PROXIMO Revue de Presse 06-12-2016

  • Une croissance faible et des délais de paiement trop longs entretiennent l’attentisme
  • Les investissements profitent peu aux activités à forte valeur ajoutée

Dix mois après la réunion inédite entre prêteurs et emprunteurs (BAM-GPBM-CGEM) pour contrer la panne de l’investissement, les entreprises n’ont toujours pas retrouvé l’appétit. Certes, la progression des crédits à l’équipement est plus rapide qu’en début d’année (5,7% en octobre contre 1,3% en moyenne sur les trois premiers mois de l’année). Ceci dit, les investissements du secteur automobile ou encore de l’OCP biaisent ce tableau. «La hausse des prêts à l’équipement est soutenue par quelques grands projets. Les PME sont en dehors de cette dynamique», note un banquier. Les levées de fonds sur les marchés sont également peu significatifs. Quoique la liste des intervenants est réduite. Il faudra revoir les critères d’accès au marché des capitaux pour encourager les PME à s’y financer et aussi développer d’autres sources telles que le privateequity.

Reste que la multiplication des sources de financement et la baisse du loyer de l’argent (le taux moyen des prêts à l’équipement a été de 4,95% au troisième trimestre) n’ont pas fondamentalement changé la donne. Même les incitations fiscales introduites en 2016 –­ remboursement de la TVA au-delà des trois ans exonérés ou encore l’instauration d’une nouvelle grille pour l’impôt sur les sociétés – ne suffisent pas à redonner le goût de l’investissement aux entreprises privées. Il faut que les entreprises aient des perspectives sur les profits, c’est-à-dire que les dirigeants retrouvent confiance. Or, la faiblesse de la croissance, 3,2% en moyenne par an depuis 2012, et la détérioration des délais de paiement interentreprises créent un attentisme peu favorable à l’investissement privé. Les délais de paiement se sont encore détériorés en 2016, constate l’assureur crédit Euler Hermes. Régler à plus de 5 mois, voire 7 mois, est devenu courant. Les délais trop longs sont un accélérateur de défaillance des entreprises, surtout les plus petites. Le règlement de ce fléau figure parmi les propositions phares adressées par le trio BAM-GPBM-CGEM au gouvernement. Il faudra que le traitement de ce mal s’accompagne d’autres réformes pour permettre aux investisseurs de s’engager davantage. «Il faudrait peut-être déréguler certains secteurs qui sont la chasse gardée du public», suggère un économiste.

En attendant, à court terme, l’amélioration de la conjoncture en Europe, principal marché à l’export du Maroc, devrait générer du business supplémentaire aux entreprises exportatrices et stimuler quelque peu leurs investissements. La demande extérieure additionnelle en 2017 est estimée à 1,8 milliard d’euros, l’équivalent de 19 milliards de DH par Euler Hermes. Elle serait trois fois plus importante qu’en 2016. Près de 3/4, plus exactement 70% de ces débouchés sont situés en Europe surtout en France et en Espagne. Cette embellie profitera principalement à l’agroalimentaire, le textile et la chimie.

CAMPAGNE AGRICOLE : TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS

Vent d’espoir chez les agriculteurs après les récentes précipitations. Le ministère de l’Agriculture vient en effet d’annoncer un excédent pluviométrique enregistré par rapport à une année normale dans toutes les régions du Maroc. Ce qui laisse entrevoir une campagne agricole « sous de bonnes perspectives avec des indicateurs prometteurs ». Ainsi, au décembre à 6h00 du matin, le cumul à atteint 140 mm, soit une hausse de 22% par rapport à une année normale (114,7 mm) et une hausse de 107% par rapport à la campagne précédente à la même date (67,4 mm).

L’AFFAIRE ZAZ PASSE EN CASSATION

Après la confirmation de la condamnation à 5 ans de prison fermes de l’ex-ODG de Wana, Karim Zaz, la défense a saisi la Cour de cassation. Le tribunal délictuel de Casablanca a retenu contre Zaz le détournement de trafic télécom international. L’escroquerie et l’abus de confiance ont été écartés. Dix autres personnes ont été jugées dans ce dossier dans lequel la Douane et les trois opérateurs télécom sont partie civile. L’expertise judiciaire qui évalue le préjudice financier a été remise au juge. La justice n’a pas encore dit son mot sur les réclamations civiles.

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L’OPEP VOIT UNE FORTE DEMANDE EN 2017, MEME SI LES PRIX MONTENT

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) table sur une solide demande de pétrole en 2017, comme cette année, a déclaré lundi le secrétaire général du cartel lors d’une conférence sur l’énergie, en dépit de l’accord de réduction de sa production conclu la semaine dernière pour tenter de faire remonter les cours de l’or noir. Mohammed Sanusi Barkindo, qui s’adressait à la presse en marge de la conférence, a indiqué que l’Asie aurait un grand rôle à jouer dans la croissance de la demande.

L’Opep a conclu la semaine dernière le premier accord de réduction de sa production depuis 2008. Cet engagement doit se traduire par une diminution des extractions d’environ 1,2 million de barils par jour (bpj) à partir de janvier prochain. L’organisation espère que les pays non-membres de l’Opep réduiront leur production de 600.000 bpj. Barkindo a annoncé lundi que l’Opep avait invité les pays producteurs n’appartenant pas au groupe, notamment la Russie, la Colombie, le Congo, l’Égypte, le Bahrein et Brunei à se réunir le 10 décembre à Vienne pour discuter de leur contribution. «Nous voulons que le niveau des stocks se situe à la moyenne des cinq dernières années, ni plus ni moins», a-t-il dit.

Les prix ont remonté depuis l’accord. Le baril de Brent a dépassé lundi les 55 dollars, son plus haut niveau en 16 mois. «Nous estimons que la croissance l’année prochaine sera aussi robuste que cette année, aux alentours de 1,2 million de barils», a dit Barkindo. «Elle pourrait être plus élevée, on ne sait jamais. Si elle est plus forte, alors les pays producteurs ont le droit d’augmenter leurs pompages afin de répondre à la demande des pays comme l’Inde.» «Pour l’Inde seule, la demande devrait augmenter à plus de 10 millions de barils par jour (bpj) d’ici 2040, contre 4,1 millions de bpj actuellement», a précisé Barkindo.

L’Opep estime que la demande mondiale devrait augmenter de 17 millions de bpj aux alentours de 110 millions d’ici 2040

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LA CIMR S’OUVRE AUX ADHÉSIONS INDIVIDUELLES DÈS LE 1ER JANVIER 2017

Grâce au changement de statut de la CIMR, mutée en société mutuelle, celle-ci ouvre la porte à des adhésions individuelles, dont le processus est totalementdigitalisé. Le produit y afférent est baptisé Al Moustakbal Individuel.

Avec le risque de faillite qui plane sur les régimes de retraite marocains, préparer sa retraite devient de plus un sujet de grande préoccupation. La réforme récente transformant la CIMR en société mutuelle de retraire apporte une nouvelle dynamique dans ce domaine et un nouveau souffle pour les salariés. En effet, avec le changement de statut opéré par la caisse l’adhésion au régime de retraite complémentaire n’est plus limité aux personnes morales, mais dès le 1er janvier 2017 sera ouverte aux personnes physiques. À compter de cette date, toute personne physique ayant atteint l’âge légal de travail peut devenir adhérent individuel. La CIMR a dédié à cette catégorie d’adhérent un produit baptisé Al Moustakbal Individuel, auquel la souscription se fait uniquement via internet. Le processus étant intégralement digitalisé, il suffit de remplir un formulaire disponible sur le portail de la CIMR en renseignant ses coordonnées bancaires.

La caisse prend attache avec la banque pour vérifier l’identité du souscrivant et notamment effectuer les prélèvements pas la suite. L’adhésion étant dispensée de toute signature, l’adhérent a trois mois après son inscription, pour se rétracter. Selon Khalid Cheddadi, président directeur général de la CIMR, qui s’exprimait dans une conférence organisée vendredi par la Chambre Suisse de commerce, sur les retraites complémentaires, il suffit d’adresser une réclamation à la caisse dans les trois mois pour se faire rembourser et arrêter son adhésion. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que l’acquisition de points se fait par des contributions forfaitaires programmées d’un montant minimum de 200 DH par mois. L’adhérent peut faire des versements exceptionnels en sus. Les contributions forfaitaires sont réglées par prélèvement automatique à partir du compte de l’adhérent individuel. De même, l’adhérent définit la date et la fréquence du prélèvement. Il peut également reporter un prélèvement, l’annuler ou en modifier le montant.

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LA FACE CACHÉE DE L’AFRICAIN LE PLUS RICHE QUI S’EST ALLIÉ À L’OCP

Avec la visite royale au Nigéria, le monde des affaires découvre que l’Africain le plus riche, AlikoDangote, a signé à Abuja un accord stratégique avec le groupe OCP, visant la construction d’une plateforme de production d’engrais au Nigeria, alimentée par du phosphate marocain et du gaz nigérian.

  • Des actifs en commun avec l’OCP de 2,5 milliards de dollars
  • Une fortune personnelle de 16,7 milliards de dollars
  • Le roi du ciment en Afrique
  • Sa philosophie, l’Afrique aux Africains
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URBANISME : L’ARSENAL JURIDIQUE RENFORCÉ
  • Un nouveau dispositif juridique voit le jour. Il a pour but de lutter contre les abus en matière de construction et de délivrance de permis.

L’arsenal juridique concernant l’urbanisme a été renforcé. En effet, la loi n°66-12 relative au contrôle des irrégularités dans le domaine de l’urbanisme et de la construction a été adoptée. Elle a pour but de lutter contre les différents abus en matière de construction, surtout que le pays a assisté à plusieurs effondrements de bâtiments ces dernières années, engageant la responsabilité de toutes les parties prenantes. Mahfoudi Mohamed, docteur en droit et directeur de publication de LegalFlash.ma, spécialisé dans l’information et la veille juridique, explique que parmi les apports de ce texte réglementaire : l’obtention obligatoire d’un permis de réparation ou d’entretien par le président du conseil communal (dans les cas des travaux dont le permis de construction n’est pas exigé). En outre, il est possible de demander au président du conseil communal un permis de régularisation ou de mise en conformité, pour les personnes ayant procédé à des constructions illégales, après accord de l’Agence urbaine. Par ailleurs, une obligation supplémentaire est mise à la charge du président du conseil communal. Ce dernier doit déposer une copie des permis et autorisations délivrés par ses soins à l’autorité administrative locale. Il est également prévu l’institution des obligations régissant l’ouverture et la fermeture des chantiers et l’obligation de la tenue d’un cahier de chantier contenant tous les renseignements permettant aux professionnels d’assurer le suivi du chantier. Par ailleurs, ce texte renforce le caractère coercitif des sanctions, notamment par la révision à la hausse des amendes en vigueur dans la loi 25-90 relative aux lotissements, groupes d’habitations et morcellements et l’institution de sanctions privatives de liberté en cas de récidive s’agissant de certaines infractions graves telles que l’édification de construction sans autorisation préalable, la création d’un lotissement ou d’un groupe d’habitations dans une zone réglementaire non susceptible de l’accueillir. Ainsi, les amendes prévues débutent à 2 000 DH pour les modifications de toute nature apportées à la façade d’une construction sans autorisation préalable, et vont jusqu’à 100 000 DH pour les propriétaires ayant opéré des constructions différentes des plans autorisés en termes de hauteur, de superficie ou d’emplacement.

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LES EUROPEENS FONT UN GESTE POUR LA DETTE GRECQUE

Les créanciers de la Grèce se sont entendus, lundi soir, pour accorder à Athènes des mesures d’allègement de dette dites de court terme. Le principe de ce geste avait été acté en mai dernier. D’après Klaus Regling, qui dirige le Mécanisme européen de stabilité chargé de la mise en oeuvre de cet allègement, l’application de ces mesures devrait permettre de réduire le poids de la dette grecque, rapporté au PIB du pays, de 20 points de pourcentage à l’horizon 2060. Un chiffre encore largement abstrait et que Klaus Regling lui-même a conseillé d’appréhender avec prudence.

SUEZ ET TOTAL CONVERTISSENT L’HUILE USAGEE EN BIODIESEL

Aujourd’hui, moins de la moitié de l’huile alimentaire usagée est collectée, alors qu’elle pourrait être convertie en biocarburant. Suez, jusqu’alors peu présent sur ce type de déchets (il en collecte moins de 1.500 tonnes, sur 110.000 tonnes utilisées par an dans l’Hexagone), se lance et espère changer la donne. Il vient de signer avec Total un partenariat pour fournir en huile alimentaire usagée la future bioraffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône).

L’éternel challenger de Veolia va ainsi concurrencer… Veolia, actuellement le plus gros collecteur d’huile alimentaire usagée. Quelque 20.000 tonnes par an entrent dans son usine de Limay, qui les convertit elle-même en biodiesel.

Effets pervers

La raffinerie classique de Total à la Mède (430 emplois fin 2015) fermera en mars pour reconversion en bioraffinerie – la première de France, moyennant 275 millions d’euros d’investissement – et l’unité de filtration de Suez contribuera au maintien de 250 emplois maintenus sur site à l’horizon 2020.

Pas sûr que cette bioraffinerie, qui démarrera au premier semestre 2018, séduise les écologistes, car sur 500.000 tonnes d’huile entrant pour conversion en biodiesel (ce sera sa capacité de production), seuls 30 % à 40 % seront des déchets. Le reste sera de l’huile « neuve » : colza, tournesol ou huile de palme, selon le prix de marché des différents types d’huile.

Total ne confirme pas le chiffre de 100.000 tonnes d’huile de palme évoqué par certains observateurs pour son fonctionnement futur. Les écologistes dénoncent les effets pervers du biocarburant fabriqué à base d’huile de palme, issue d’une déforestation massive, même lorsqu’elle est a posteriori certifiée « durable », ainsi que le recours à des cultures dédiées, accusées de détourner les terres agricoles de leur but premier. Bruxelles a publié jeudi un projet pour inciter à utiliser des déchets plutôt que de l’huile « neuve ». La controverse n’arrête pas Total. Outre la Mède, il inaugurera vendredi à Dunkerque BioTfueL, un pilote convertissant en bio-diesel des déchets (paille et déchets forestiers) mais aussi des cultures dédiées.

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IMMIGRATION. BUSINESS MORTEL EN MÉDITERRANÉE

Le nombre de migrants qui meurent en Méditerranée est plus élevé que jamais. Le capitaine, d’origine norvégienne, nous montre des vidéos de ses missions de sauvetage entre la Sicile et la Libye. On y voit des canots pneumatiques pleins à craquer d’Africains. Des mines angoissées. Des regards graves, interrogateurs, mais aussi soulagés, à l’approche des sauveteurs. Des hommes qui sautent par-dessus bord et boivent aussitôt la tasse parce qu’ils n’ont pas de gilet de sauvetage et qu’ils ne savent pas nager. Un Africain qui se cramponne à un bidon. La joie des rescapés lorsqu’ils sont hors de danger. Un nourrisson minuscule, né à bord.   Ces citoyens qui aident les migrants à traverser les frontières

Faire bouger les choses

Puis les autres images – “dures”,met en garde le capitaine. Des embarcations remplies d’eau qui charrient des corps sans vie. Des cadavres lourds comme des enclumes, que les sauveteurs peinent à sortir de l’eau. Des corps gonflés, autopsiés à bord. Le Norvégien fait voir ces images à tout visiteur qu’il reçoit. Et il ne s’y fait pas. Les joues lui brûlent, les yeux cherchent le réconfort.

Allure athlétique, barbe de trois jours, crâne rasé, Pål Erik Teigen – prononcez “téyène” – est policier. Il a 50 ans. Chez lui, en Norvège, il est chargé de la sécurité côtière. Mais aujourd’hui, c’est dans le port de Catane qu’il mouille, à bord du Siem Pilot. De la passerelle, on aperçoit l’Etna derrière la ville, noyé dans les nuages. Il commence à faire nuit, la pluie cingle les vitres. L’hiver en Sicile. Teigen attend sa prochaine mission dans le cadre de “Triton”, l’opération européenne de protection des frontières. Il s’est porté volontaire. Pourquoi ?

Il cherche ses mots. “Pour faire bouger les choses, je crois.” Il s’interrompt, puis reprend : “Pour me rendre utile.”L’équipage du Siem Pilot a secouru plus de 28 000 personnes, tous des migrants. Le  Norvégien nous montre une photo : une jeune fille noire rayonnante fait le “V” de la victoire d’une main, l’autre bras enlaçant une petite fille, sans doute sa petite sœur. “Voilà, c’est pour ça que je suis là”, commente Teigen, dont la voix trahit l’émotion.

Un grand huit émotionnel Et les morts ? Le Siem Pilot a un conteneur frigorifique à bord qui peut accueillir 50 dépouilles. Ces dernières semaines, l’équipage n’a pas arrêté de sortir des corps sans vie de l’eau.

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