action. Le Souverain a mis l’accent sur «deux démarches indispensables». Il s’agit d’abord d’une «révision des méthodes de travail des structures administratives». A cela s’ajoute «une refonte des modalités de gestion des ressources, en vue d’une utilisation optimale des moyens». Cette dynamique de réforme pourra «s’inspirer du modèle managérial du secteur privé», selon la lettre royale.

Cela concerne notamment les aspects organisationnels, mais également ceux liés à la valorisation des ressources humaines. Aujourd’hui, «il est important de pouvoir attirer des compétences hautement qualifiées». C’est décisif pour accompagner la dynamique de développement économique et social. C’est dans cette logique que le Souverain a proposé «le recours à des mesures incitatives et disciplinaires pour assurer des niveaux élevés de rendement professionnel».

A l’issue de ce Forum, les recommandations doivent tracer les contours du prochain modèle managérial de l’Administration publique. Celui-ci devra reposer sur «une contractualisation de la relation de travail», axée sur des objectifs à atteindre et sur une «obligation de rentabilité et de résultat».

aujourd'hui

200 projets en construction et plus de 49 milliards de dollars investis

Un large chantier de construction est ouvert au Maroc. Plus de 200 projets sont en cours d’exécution totalisant un investissement global de 49,8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 459,78 milliards de dirhams. Une évaluation faite par BNC Network, qui vient de livrer un rapport sur les perspectives du marché de la construction au niveau national, et ce à la veille de la tenue de la deuxième édition du Salon The Big 5 ConstructNorthAfrica, prévu du 10 au 12 avril à Casablanca. Le premier constat fait par ce bureau d’information spécialisé dans le secteur de la construction à l’échelle internationale concerne la dynamique de ce secteur au Royaume. La forte croissance observée dans ce sens est tirée, selon BNC Network, par la panoplie des investissements gouvernementaux engagés dans les différentes régions du Maroc. Tour d’horizon des principaux résultats de cette étude qui évalue la performance du secteur de la construction sur la base des actifs qui sont en phase de conception, d’appels d’offres ou en développement.

Actifs en construction : La valeur grimpe de 9,2%

«Le Maroc maintient un portefeuille sain de projets de construction actifs», fait savoir BNC Network. L’analyse du potentiel de croissance des projets en  chantier en termes de valeurs et de volumes fait ressortir une hausse de 9,2% de la valeur totale estimée des projets actifs au Maroc durant 2017. A ce jour, 104 projets font objet d’appel d’offres ou en cours de construction pour une valeur totale estimée à 14,1 milliards de dollars. Le rapport démontre également que des projets d’un investissement global de 31,4 milliards de dollars sont en phase de développement (en conception). Ce chiffre témoigne d’après BNC Network d’un flux constant de nouveaux investissements de projets pour soutenir un marché en pleine expansion.

Les villes durables dans le pipe

Presque la moitié des projets sont mis en chantier dans le milieu urbain. BNC Network recense à cet effet 100 projets, soit 55% de la structure globale des constructions au niveau national. Ils représentent une enveloppe de 13,9 milliards de dollars et concerne en grande partie la mise en œuvre de villes durables. En effet, le développement durable arrive en tête des secteurs prioritaires. La région de Rabat-Salé-Kénitra compte à elle seule deux projets de villes durables, dont la cité des énergies renouvelables de Mahdia, d’une valeur de 2,5 milliards de dollars chacun.  «La valeur totale estimée des projets d’utilité et de transport actifs est de 20,4 milliards de dollars, ce qui représente plus de 41% des investissements totaux du projet dans le pays», peut-on relever du rapport. Et de préciser que «le gouvernement marocain investit actuellement dans des projets d’énergie renouvelable en tant que source importante de développement durable. L’un des projets notables est la centrale solaire du Maroc». Ce projet d’envergure, prévoyant des installations dans cinq zones différentes, s’articule en effet autour d’un montant global de 9 milliards de dollars. Par ailleurs, les constructions relevant des secteurs de l’industrie et du pétrole et gaz représentent des valeurs respectives de 11,1 milliards de dollars et 4,5 milliards de dollars.

Tanger, Casablanca et Rabat en lice

Dans son étude, BNC Network souligne que les grandes villes du Maroc sont les plus développées d’Afrique du Nord. Dans son analyse régionale, BNC Network a établi un focus sur trois grands marchés. Il s’agit en effet de Tanger, Casablanca et Rabat. La ville du détroit se place en première position avec des investissements d’environ 14,2 millions de dollars couvrant ainsi 28% de tous les projets en construction au Maroc. La capitale économique occupe, quant à elle, la deuxième place. Ainsi 60 projets sont en cours de constructions au niveau de Casablanca totalisant une enveloppe globale de 10,4 milliards de dollars. La valeur totale estimée des investissements du projet à Rabat est d’environ 9,4 milliards de dollars représentant à peu près 18% de tous les investissements actifs dans le pays.

Les ECO

UPM : FIN DE PARCOURS POUR SIJILMASSI

FathallahSijilmassi, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM) depuis 2012, achève son mandat ce mois de mars 2018.

« Mon mandat en tant que secrétaire général de l’UpM arrive à son terme aujourd’hui. Cela a été un véritable honneur et privilège de contribuer au développement des activités de l’UpM dans cette phase cruciale de l’évolution de la région. Plus que jamais, je demeure convaincu que l’intégration régionale est une priorité stratégique en Méditerranée», a déclaré l’ancien ambassadeur du Maroc à Paris.

Cette pièce de l’échiquier diplomatique marocain a joué un rôle très important sur la scène euro-méditerranéenne et internationale en faveur de l’émergence d’un espace euro-méditerranéen de stabilité et de prospérité partagée.

Il a été derrière plusieurs réalisations comme le grand projet d’usine de dessalement à Gaza, les nombreuses actions pour stimuler l’employabilité des jeunes en Méditerranée ou encore la création de l’Université euro-méditerranéenne de Fès. Ses réalisations l’ont reconduit à la tête de l’UpM en 2014 pour un second et dernier mandat par les pays membres de l’Union.

Ayant exercé au sein de la Banque Commerciale du Maroc (1989 à 1992) qu’il a représentée à Milan, il change de cap pour une carrière diplomatique. Avant de rejoindre l’UpM, FathallahSijilmassi est passé par plusieurs fonctions (Ambassadeur du Maroc en France en 2004 ; Ambassadeur, Chef de la Mission du Maroc auprès des Communautés Européennes et d’Ambassadeur du Maroc chargé du Processus de Barcelone, ainsi que du dialogue Méditerranéen de l’OTAN ;  Directeur de la Coopération Multilatérale (1999-2000) au sein du ministère des Affaires étrangères ; directeur des Affaires Européennes (2001-2003) ; Directeur des Relations Commerciales Internationales au ministère du Commerce Extérieur (1994 à 1999).

Sijilmassi a été en charge des négociations de l’accord d’Association avec l’Union européenne, ainsi que des négociations commerciales avec plusieurs partenaires bilatéraux, régionaux et multilatéraux du Maroc.

L’ORDRE DES AVOCATS REFUSE DE PARTAGER LES PRÉROGATIVES

Les instances professionnelles se tournent vers leurs propres membres qui «louent leurs en-têtes» aux agences de recouvrement. Des actions judiciaires en vue…

La guerre du recouvrement est ouverte entre les avocats et les sociétés spécialisées. Ces dernières étant accusées d’accomplir des procédures faisant partie du «monopole» légal des robes noires. Et si la note publiée par le barreau de Rabat (Cf. Les Inspirations ÉCO du 20 février) indiquait seulement aux «membres de la profession» à agir pour «débusquer ces entités et d’en livrer les coordonnées aux instances professionnelles, pour qu’elles agissent auprès des autorités», le bâtonnier de Casablanca n’a pas hésité à viser ses propres collègues, dont certains «loueraient leurs en-têtes ou signes des documents à blanc pour les sociétés de recouvrement». Une pratique «anti-déontologique» et qui les expose à des «sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’à la radiation». De ces pratiques résulte souvent un harcèlement «illégal» du débiteur. Cela peut se matérialiser de différentes manières, comme par exemple des appels téléphoniques répétitifs (parfois tardifs, se poursuivant même le week-end), le fait d’informer l’entourage du débiteur de l’existence de ses dettes, l’usage d’un ton menaçant, l’envoi de courriers comprenant des en-têtes suscitant la crainte, le fait de menacer d’envoyer des huissiers au domicile du débiteur pour saisir les biens, alors que cette menace est purement gratuite et n’a aucune raison d’être, car un huissier ne peut opérer une saisie en l’absence d’un titre exécutoire délivré par un juge… L’Ordre des avocats prévoit toutes sortes de poursuites. Sur le plan civil, tout d’abord, car les abus des sociétés de recouvrement sont de nature à entraîner l’engagement de leur responsabilité civile délictuelle ou quasi délictuelle, dès lors qu’une faute de leur part aura occasionné un préjudice chez le débiteur.

Sur le plan pénal, certains comportements abusifs des sociétés de recouvrement sont susceptibles de revêtir de multiples qualifications pénales. L’infraction d’abus de confiance tout d’abord lorsque, par exemple, la société conserve le montant des créances recouvrées ou encore lorsqu’elle facture des frais au débiteur. Il est également possible d’envisager le délit d’usurpation d’identité, c’est-à-dire le fait pour toute personne «d’exercer une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ou d’une activité réservée aux officiers publics ou ministériels», mais aussi «d’user de documents ou d’écrits présentant, avec des actes judiciaires ou extrajudiciaires ou avec des actes administratifs, une ressemblance de nature à provoquer une méprise dans l’esprit du public». Cette poursuite pourrait être envisagée dès lors qu’une société de recouvrement qui, rappelons-le, ne peut agir que sur le terrain amiable, userait de lettres de relance qui ressembleraient à des actes d’huissiers de justice (sommation ou commandement de payer).

Enfin, dans l’hypothèse où les sociétés de recouvrement feraient preuve d’un comportement trop agressif, elles seront susceptibles d’être poursuivies pour abus de faiblesse, voire de violence.Et si la réalité du marché pousse les créanciers à s’orienter vers les sociétés de recouvrement, vu le mode de tarification «au résultat», les robes noires opposent la responsabilité professionnelle. Les outils mis en œuvre par un avocat sont les mêmes que ceux du créancier en personne ou d’une agence spécialisée : téléphone, courrier simple (postal, mail…), discussion face-à-face, courrier recommandé… «Leur potentiel d’efficacité est cependant accru par le statut de l’avocat, et notamment par ses obligations légales de confidentialité, encadrées par le secret professionnel», explique un membre du barreau de Casablanca. Et d’ajouter : «Normalement, un débiteur se sent généralement plus en confiance avec un membre du barreau qu’avec tout autre interlocuteur. Cette aura spécifique est d’ailleurs l’un des motifs pour lesquels une société de recouvrement pourra proposer à un client de mandater un avocat en cas de blocage». Dans un contexte de situation financière particulièrement délicate, les échanges entre débiteur et avocat, sous le sceau du secret, permettront en effet bien souvent de convenir de modalités de règlement (échéancier ou autres) acceptables par les deux parties, sans pour autant mettre en péril la pérennité.

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Centrale des risques &Credit Bureau : vers une nouvelle évolution de la réglementation

Credit Bureau et centrales des risques sont des maillons essentiels pour une infrastructure financière moderne.

La réglementation du Credit Bureau va être étendue aux régies, opérateurs télécoms…

Une infrastructure financière moderne et solide contribue sensiblement à l’amélioration du financement des particuliers et des entreprises. Les systèmes de centrales des risques et les bureaux de crédit privés sont essentiels pour la stabilité financière et la maîtrise des risques, par le biais notamment d’une meilleure compréhension des attitudes financières des emprunteurs et leurs capacités de remboursement.

Au niveau de la région MENA, l’une des principales raisons de la frilosité des banques pour l’octroi des crédits a trait au paramètre du risque. En effet, les banques et les établissements de crédit disposent de très peu d’informations sur les entreprises.

«Deux tiers des 23 millions de PME que compte la région ont des difficultés pour accéder au financement, alors qu’elles contribuent à hauteur de 90% à l’activité économique», rappelle Xavier Reille, responsable Maghreb de la Société financière internationale (SFI), lors du séminaire international portant sur l’utilisation des centrales des risques pour les fonctions institutionnelles des Banques centrales, organisé récemment à Rabat.

Cette rencontre internationale, rehaussée par la présence de plusieurs superviseurs issus d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie, était à la fois l’occasion d’échanger sur les meilleures pratiques dans le domaine de l’exploitation des centrales des risques par les Banques centrales et la vitrine pour la mise en exergue des multiples efforts déployés par le Royaume en matière de crédit reporting destiné à l’industrie du crédit.

Soulignons que six régulateurs ont exposé leur savoir-faire en matière d’utilisation des centrales des risques, en rapport avec leurs objectifs fondamentaux (régulation micro et macroprudentielle, contrôle systémique des risques, renforcement de la supervision hors site, etc.).

Les périodes charnières

Lors de son allocution, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Magrhib, a décrit le cheminement et les multiples pas posés sur le chemin de la modernisation de l’infrastructure financière du Maroc. «En 2009, avec l’appui de la SFI, le Maroc a pu mettre en place le premier Credit Bureau, devenu un outil de décision incontournable pour l’octroi des crédits», rappelle-t-il en substance.

Et d’ajouter : «L’ouverture du marché à la concurrence, avec l’agrément en 2016 d’un deuxième bureau de crédit, a permis l’amélioration des services rendus aux consommateurs et aux établissements de crédit».

Du côté de la SFI, l’on vante le leadership du Maroc en matière d’amélioration de la qualité de l’infrastructure financière.

«Pour ce qui est de l’accès au crédit, le Maroc a obtenu un score de 7/8 dans le Doing Business», assure Reille, qui estime que le Royaume est sur la bonne voie pour décrocher la note maximale de 8/8.

Cela dit, l’ambassadeur du Japon au Maroc, qui se réjouit de la densité de la coopération avec le Royaume et de l’affermissement des relations économiques, comme en témoigne l’installation de 60 sociétés japonaises dans le pays, a mis l’accent sur la corrélation entre le développement économique et la modernisation de l’infrastructure financière. D’où l’engagement et l’aide de son pays pour les réformes nationales en la matière.

D’ailleurs, notons que BAM et le ministère de l’Economie et des Finances se penchent actuellement sur l’évolution de la réglementation du Credit Bureau afin de l’étendre aux autres sociétés pourvoyeuses de données non financières (régies, opérateurs télécoms, etc.). A en croire le gouverneur de BAM, une telle évolution est de nature à faciliter l’accès au crédit pour les personnes non bancarisées. ■

Surfer sur la vague des nouvelles technologies

A l’échelle régionale, la création de richesse et d’emplois passe inéluctablement par les PME. Selon Xavier Reille, celles-ci ne bénéficient que de 8% de l’encours des prêts octroyés par les banques de la région MENA. D’où le caractère crucial des enjeux liés à l’utilisation optimale des centrales des risques (de la part des superviseurs) et le rôle des bureaux de crédit pour un accès au crédit plus aisé. Dans le même d’ordre d’idées, Jouahri reste convaincu que le salut viendra également de l’exploration des nouvelles technologies : «il existe des opportunités inestimables que peuvent offrir les TIC en termes d’échange, de collecte et de stockage de données». Ceci dit, dans ce nouveau contexte, les défis à relever renvoient à la protection des données personnelles et aux périls de la cybercriminalité.

telquel.ma

Agriculture: des millions pour booster les petites exploitations

L’Etat met la main à la poche pour inciter les exploitations agricoles à se moderniser. Jusqu’à 21 millions de dirhams d’aides pour le conditionnement des agrumes.

Les ministères de l’Agriculture, de l’Economie et de l’Intérieur ont pris une décision le 15 décembre, publiée le 22 février au Bulletin officiel, qui permettra d’attribuer des aides financières aux exploitations agricoles pour leur extension et leur modernisation, ainsi que la construction de nouvelles unités de valorisation. Ces « coups de pouce » se chiffrent en dizaine de millions de dirhams.

La filière végétale choyée

Pour la filière végétale et ses dérivés, ce sont les unités de conditionnement des agrumes qui bénéficient des aides les plus importantes. En effet, l’Etat promet d’apporter 30% du montant total de l’investissement, dans la limite d’un plafond fixé à 21 millions de dirhams, et ce à condition que l’unité puisse atteindre une productivité de 10.000 tonnes par an.

Pour les unités qui réalisent une production variant entre 5.000 et 10.000 tonnes par an, l’aide sera plafonnée à un plafond à 14 millions de dirhams.

L’Etat prévoit aussi de financer 30% du montant total de l’investissement réalisé pour les unités de conditionnement des légumes et des plantations fruitières, avec un seuil de 15 millions de dirhams, au profit des unités qui atteignent 10.000 tonnes par an de productivité.

Le conditionnement des semences, le stockage des céréales, le conditionnement des dattes, la trituration des olives, le conditionnement et la mise en bouteille de l’huile d’olive pourront aussi bénéficier d’aides.

La filière animale pas en reste

La filière animale est également concernée par les aides de l’Etat. Pour la construction et l’équipement des abattoirs industriels disposant d’une salle de découpage des viandes rouges ou avicoles, l’Etat s’engage à apporter 30% du montant total de l’investissement ou au plus, un plafond de 18 millions de dirhams.

Les autorités précisent que les fonds ne seront versés qu’après la réalisation effective de la construction et d’équipement des unités. De plus, il est possible pour les unités ayant déjà bénéficié de cette mesure de déposer une nouvelle demande à condition qu’elle intervienne au moins 10 ans après le dernier versement et que le plafond fixé ne soit pas encore intégralement perçu.

Malgré les efforts, la formation professionnelle ne prend pas au Maroc

En plus des efforts de l’OFPPT, des initiatives privées tentent de reformer le secteur de la formation professionnelle qui bat sévèrement de l’aile.

Former des techniciens spécialisés compétents n’est pas chose aisée. Les insérer professionnellement encore moins. 24,5% des lauréats de la formation professionnelle sont au chômage, contre 16% pour les lauréats de l’enseignement général.

Pourtant, entre 2016 et 2017, 86.000 postes ont été créés, selon les chiffres du Haut-commissariat au Plan, présentés le 27 février lors d’une rencontre organisée par l’Institut européen de coopération et de développement(IECD) au siège de la CGEM.

Paradoxalement, les entreprises peinent à recruter des profils répondant à leurs besoins en compétences. Partant de ce constat, l’IECED  a déployé en 2007, le programme Graines d’Espérance.

D’abord lancé au Liban afin de renforcer la formation et l’insertion professionnelle des jeunes, il a depuis été mis en place en 2013 au Nigeria et en Egypte, puis en 2014 au Maroc et en Côte d’Ivoire, et finalement au Vietnam en 2016.

Dans son sillage, un établissement de formation a vu le jour à Mkanssa. Chapeauté par l’IECD en partenariat avec l’ONG l’Heure Joyeuse, le centre propose depuis la rentrée 2014/2015, à 62 élèves de 15 à 30 ans, une formation par apprentissage d’un an dont 80% du temps est effectué en entreprise. « Et ça marche. Le décloisonnement des entreprises et du monde de la formation fonctionne très bien. Les taux d’insertion du programme Graine d’Espérance au Liban et en Egypte sont respectivement de 97% et 88%, un an après la fin de leur cursus« , affirmait Jean-Louis Barthélemy, directeur du pôle formation et insertion professionnelle à l’IECD lors d’un point de presse tenu le 27 février. « Au Maroc, 6 mois après la fin de la formation, 80% des jeunes étaient insérés. 50% d’entre eux étaient restés dans leurs entreprises d’apprentissage« , continue-t-il.

L’institut projette d’ailleurs de créer une nouvelle école à Nouaceur avant la fin de l’année, les locaux seront eux fournis par l’INDH. « Il n’y avait pas de centre de formation à 20 km à la ronde. Le fait d’en avoir un améliorera l’écosystème de toute la ville », déclare Jean-Louis Barthélemy.

Cadre législatif à réviser

A l’occasion de ses 30 ans, l’IECD a invité ses partenaires, dont l’agence française de développement (AFD), la fondation Schneider Electric, la Fondation Nexans ainsi que les acteurs du domaine. L’évènement, tenu au siège de la CGEM, avait pour objectif d’échanger sur le rôle de la formation professionnelle et plus particulièrement sur le rôle des entreprises.

Il en ressort que de nombreuses initiatives pilotes sont lancées au Maroc pour décloisonner le monde de l’entreprise et celui de la formation. Que ce soit les centres à gestion déléguée ou les instituts de l’industrie automobile (IFMIA), aéronautique (IMA) et industries renouvelables (IFMEREE).

La branche BTP de la CGEM a elle aussi lancé un institut de formation à la conduite d’engins techniques. Le patronat met également en place un observatoire des branches, financé en partie par la taxe d’apprentissage sur la formation professionnelle. Son but est de mener des études sectorielles au profit des fédérations et des associations régionales.

Sur les mécanismes structurels à améliorer pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, les intervenants ont notamment souligné la nécessité de réviser le cadre légal de la formation professionnelle, de l’apprentissage, l’alternance ainsi que celui de la formation continue.

L’évènement a réuni des professionnels et des experts du monde de la formation professionnelle, représentant les entreprises, la fonction publique, des experts, la société civile et des représentants d’institutions internationales. Eric Baulard, directeur de l’agence française de développement Maroc ou encore TaoufikCherradi, vice-président de la Commission Formation professionnelle à la CGEM étaient notamment présents.