L'economiste

Développement des provinces du Sud : 21 milliards déjà engagés

21 milliards de DH, c’est le total des fonds engagés à fin mars dans le cadre du Programme de développement de provinces du Sud (2015-2021). C’est ce qu’a fait savoir le chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani devant les députés. Le taux d’avancement des projets a atteint 48%, a précisé le chef du gouvernement, assurant qu’il devrait atteindre les 70% à fin 2018. Sur les grands projets, El Othmani a affirmé que les chantiers des ports de pêche de Lamhiriz et du port Dakhla atlantique devront débuter vers la fin de l’année en cours.

 

Agriculture : Gros prêt de la BAD pour le Maroc

Le Conseil d’administration du Groupe la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un prêt de 200 millions d’euros pour financer le Programme d’appui au développement inclusif et durable des filières agricoles (PADIDFA), indique un communiqué de la banque. Un prêt qui vise notamment d’appuyer la création d’emplois en zones rurales par le développement inclusif de chaînes de valeur agricoles.

Ce projet constitue une contribution importante dans la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, selon Leila Farah Mokaddem , responsable-pays de la Banque au Maroc. Il va permettre donc de passer d’une logique de production à celle de transformation avec une plus grande valeur ajoutée. Concrètement, ce projet va permettre de porter le niveau des exportations agricoles à 45 milliards de dirhams d’ici 2030 et d’économiser 990 millions m3d’eau, ajoute Mokaddem.

Eau : Un programme d’urgence pour faire face à la pénurie

Alors que la pénurie d’eau avait touché plusieurs provinces l’été dernier, le gouvernement est déjà mobilisé pour trouver des solutions cette année. D’après la secrétaire d’État chargée de l’Eau, CharafatAfilal, le gouvernement « œuvre pour l’élaboration d’un programme d’urgence pour traiter les causes de perturbation et réduire la vulnérabilité spatiale » liée à l’eau.

Afilal répondait aux questions des députés du PAM sur la pénurie de la ressource certaines régions. Ainsi, elle a fait savoir qu’une commission ministérielle chargée de l’eau et ses comités techniques travaillent sur un programme d’urgence et un autre programme visant à accélérer les investissements dans ce secteur afin de présenter des solutions structurelles pour assurer l’approvisionnement en eau.

Chute de l’investissement des collectivités territoriales

  • A peine 2% du budget dédié consommé au 1er trimestre
  • Les charges du personnel engloutissent 66,1% des dépenses de fonctionnement

Les collectivités territoriales ont les budgets mais investissent peu: 547 millions de DH à fin mars 2018 contre 701 millions une année auparavant. Le taux de réalisation des dépenses d’investissement n’a pas dépassé 2% du budget de 25,6 milliards de DH prévu.

Faut-il mettre cette situation sur le manque de projets, d’ingénierie et de profils? Pourtant, les besoins sont importants! Cette baisse de 22%  s’explique principalement par la diminution des émissions au titre des projets intégrés (-32%) qui englobent, entre autres, la construction de gares routières, les  travaux d’aménagement, de construction ainsi que  des programmes nationaux (électrification rurale globale, eau potable des populations rurales et routes rurales).

L’investissement dans les travaux neufs et grosses réparations n’a pas dépassé 182 millions de DH, soit à peine 2% du budget prévu qui s’élève à 7,5 milliards de DH. Il faut certainement attendre les prochains mois pour voir si cette tendance va se poursuivre.

Ce premier trimestre est également marqué par le repli de 1% des charges du personnel, mais sans effet sur la structure des dépenses puisqu’elles constituent toujours le poste le plus important: les salaires représentent 66,1% des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales et absorbent l’équivalent de 59,2% de leur part dans le produit de la TVA.

Les dépenses globales des collectivités territoriales se sont établies à 5 milliards de DH au premier trimestre, en augmentation de 3,3% par rapport à mars 2017. Elles affichent ainsi des excédents qui cachent en réalité l’incapacité à réaliser les projets:  3,8 milliards de DH sont dégagés et les fonds disponibles ont atteint 35,5 milliards de DH dont 27,3 milliards sont des excédents des exercices antérieurs constitués pour l’essentiel de reports de crédits.

Les recettes des collectivités territoriales se sont établies à 8,3 milliards de DH, en augmentation de 8% par rapport à fin mars 2017. Elles sont marquées par une hausse de 17,1% des recettes transférées sous l’effet de l’augmentation à 4% des parts dans le produit de l’IS et de l’IR affectées aux régions ainsi que l’accroissement de  40,3% des subventions.

Dans la liste des recettes, les  ressources gérées par l’Etat pour le compte des collectivités territoriales (taxe professionnelle, taxe d’habitation et taxe de services communaux)  ont chuté de 40%. Celles qui relèvent directement des collectivités territoriales ont reculé de 5,2%. Les impôts locaux se caractérisent par la faiblesse de leur rendement.

La Direction des collectivités locales estime qu’ils sont difficiles à appliquer, à recouvrer et  contrôler.  Elle cherche donc à tout revoir. L’idée est de s’appuyer sur la Direction générale des impôts et la Trésorerie générale du Royaume qui pourraient gérer respectivement les impôts sur l’activité et ceux liés au foncier.

Les contrôles des taxes locales pourraient être assurés par les inspecteurs des Impôts s’alignant ainsi avec les recommandations de la Cour des comptes. Celle-ci avait conseillé «la prise en charge par la DGI de la gestion intégrale des taxes locales autres que les redevances et les taxes liées à des autorisations délivrées par les communes.

La DGI est appelée à être impliquée dans le processus fiscal local, notamment à travers le partage fiscal prévu en faveur de la région et la nécessité de renforcer la responsabilisation des intervenants dans ce processus». Des discussions entre le ministère de l’Intérieur et celui des Finances sont en cours, mais pour l’instant aucune décision n’est prise.

aujourd'hui

ADNOC-OCP : Deux géants mondiaux se disent oui

ADNOC et OCP annoncent un méga-deal. En effet, Abu Dhabi National OilCompany (ADNOC) et le Groupe OCP ont décidé d’étudier la création d’une joint-venture (JV) de production d’engrais de classe mondiale accélérant ainsi l’exécution de leur stratégie de croissance respective. «Ce projet vient renforcer le partenariat, annoncé en décembre 2017, relatif à la conclusion d’un important accord à long terme de fourniture de soufre. OCP et ADNOC veilleront au développement des compétences et à la formation des ressources humaines nécessaires à la réussite de leur partenariat», apprend-on des deux entités. «La future entreprise mondiale de production d’engrais bénéficiera des avantages compétitifs des deux groupes, notamment les ressources en soufre, les expertises ammoniac-gaz et logistique maritime d’ADNOC ainsi que l’accès d’OCP aux plus importantes ressources mondiales de phosphate, son savoir-faire centenaire dans l’industrie des engrais et l’importance de son réseau commercial. La JV devrait comprendre deux hubs de production, l’un à Ruwais (EAU) et l’autre à JorfLasfar (Maroc) – incluant de nouvelles capacités de production et d’autres existantes – ce qui lui assurera un accès privilégié aux marchés mondiaux», précise la même source expliquant que ce partenariat intervient concomitamment à l’annonce d’ADNOC d’augmentation de ses capacités de production de soufre – actuellement de l’ordre de 7 millions de tonnes- de plus de 50% à mesure que la compagnie accroît ses capacités de valorisation et de traitement de ses ressources gazières.

Côté OCP, le partenariat s’inscrit dans le contexte du programme d’expansion à grande échelle lancé par le Groupe OCP pour la période 2008-2028, visant à répondre à la croissance de la demande mondiale en engrais. La première phase de ce programme, achevée cette année, a porté sur la capacité de production d’engrais du groupe à 12 millions de tonnes et sa capacité d’exportation de phosphate brut à plus de 18 millions de tonnes. Dr. Sultan Ahmed Al Jaber, ministre d’Etat des Emirats Arabes Unis et directeur général d’ADNOC, a déclaré : «Le partenariat avec le Groupe OCP illustre l’intention d’ADNOC de maximiser la valeur de l’ensemble de nos ressources à mesure que nous menons notre stratégie de diversification aval, qui vise à élargir notre gamme de produits finis et nos revenus. Cet accord s’inscrit dans le cadre de notre nouveau modèle de partenariat annoncé l’an dernier, visant à ouvrir notre chaîne de valeur à des partenaires de long terme, fiables et à forte valeur ajoutée, qui viendront complémenter nos expertises et nos ressources et améliorer notre accès au marché. Par ailleurs, cet accord est en ligne avec la volonté de nos dirigeants de développer davantage les relations privilégiées entre les Emirats Arabes Unis et le Royaume du Maroc, qui constitueront une base solide pour notre projet de création d’un nouveau champion mondial dans l’industrie des engrais». Pour Mostafa Terrab, président-directeur général du Groupe OCP, «cette alliance entre nos deux groupes met en synergie les plus grandes réserves mondiales de phosphate avec les plus grandes capacités de production en soufre au monde, ainsi que les expertises y afférentes. A travers ce partenariat de type nouveau dans le secteur, nous disposerons d’actifs industriels intégrés de classe mondiale et complémentaires géographiquement. Ce partenariat, rentrant dans le cadre de notre stratégie de développement, renforcera davantage notre capacité à servir la croissance de la demande mondiale en engrais.»

L’accord a été annoncé en marge du DownstreamInvestment Forum d’ADNOC, tenu à Abu Dhabi les 13 et 14 mai 2018.

Un géant émirati

ADNOC est considérée comme la principale compagnie pétrolière nationale des Émirats Arabes Unis, dotée des quatrièmes réserves pétrolières mondiales. La compagnie figure aussi dans la liste des entreprises les plus avancées sur les techniques d’analyse sismique et d’optimisation des taux de récupération de ses gisements tant dans l’onshore que dans l’offshore. Elle développe, en outre, des champs pour l’export de GNL et assurer une production locale d’électricité.

Elle est notamment propriétaire de la raffinerie de Ruwais and Umm Al Nar. Dotée de onze filiales spécialisées, l’ADNOC est une entreprise intégrée couvrant au total l’ensemble des aspects les plus amonts de l’industrie pétrolière jusqu’à la distribution des produits pétroliers. Parmi ses filiales, on compte notamment Abu Dhabi Gas (ADGAS), spécialisée dans le traitement, commercialisation et distribution de GPL & GNL, Abu Dhabi Company for OnshoreOil Exploration ADCO actif dans le domaine de l’exploration et Production pétrolière onshore.

Les ECO

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

CE QUE PROPOSE L’OCDE

Le rapport multidimensionnel de l’OCDE présente plusieurs recommandations importantes. Celles qui concernent la compétitivité, les ressources humaines, le marché du travail et les politiques publiques offrent une série de mesures dédiées à renforcer le développement économique du Maroc.

Présenté lundi après-midi en présence du chef du gouvernement, le rapport multidimensionnel de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) regorge d’analyses, de critiques et de recommandations. Pour une nouvelle étape du développement du Maroc, pensent les experts en développement de l’OCDE, une vue d’ensemble a permis à ces derniers de préconiser des recommandations à même de renforcer la compétitivité de l’économie nationale, agir positivement sur ses ressources humaines, résoudre l’inadéquation entre l’offre de formation et la demande et rendre les politiques publiques plus cohérentes.

Compétitivité : l’innovation est la solution !

Comment renforcer la compétitivité de l’économie marocaine ?

Tout un pan du rapport de l’OCDE y est consacré. On y découvre une sélection de quatre secteurs d’activité, dont «l’intégration dans le tissu économique marocain et la capacité à porter l’ensemble de l’économie nationale demeurent limitées». Les quatre secteurs que sont l’automobile, l’électrique/électronique, l’agro-alimentaire et l’emballage/conditionnement sont «confrontés à de multiples contraintes qui les affectent à des degrés divers et minent la compétitivité de l’économie». Par souci d’efficacité, le rapport choisit de faire la lumière sur des contraintes liées fortement à la compétitivité hors-prix. Des éléments tels que l’impact du taux de change, la fiscalité, les rentes, le coût des facteurs travail et capital, le coût de l’énergie, etc, ont été ainsi écartés. Que préconise donc l’OCDE ?   «Soutenir l’innovation dans le cas du Maroc permettra d’accroître sa compétitivité, ses exportations et l’investissement. Ceci est indispensable pour assurer que les firmes et secteurs les plus performants puissent rester proches de la frontière technologique, mais aussi accroître la productivité et la compétitivité des firmes et secteurs plus en retrait. Le soutien à l’innovation apparaît d’autant plus important que des sources de compétitivité-prix traditionnelles, comme les coûts salariaux, se réduisent», lit-on sur le rapport.

Les ressources humaines, une des clés de la réussite 

On pouvait s’attendre à une recommandation en lien avec les ressources humaines, ces dernières sont considérées, ces dernières temps, comme le parent pauvre des politiques de développement. Pour le Maroc, l’attention doit être orientée vers plus de productivité des ressources financières investies dans le secteur de l’éducation, disent les experts de l’OCDE. Comment ? En optimisant la gestion des ressources humaines, ce qui permettrait de renforcer l’efficacité des dépenses engagées dans ce secteur. Cela passe par une série de mesures que le rapport égrène de manière détaillée : assurer une meilleure planification pluriannuelle des besoins en ressources humaines, réviser le cadre général d’incitations pour soutenir l’attractivité de la profession d’enseignant, développer et mettre en place un système d’information intégré et cohérent, réformer la politique d’affectation géographique en vigueur en mettant en place des primes de mobilité géographique et enfin accroître éventuellement le nombre moyen d’élèves par classe.

Marché de l’emploi, comment résoudre le casse-tête ?

C’est un des enjeux majeurs de la politique de l’emploi au Maroc. Pour trouver un équilibre entre l’offre et la demande dans le royaume, où selon les statistiques 2014 du HCP, 70% de la population justifie d’un niveau d’études inférieur ou égal à l’enseignement primaire, une mise en place de réformes de la formation universitaire est nécessaire. Quatre points essentiels résument ce point névralgique. En effet, en développant les licences professionnelles, en créant plus de masters spécialisés, en multipliant les passerelles et en renforçant le suivi des diplômes, un alignement avec les besoins du marché du travail pourrait être atteint. Il est également question, selon le rapport, de moderniser le financement de l’enseignement supérieur afin de soutenir les réformes grâce à la pérennité financière. Le même alignement est enfin préconisé en ce qui concerne la formation technique. Une série de mesures, notamment l’instauration de plus de cohérence entre l’enseignement professionnel et l’enseignement général, peut aider à le réaliser.

Politique publiques, agir sur le cycle de vie !

L’action des politiques publiques manque d’efficacité. C’est en tout ce qui ressort du rapport de l’OCDE. Pour y remédier, l’Organisation recommande en premier lieu de «s’assurer que la vision du développement du Maroc soit déclinée en objectifs prioritaires clairs et partagés». Pour cela, «L’adoption d’un document d’orientation de politique générale à long terme ou d’une série d’objectifs prioritaires bien établis et partagés permettrait de répondre à cet objectif». En termes de méthodologie, les stratégies sectorielles doivent êtres soumises à des critères stricts. Ainsi, il est primordial que toutes les stratégies disposent d’une vision, soient budgétisées, programmées et dotées de cahiers des charges organisationnels. D’un point de vue global, l’OCDE prône plus de coordination des politiques publiques qui doivent être munies d’un mécanisme d’évaluation.

Challenge

Un autre capital risqueur marocain s’en va

En effet, après le départ du géant Abraaj, la reconversion de CFG Capital qui a abandonné toute activité classique de privateequity et la mise au ban de Capital Invest (ex-filiale de BMCE Bank of Africa) par ses bailleurs de fonds qui lui ont retiré le mandat de gestion de son seul fonds d’investissement actif (à savoir CNAV II), c’est au tour de ViverisIstithmar de mettre la clef sous le paillasson.

En effet, cette filiale à 55% du capital risqueur français Viveris Management (lui-même émanation conjointe des groupes français Caisse d’épargne et Caisse des dépôts et consignation) vient de clôturer sa liquidation près de dix ans après sa création en partenariat avec un institutionnel local (qui en détenait les 45% restant). Il faut dire que l’aventure d’Altermed Maghreb, le fonds d’investissement doté d’un capital de 25 millions d’euros (près de 280 millions de DH) dont ViverisIstithmar avait pour mission de piloter les opérations au Maroc avait rapidement tourné court. À la fin de sa période d’investissement en 2012, ce véhicule qui comptait plusieurs investisseurs institutionnels de renom dans son tour de table tels la Banque européenne d’investissement, la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale) et BMCI (côté marocain), n’avait finalement opéré que deux investissements (peu profitables du reste) pour un total inférieur à 50 millions de DH… soit bien loin des quinzaines de prise de participations présentées dans le mémorandum d’investissement ayant permis d’intéresser les investisseurs potentiels.

Au final, le bilan de ViverisIstithmar est des plus médiocres aussi bien pour les deux fondateurs qui y laissent des plumes, mais aussi leur crédibilité auprès des investisseurs qui leur ont confié leurs deniers et qui s’en sortent avec un TRI (Taux de Rendement Interne) négatif, ou encore pour le tissu des PME marocaines qui devaient bénéficier des concours et soutien d’Altermed Maghreb.

LA VIE ECO

Délais de paiement : une loi non encore appliquée et déjà désuète

Trois textes portant respectivement sur les délais de paiement dérogatoires temporaires pour des secteurs en proie à des difficultés conjoncturelles, les délais dérogatoires définitifs pour les activités saisonnières et le taux des pénalités de retard ne sont toujours pas publiés. Le patronat dit n’avoir aucune visibilité sur le contenu des textes et leur date de publication. Le gouvernement compte introduire de nouveaux amendements.

La difficulté à se faire payer à temps n’est pas près de s’estomper. La loi 49-15 sur les délais de paiement, publiée au Bulletin officiel n°6501 du 19 septembre 2016, n’est toujours pas applicable. Et pour cause, plusieurs dispositions importantes ont été conditionnées à la publication d’arrêtés et de décrets qui devaient voir le jour avant le 31 décembre 2017. Environ deux ans après la promulgation de la loi, ces textes ne sont toujours pas publiés. Pour rappel, cette loi est venue amender l’ancienne réglementation des délais de paiement – la loi 32-10- alors inapplicable. «Nous avons commencé les négociations avec l’Exécutif en 2017, mais à ce jour nous n’avons aucune visibilité ni sur la rédaction des textes d’application ni sur leur date de publication», informe un haut responsable à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Il ajoute que ce retard pris dans la promulgation de ces textes rend systématiquement la loi désuète.

Certains textes sont suspendus à la réactivation du Conseil de la concurrence

Le blocage tient à trois décrets et arrêtés qui étaient censés rendre l’arsenal juridique plus adapté aux réalités économiques.

Le premier concerne la possibilité d’appliquer des délais de paiement dérogatoires temporaires, dépassant trois mois pour des secteurs en proie à des difficultés conjoncturelles. Cette dérogation était assortie de plusieurs conditions et devait être actée à travers un accord des fédérations sectorielles. Le délai exceptionnel doit être motivé par des «raisons économiques objectives spécifiques au secteur concerné, notamment sur les délais de paiement enregistrés durant les trois dernières années précédant l’accord», lit-on dans la feuille de présentation de la loi. De plus, les signataires devaient prévoir un échéancier sur la réduction des délais dérogatoires temporaires pour aboutir in fine à leur alignement sur le droit commun (moins de 90 jours). Le décret sur les secteurs concernés par ces délais dérogatoires et leurs modalités devait être adopté après consultation du Conseil de la concurrence. Or, cette institution n’est, à ce jour, pas opérationnelle.

En deuxième lieu, la loi 49-15 prévoit un décret sur la mise en place de délais dérogatoires définitifs pour les activités saisonnières. Là aussi, les accords devaient être conclus par des organisations professionnelles sur la base d’études objectives et d’une analyse des données de paiement relatives à ces secteurs à cycle d’exploitation particulier. Cette disposition était conditionnée également par la consultation du Conseil de la concurrence habilité à approuver la pertinence scientifique des délais arrêtés.

Le troisième texte est un arrêté du ministère de l’économie et des finances fixant le taux des pénalités de retard. Dans l’ancienne loi (32-10), il était de 10%. Le gouvernement souhaite l’aligner sur le niveau des intérêts moratoires qui varie autour de 3,5%. Tandis que le patronat dit vouloir faire adopter un taux autour de 7 à 8% pour l’ensemble des opérateurs. Soit un niveau suffisamment dissuasif et supérieur au taux du découvert bancaire pour que les établissements ne se financent pas sur le dos des opérateurs économiques dont les trésoreries sont déjà au bord de l’asphyxie.

À ce jour, sur ce volet, bien que les discussions aient été houleuses et menées sur plusieurs rounds, aucun terrain d’entente n’a été trouvé. Des sources au ministère de l’économie et des finances confient que le taux qui sera retenu en fin de compte variera dans une fourchette de 4 à 7,5%, question de ménager toutes les sensibilités et les positions des parties prenantes.

Les multinationales  et les grands groupes s’en remettent toujours à la première loi

Cela dit, force est de relever que, de tous ces textes d’application cruciaux pour l’application de la loi, un seul décret – accessoire, faut-il l’admettre – prévu par la loi sur les délais de paiement a été publié au Bulletin officiel (n°6505 du 6 octobre 2016). Il est relatif aux modalités de fonctionnement et la composition de l’Observatoire des délais de paiement. Cet organisme est chargé, à la demande des autorités gouvernementales concernées, de réaliser des analyses et études basées sur des statistiques relatives aux pratiques des entreprises en matière de comportement de paiement. Il peut être également consulté par les autorités sur toutes les questions relatives aux délais et pratiques de paiement inter-entreprises.

Face à ce retard pris dans la promulgation du reste des textes d’application, le gouvernement devra introduire, pour la énième fois, des amendements et verser de nouveau le texte dans le circuit d’adoption. Un travail qui, selon des sources ministérielles, devra encore attendre, étant donné que l’actuelle session législative -qui prendra fin en juillet- est marquée par les discussions de plusieurs textes jugés prioritaires. A leur tête, la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI) et plusieurs autres textes sur le climat des affaires.

En attendant, les opérateurs devront prendre leur mal en patience. Sur le terrain, c’est l’ancienne loi 32-10 qui est toujours en vigueur selon des experts comptables et des juristes d’affaires. Mais à en croire ces derniers, seule une partie infime des entreprises, notamment les multinationales et les grands groupes, y ont recours. Les TPE et PME n’osent pas toujours revendiquer les pénalités de retard à leurs partenaires commerciaux, étant donné l’asymétrie des rapports de force et leur volonté à entretenir de bons rapports commerciaux.

telquel.ma

Les réactions de la Bourse de Casablanca au boycott d’Afriquia, de Sidi Ali et de Centrale Danone

Après 10 jours de boycott visant les stations service Afriquia, les produits des Eaux minérales Oulmès et ceux de Centrale Danone, Telquel.ma analyse les cours des l’actions de ces trois sociétés côtées à la Bourse de Casablanca.

Le 30 avril, 10 jours après un appel au boycott des marques Afriquia, Les Eaux minérales d’Oulmès et Centrale Danone, le marché boursier a sanctionné les cours de Centrale Danone et d’Afriquia Gaz. A la Bourse de Casablanca, leurs actions ont perdu près de 6% chacune, les plaçant en tête des valeurs ayant connu les plus forte baisse.

Les actions des Eaux minérales d’Oulmès, quant à elles, avaient perdu 5% de leur valeur au premier jour du boycott, avant de les reprendre 4 jours plus tard, sans qu’il soit possible d’établir un lien avec la campagne entamée le 20 avril.

Afriquia Gaz, une chute entamée au mois d’avril

Afriquia Gaz, détenue à 68 % par Afriquia SMDC et AKWA Holding, est en bourse depuis mai 1999. Historiquement, la valeur, qui a une capitalisation de 11 milliards de dirhams, a toujours affiché une tendance de fond haussière, et a toujours sur-performé l’indice MASI. La libération des prix du carburant en 2015, et ses résultats annuels successifs expliquent cette hausse. En 2017, le résultat net de la société a en effet progressé de 19,5% par rapport à 2016, affichant 550 millions de dirhams.

Au cours des trois derniers mois, cependant, la société a perdu de sa liquidité. Portés par les résultats de l’entreprise, le cours Afriquia Gaz a néanmoins continué à surfer sur un trend haussier durant le mois de mars. Depuis le 19 avril, la valeur a tout de même connu une correction à la baisse en perdant 2,22% ou 75 dirhams pour clôturer la séance à 3 300 dirhams dans un volume d’activités de 1 532 actions.

Des analystes avaient expliqué cette baisse par le fait que les investisseurs avaient anticipé ces résultats positifs et que donc, après leur publication, le volume d’échange était revenu à la normale. Afriquia Gaz n’avait pas connu de mouvement particulier depuis ce 19 avril, et son cours avait d’ailleurs peu évolué durant les premiers jours du boycott.

La séance du 30 avril, en revanche, a été particulière pour Afriquia Gaz. La valeur a perdu 6% environ pour afficher un cours de clôture de 3 103 dirhams, soit une perte par action de 197 dirhams en une seule séance. Sa performance en bourse depuis le début d’année a ainsi été ramenée à 5,19%. Le volume des transactions reste trop faible pour être significatif, mais des analystes y voient déjà un début de doute sur les réalisations de la société.

Les Eaux minérales d’Oulmes, chute express

A la Bourse, en termes de volume, Les Eaux minérales d’Oulmesfont partie des sociétés qui ne connaissent pas spécialement de volatilité. Aussi, son cours ne varie généralement qu’à l’occasion d’informations capitales la concernant.

C’est ainsi que, lorsque Les Eaux minérales d’Oulmes ont publié au cours du mois de mars des résultats prolifiques pour l’années 2017 – un résultat net de 195 millions de dirhams en hausse de 16% par rapport à fin 2016 -, le cours a grimpé à son sommet record pour l’année, notamment après la décision de distribuer un dividende de 84 DH par action. Cette bulle n’a pas duré. Les prises de bénéfices ont corrigé le cours de l’action qui est redevenu stable jusqu’au début du boycott.  Au premier jour du boycott, le 20 avril, le titre a perdu 5,08%, soit 91 dirhams en une seule séance pour clôturer à 1 700 dirhams. Lors de la séance du 24 avril, l’action reprenait 5,88%. Sa performance en bourse depuis le début d’année à été ramenée à 6,38%.

Chez Centrale-Danone rien ne bouge

Filiale à hauteur de 99,7% du groupe français Gervais-Danone, sa capitalisation boursière actuelle est de 6 milliards de dirhams environ.  La société a affiché un résultat net part du groupe de 115 MDH à fin 2017 en hausse de 94% par rapport à 2016, et ce, grâce à une baisse significative des autres charges d’exploitation.

La valeur n’a pas enregistré de mouvement particulier depuis le début du mouvement de boycott de ses produits jusqu’à la séance du 30 avril ou le cours s’est effrité d’un coup de 5,69% ramenant sa contreperformance depuis début 2018 à -10,76%. Même si le volume traité reste peu significatif, certains analystes estiment que le chiffre d’affaires de la société connait déjà une baisse à deux chiffres suite au boycott.

Changements d’heure pour ramadan, quels impacts ?

Alors que l’Union européenne envisage de supprimer le changement d’heure, le Maroc est repassé à l’heure légale dans la nuit du 12 au 13 mai, pour ensuite revenir à l’heure d’été à la fin du mois de Ramadan. Ces variations peuvent-elles avoir un impact sur notre quotidien ? Tour d’horizon.

En l’espace de 4 mois et demi le Maroc changera trois fois d’heure, soit une fois toutes les six semaines. Passé à heure d’été le dimanche 25 mars, le Maroc est repassé à l’heure légale ce dimanche 13 mai à 3 heures du matin, avant de revenir à l’heure d’été à l’issue du mois de ramadan. Ces nombreux changements, dans un court délais, bouleversent notre quotidien et, cumulés aux habitudes ramadanesques, ont un impact sur notre santé.

Tout commence au travail

Ces changements rapides impactent par exemple un secteur économique, celui de l’offhsoring, comme nous l’explique Saloua Karkri-Belkeziz présidente de la Fédération des nouvelles technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI). « Une heure de décalage c’est supportable, deux heures ça devient difficile. Si les employés du secteur débutent leur journée de travail à 9 heures, il est déjà 11 heures en Europe. Nous sommes obligés d’adapter nos horaires et de faire venir les gens plus tôt, » explique la responsable. Aux changements d’horaires viennent s’ajouter les habitudes du mois de ramadan qui mettent aussi à mal le secteur.  « Durant le ramadan, les Marocains ont pour habitude de veiller. Le lendemain de ces nuits veillées, la productivité n’est pas toujours au rendez-vous d’autant que leur journée débute plus tôt ».

Au delà de l’offshoring, la question du sommeil est un problème récurent durant le mois de ramadan, comme nous l’explique Dr Fouzia Kadiri, présidente de la Société marocaine de médecine du sommeil : « Durant le mois de ramadan, le grand problème qui se pose est celui du manque de sommeil. Des études faites dans différents pays musulmans ont montré qu’on perd 1H30 de sommeil par jour, et c’est cela qui est néfaste pour la santé. Par ailleurs, beaucoup de personnes inversent leur rythme du sommeil pour veiller toute la nuit et s’endormir pendant le jour et cela détraque l’horloge biologique. Le sommeil, le jeûne, ramadan ou le travail, tout est affaire de discipline ».

Une affaire d’hormones

En plus du sommeil, le changement d’heure impacte également l’alimentation. « Le changement d’heure cause des perturbations du sommeil qui impacte la résistance du corps à l’insuline, ce qui signifie qu’il emmagasine plus de calories sous formes de gras. Qui plus est, le corps secrète moins d’hormone leptine, responsable de la sensation de satiété et sécrète plus d’hormone ghrelin qui augmente la sensation de faim, »  explique la consultante en nutrition holistique et hypnothérapeute, Nada El Hachimi.

Par conséquent, le changement d’heure affecte l’alimentation car « la volonté est diminuée. Il est donc plus difficile de résister à un aliment riche en sucre ». Pour la consultante en nutrition holistique et hypnothérapeute, le meilleure solution pour permettre au corps de ne pas être affecté par le changement d’heure serait de « prévoir plusieurs jours à l’avance de se réveiller chaque jour 15 minutes plus tôt ou plus tard, dépendamment du cas, afin que le corps ne subisse pas un changement trop brusque ».

Impact psychologique 

Censé faciliter le jeun durant le mois de ramadan, le changement d’heure n’a en fait pas de réel impact sur le corps d’un jeuneur  à en croire Nada El Hachimi : »cela ne change pas grand chose car le nombre d’heures de jeûne reste le même. Cependant, psychologiquement, il est plus encourageant de se dire qu’on va rompre le jeûne à 19h au lieu de 20h. Aussi, vu que le travail et l’école se terminent généralement plus tôt durant ce mois sacré, cela veut dire que le temps d’attente entre le travail et la rupture du jeûne est moindre. »

La consultante en nutrition holistique et hypnothérapeute affirme aussi que ces changements d’heures peuvent avoir des effets sur notre corps au delà de notre simple santé physique : « A part l’impact sur notre alimentation, le changement d’heure a aussi un impact sur notre créativité, notre état émotionnel et même notre tolérance à la douleur. Notre patience aussi peut être plus réduite et on peut se sentir moins alerte. Il vaut mieux donc prendre ses précautions lorsque doit conduire ou manipuler de la machinerie lourde. »