Les ECO

PREMIER ROUND DU DIALOGUE SOCIAL : LES NÉGOCIATIONS S’ANNONCENT ARDUES

Les syndicats attendent de pied ferme El Othmani après la réunion préparatoire du dialogue social. Le premier round, qui devrait être entamé le 9 octobre, sera un véritable test pour le chef de gouvernement.

Le prochain round du dialogue social tripartite, qui devrait être entamé dans deux semaines, ne s’annonce pas de tout repos pour l’Exécutif. En témoignent les points soulevés par les chefs de file des quatre syndicats les plus représentatifs (UMT, CDT, UGTM et UNTM) lors de la réunion préparatoire tenue pendant la soirée du mercredi 20 septembre avec le chef de gouvernement en présence de deux représentants de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ainsi que des ministres de l’Économie et des finances, de l’Intérieur, du Travail, de la Fonction publique et des Affaires générales. Il s’agissait d’une réunion de cadrage que le chef de gouvernement a souhaité tenir dans un «cadre convivial», dans le salon de sa résidence officielle. Les centrales syndicales, qui sont sur des charbons ardents depuis de longs mois, n’entendent pas lâcher du lest sur un certain nombre de doléances, à commencer par la nécessité de mettre en œuvre les points encore en suspens de l’accord du 26 avril 2011 conclu avec le gouvernement de Abbas El Fassi. La parlementaire de l’UGTM à la Chambre des conseillers, Khadija Zoumi, estime nécessaire de s’attaquer à ce dossier pour régler différentes problématiques concernant lesquelles un accord a été déjà conclu il y a quelques années, comme l’indemnité pour les zones éloignées et difficiles d’accès, qui n’a pas été mise en place en dépit des différentes réunions tenues en la matière, ainsi que la création d’une nouvelle échelle dans la fonction publique. L’unification du SMIG et du SMAG figure aussi parmi les points prioritaires.

Institutionnalisation du dialogue

Les partenaires sociaux plaident pour la rupture avec la méthodologie de l’ancien gouvernement qui s’est contenté de quelques réunions «infructueuses» avec les syndicats, sans pour autant institutionnaliser le dialogue social, ou encore trouver un terrain d’entente pour certaines doléances syndicales. D’ailleurs, le cahier revendicatif demeure le même. Le dialogue social devra être relancé sur fond d’anciennes requêtes. Les syndicalistes réclament, en premier lieu, la tenue du dialogue national avec El Othmani et son équipe dans l’espoir d’accorder leurs violons autour de certains points prioritaires, ce avant de baliser le terrain pour les dialogues sectoriels. El Othmani arrivera-t-il, cette fois-ci, à apaiser les esprits du patronat comme des syndicats? Rien n’est moins sûr, au vu de la complexité des dossiers qui devraient être discutés. L’Exécutif est très attendu sur une question cruciale qui demeure en tête du cahier revendicatif des syndicats: l’augmentation des salaires.

Augmentation des salaires:  l’éternelle doléance

Le gouvernement est appelé à faire un effort en la matière et éviter de brandir la carte des équilibres macro-économiques. Rappelons que c’est ce point qui a fait échouer les négociations du dialogue social en avril 2016, chaque partie campant sur ses positions et ne voulant pas faire de concessions. En dépit du scepticisme encore affiché par les partenaires sociaux, on s’attend à ce que l’actuelle équipe gouvernementale se montre plus souple que la précédente sur cette question, bien que Boussaid ait maintenu la gestion du département de l’Économie et des finances. L’argentier du royaume, rappelons-le, brandissait son niet face à la doléance de l’augmentation des salaires. Cette fois-ci, les syndicats -du moins certains d’entre eux- comptent sur le soutien de l’une des composantes du gouvernement pour changer la donne, en l’occurrence le parti de la rose. Le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar n’a pas manqué, lors de son intervention à l’occasion de la présentation du bilan d’étape du gouvernement, de mettre l’accent sur ce point, déplorant le gel des salaires depuis des années: «Le dialogue social n’a pas été à la hauteur des aspirations. Le pouvoir d’achat s’est effrité et les salaires sont gelés depuis plus de cinq ans». En dépit de la faiblesse de son poids numérique au sein du gouvernement et du Parlement, le parti de Lachgar pourra-t-il convaincre ses alliés d’augmenter les salaires? Le défi est de taille pour les socialistes, surtout que le chef du département de la Fonction publique relève de l’USFP.

Les législations de discorde

Sur le plan législatif, le bras de fer s’annonce serré sur plusieurs textes. Les patrons des syndicats ont insisté, lors de la réunion préparatoire avec El Othmani, sur le projet de loi organique sur la grève soumis par le précédent gouvernement au Parlement sans concertations préalables. L’examen de ce texte n’a pas encore été entamé à la Chambre des représentants en raison de la complexité du dossier qui risque de faire des étincelles au sein de l’institution législative. Le texte est jugé très restrictif par les syndicats qui estiment que le projet vide le droit de grève de sa substance par ses multiples limitations. Contrairement aux syndicats, le patronat ne cesse d’appeler à accélérer la cadence pour réglementer le recours à la grève. Il s’agit d’un texte urgent pour la CGEM, au même titre que la réforme du Code du travail. Un autre dossier qui suscitera des débats animés lors du prochain round du dialogue social. Les partenaires sociaux plaident plutôt pour l’application des différentes dispositions du Code de travail avant de débattre de la nécessité de sa réforme. Pour Abdelkader Zair, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), 90% des dispositions du Code de travail ne sont pas appliquées. «Le patronat réclame de la souplesse alors que la situation actuelle est déjà en leur faveur car le code n’est appliqué qu’à hauteur de 10%», affirme-t-il dans une déclaration aux Inspirations Éco. Une nouvelle bataille pointe ainsi à l’horizon dans le cadre du dialogue tripartite. La réforme du Code de travail est, visiblement, une ligne rouge pour les partenaires sociaux qui aiguisent déjà leurs armes afin de défendre leur point de vue, critiquant vertement l’appel à la flexibilité du travail qui risque de fragiliser la situation des salariés. De leur côté, les entreprises brandissent la récente recommandation de la Banque mondiale qui plaide pour la révision du Code de travail. Pour sa part, le gouvernement veut mettre en œuvre la réforme et rapprocher les points de vue des syndicats et du patronat en vue d’encourager l’emploi.

L’épineux dossier de la retraite

Le prochain round du dialogue social devra aussi être marqué par une discussion houleuse sur le dossier des retraites. Bien que la réforme paramétrique – adoptée au forceps au sein de l’institution législative- ait été actée, la pilule reste encore difficile à avaler pour les syndicats. Les centrales syndicales, notamment l’UMT et la CDT, entendent soulever une nouvelle fois ce dossier, voire plaider pour le gel de la réforme paramétrique en guise de concrétisation de la commission d’enquête parlementaire de la Chambre des conseillers sur la Caisse marocaine des retraites. Une proposition de loi sur le gel de la réforme paramétrique a déjà été élaborée par certains groupes de l’opposition à la chambre haute, notamment ceux relevant des syndicats. L’Exécutif, lui, ne semble pas prêt à battre en retraite. Au contraire, le gouvernement défend bec et ongles la réforme paramétrique déjà mise en place. El Othmani a déjà souligné la nécessité d’approfondir les discussions autour des recommandations de la commission nationale afin de mettre en œuvre la réforme globale des systèmes de retraite. Par ailleurs, le projet de loi régissant les syndicats risque aussi de faire des remous. L’ancien gouvernement n’était pas parvenu à convaincre les centrales syndicales des dispositions de ce texte. El Othmani et le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim, sont appelés à trouver un terrain d’entente avec les syndicats autour de ce projet qui prévoit les mêmes modalités que la loi sur les partis politiques. Mais apparemment, l’examen de ce dossier ne figure pas parmi les priorités du premier round du dialogue social.

aujourd'hui

Toujours plus d’étudiants dans l’enseignement supérieur

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Ils sont chaque année toujours aussi nombreux à rejoindre l’enseignement supérieur. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, 912.000 étudiants ont été inscrits (secteurs public et privé) cette année. Dans le secteur public, on compte 836.810 étudiants dans les établissements universitaires et 29.000 dans les établissements de formation des cadres, soit un total de 865.810 étudiants.  Dans les établissements universitaires à accès ouvert, on dénombre cette année 728.725 étudiants dont 345.870 filles. Les Facultés des sciences juridiques, économiques sont de loin les plus sollicitées. Elles arrivent en tête avec 381.514 étudiants, suivies des Facultés des lettres et des sciences humaines avec 227.684 étudiants et les Facultés des sciences (119.527 étudiants).

S’agissant des établissements à accès régulé, les statistiques du ministère font état de 108.083 étudiants. On dénombre 29.897 étudiants dans les filières sciences et techniques, 20.403 pour la médecine et pharmacie, 1.989 étudiants en médecine dentaire, 18.736 dans les sciences de l’ingénierie, 14.225 en commerce et gestion, 13.374 en technologie, 8.789 étudiants pour les sciences de l’éducation, ENS et ENSET et IS Sport Settat, 285 étudiants pour les filières traduction et 385 étudiants en paramédical. Pour ce qui est du privé, on compte 8.000 étudiants dans les PPP (Partenariat Public-Privé), 36.000 dans les établissements privés et 2.200 à l’Université Al Akhawayn.

Concernant les infrastructures, le nombre des établissements universitaires est passé de 124 durant 2016-2017 à 126 (56 établissements à accès ouvert et 70 à accès sélectif) au titre de cette saison universitaire. Autre chiffre important à retenir : 63.000 étudiants résideront   dans les internats et cités universitaires durant l’année 2017-2018.  Toujours selon les données du ministère, le nombre d’enseignants dans les universités s’est chiffré à 13.976 pour l’année 2017-2018 dont 8.403 enseignants dans les établissements à accès ouvert, 5.469 dans les établissements à accès sélectif et 104 dans les Instituts de recherche.

L'economiste

Recettes fiscales: Le budget fait le plein

L’IS et la TVA à l’intérieur en hausse

Les remboursements TVA reculent de 1,3 milliard de DH

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La TVA constitue la première source du budget de l’Etat. Elle est suivie par l’IS dont les recettes ont augmenté de 18,8%

Bonne tenue des recettes fiscales à fin août. Elles sont à 132,2 milliards de DH en augmentation de 6,9%. A l’exception des droits de douane qui ont reculé de 7,2%, tous les impôts et taxes sont sur un trend haussier. L’IS performe avec un accroissement de 18,8% reflétant la bonne santé financière des entreprises en particulier des grands contributeurs. Cet impôt pourrait connaître des changements avec l’introduction d’une dose de progressivité dans la loi de finances 2018. Réclamées depuis plusieurs années par le patronat, les études d’impact sont menées par le ministère des Finances  où l’on considère l’IS proportionnel comme un premier pas vers la progressivité.

Les recettes de la TVA, l’impôt le plus lourd à supporter pour les ménages, sont en hausse de 7,8%. L’accroissement est plus prononcé au niveau interne renvoyant à une hausse de la consommation: 12,6% contre une baisse de 9,5% l’année dernière. L’Etat a débloqué 4,4 milliards de DH de remboursement TVA au profit des entreprises. Un montant en recul de 1,3 milliard de DH. D’ailleurs, la CGEM s’insurge contre le ralentissement du rythme de versement de crédits TVA. Le patronat demande aussi la mise en place d’un mécanisme pour les crédits TVA accumulés depuis janvier 2014!

Les recettes de la TVA à l’importation marquent une hausse de  5,3%. Elles sont surtout tirées par la taxe sur les produits énergétiques (+18,4%) alors que celle sur les autres produits a augmenté de 3,1% seulement. L’IR, dont le produit est assuré surtout par la retenue sur les salaires,  a  généré 27 milliards de DH. Aussi bien l’IR prélevé par la Direction des dépenses de personnel  relevant de la Trésorerie générale du Royaume que celui sur les profits immobiliers ont décroché de 7,5% et 5,9% respectivement.

Par ailleurs, une nouvelle contraction des recettes non fiscales (participations de l’Etat, fonds de concours, etc.) est relevée: 7,2%. Elle résulte du recul des recettes en atténuation de la dette (-76%) et des recettes diverses de 8,1%.
Les recettes des comptes spéciaux du Trésor tiennent compte de la rentrée de 2,5 milliards de DH au titre des dons des pays du Conseil de coopération du Golfe. En revanche, les monopoles et participations ont généré des rentrées en augmentation de 62%.

Elles proviennent principalement de Maroc Telecom (1,4 milliard de DH), l’OCP (1,3 milliard) et l’Agence nationale de la conservation foncière (1,2 milliard). Pour sa part, la CDG n’a effectué aucun versement! La maîtrise des finances de l’Etat se poursuit avec un déficit budgétaire de 25,2 milliards de DH contre 28,9 milliards l’année dernière. Les dépenses restent marquées par une baisse de l’investissement de 2 milliards de DH, soit une diminution de 4,3%. Et ce, sous l’effet d’un recul de 14% des charges communes et de la hausse des dépenses des ministères de 2,5%. En revanche, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 4,1% tirées par la compensation (+82,8%) et les charges communes (+23,2%).

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CFC se dote d’un guichet unique pour les autorisations de travail des salariés étranger

 Le Ministre du travail et de l’insertion professionnelle, Mohammed Yatim, et le Directeur général de Casablanca Finance City Authority (CFCA), Saïd Ibrahimi, ont procédé au lancement officiel du service Taechir externalisé ce lundi 25 septembre, souligne un communiqué de la place financière casablancaise.

Une convention de partenariat entre les deux institutions a été signée en marge de l’inauguration et le démarrage du guichet Taechir CFC. Ce nouveau service, premier maillon du guichet unique «Doing business» de CFC, concourra à l’amélioration de l’offre de services en direction des sociétés multinationales ayant vocation à travailler sur le continent africain via la place financière de Casablanca, souligne la même source.

Ce service externalisé «Taechir CFC», entièrement dédié à la communauté d’entreprises jouissant du Statut Casablanca Finance City, permettra de simplifier et d’accélérer davantage la procédure de traitement des demandes d’autorisation de travail des salariés étrangers.

Dès aujourd’hui, le recrutement des expatriés sera grandement facilité pour les entreprises labélisées CFC. L’infrastructure physique présente au siège de CFCA offrira un point d’entrée unique pour toutes les démarches relatives aux autorisations de travail pour cette catégorie de salariés.

LA VIE ECO

LA DÉRIVE DES RETARDS DE PAIEMENT LOIN DE S’ESTOMPER !

 

Très peu d’opérateurs appliquent des pénalités de retard. Les PME sont plus nombreuses à contracter des couvertures du poste client.

Les retards de paiement explosent dans la quasi-totalité des secteurs d’activité. C’est Coface qui vient cette fois confirmer le constat dans sa nouvelle enquête annuelle (avec BMCI et la CFCIM). Cette dernière porte sur le comportement de paiement de 256 entreprises de différents secteurs d’activité.

Dans le détail, alors que la part des répondants faisant face à des retards moyens de 30 à 60 jours est stable (28%), les entreprises affichant des retards de plus de 120 jours sont en nette augmentation (21% pour des retards de 120 à 210 jours et 5% pour des retards supérieurs à 210 jours).

Si certaines activités, telles que la construction, observent des délais de paiement contractuels traditionnellement longs, l’allongement des délais n’épargne aujourd’hui aucun secteur : 105 jours pour la construction, 102 jours pour la distribution et le négoce, 98 jours pour les services aux entreprises et 90 pour l’agroalimentaire. On était respectivement à 87, 89, 64 et 63 jours en 2016. Pour tous ces secteurs, l’enquête de l’assureur-crédit démontre que la part des entreprises se faisant payer à des délais supérieurs à 120 jours a augmenté significativement. Elle atteint 45% pour les entreprises issues du secteur de la construction (38% en 2016), 46% pour celles du secteur de la distribution (29% en 2016), 33% pour les entreprises  agroalimentaires et 47% dans les services aux entreprises.

En dépit de cette dégradation des conditions de paiement, les entreprises faisant face à un défaut de paiement de leur client se montrent tolérantes. En effet, 83% des entreprises répondantes n’appliquent pas de pénalité de retard. 36% d’entre elles privilégient la mise en place d’un accord à l’amiable, et seulement 30% optent pour un arrêt des livraisons.

Bonne nouvelle néanmoins: les PME sont plus nombreuses à se couvrir contre le risque de crédit en 2017 : 57% font appel à un professionnel, contre pas plus de 43% en 2016 !

LE GROUPEMENT DES INDUSTRIES FERROVIAIRES VEUT FABRIQUER LE PREMIER TRAIN MADE IN MOROCCO

Une trentaine d’entreprises se sont constituées autour du Groupement des industries ferroviaires du Maroc. L’objectif est de développer le secteur en matière de recherche, d’innovation et de valeur ajoutée. Un contrat programme est en cours de signature avec le ministère de l’industrie.

La Société chérifienne de matériel industriel et ferroviaire (SCIF), dont l’actionnaire majoritaire n’est autre que le groupe Ynna Holding, aspire à booster l’industrie ferroviaire marocaine. L’entreprise qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 350 MDH est à l’origine de la création, en février 2016, du Groupement des industries ferroviaires au Maroc (GIFER). Avec pour métier de base la chaudronnerie et la soudure, la SCIF a fait de la fabrication de matériel ferroviaire un créneau de développement. Aujourd’hui, elle fédère autour de ce projet une trentaine d’entreprises de droit marocain avec comme objectif : créer une réelle industrie ferroviaire marocaine à l’instar de l’automobile. «Ce projet est l’aboutissement d’une stratégie de développement de la SCIF qui lui permettra à terme d’être un véritable intégrateur de la construction de matériel ferroviaire roulant», déclare Hassan Rebouhate, administrateur directeur général de la SCIF et président du GIFER.

Après la fabrication locale de voitures tractées (la SCIF a réalisé une opération de 60 voitures de voyageurs pour l’ONCF déjà en circulation (160 km/h) pour les grandes lignes mais aussi des opérations à l’export en Tunisie (200 wagons de transport de Phosphate), Mauritanie, Gabon et Pologne), l’objectif est de créer une locomotive 100% marocaine. En d’autres termes, le GIFER aspire à introduire la motorisation dans l’industrie ferroviaire marocaine. Ce projet est, à en croire M. Rebouhate, en très bonne voie. «Aujourd’hui, les voitures à voyageurs tractés et tous les types de wagons fret pour le transport notamment de phosphate, de charbon et de produits chimiques sont fabriqués au Maroc avec des taux d’intégration industrielle qui peuvent atteindre 75%. Nous sommes désormais en phase de prospection pour l’intégration industrielle de la traction et nous pensons pouvoir produire des locomotives au Maroc dans les 3 années à venir en partenariat avec nos partenaires internationaux», déclare M. Rebouhate qui a rejoint la SCIF en 2010. L’entreprise industrielle compte sur l’appui de l’ONCF (actionnaire à hauteur de 20%). «A chaque fois qu’il est possible de fabriquer au Maroc, l’ONCF nous fait confiance, nous accompagne et homologue nos produits», ajoute-il. Par contre, les villes n’ont pas suivi le pas du mastodonte national. Ainsi, dans le cadre de l’extension des lignes de tramway à Casablanca et celles futures à Rabat, la SCIF a demandé à fabriquer des tramways au Maroc. «Etant déjà fabricant de train, nous disposons d’usines capables de produire des tramways (qui demeurent plus légers que les trains pesant 20 tonnes maximum à l’essieu en comparaison avec le tramway d’une charge maximale de 8 tonnes à l’essieu). Malheureusement, Casablanca a sorti un appel d’offres sans aucune exigence de localisation au Maroc. Il ne faut pas se tromper, tous les constructeurs internationaux ont d’abord profité de l’offre publique de leurs pays respectifs. A ce niveau, on a besoin d’une cohérence entre les stratégies locale et nationale», déplore-t-il. En attendant d’obtenir l’appui des villes pour son industrie ferroviaire, le GIFER étudie des pistes de partenariat avec différentes entreprises pour hausser le niveau de complexité des composantes ferroviaires fabriquées localement et contribuer à la diminution des importations de matériel ferroviaire.

Un laboratoire d’essais et d’analyses ferroviaires

Après la motorisation et éventuellement l’intégration des systèmes électriques, d’intelligence et de sécurité du train, l’ambition du groupement est aussi de produire des trains qui roulent à grande vitesse. La réalisation de la LGV au Maroc permettra d’ailleurs aux industriels ferroviaires marocains d’explorer cette nouvelle technologie. «Cet apport technologique supplémentaire nous permettra éventuellement de nous positionner sur le créneau de la grande vitesse d’abord à travers la maintenance puis par la fabrication de sous-ensembles», clame le président du groupement. Mais le rêve ultime du patron de la SCIF est de fabriquer un train 100% marocain par le biais de partenariats. «Nous avons entamé avec Talgo, entreprise espagnole de construction de matériel ferroviaire, des discussions pour pouvoir étudier la fabrication d’un train au Maroc avec une vitesse maximale opérationnelle de 200 km/h. Le Maroc aujourd’hui met en oeuvre deux gammes de vitesse: la LGV à 320 km/h et les trains conventionnels ou interurbains à 160 km/h. Nous pensons que le produit envisagé conviendrait au besoin de trains conventionnels au Maroc et surtout en tant que produit compétitif (coût /vitesse) pour l’ export», ajoute-t-il. Pour ce faire, elle axe sa stratégie sur trois volets : technique, humain et organisationnel. Sur le plan technique, l’objectif est de développer l’outil industriel marocain. «Si on se compare aux pays avancés, l’outil de production y est nettement meilleur que ce soit en termes de productivité ou de précision. Il est donc important de se mettre à niveau pour pouvoir respecter les normes internationales. Nous avons aussi besoin d’un laboratoire d’essais, d’analyses et d’homologation ferroviaire. Ces investissements sont vraiment cruciaux si on veut dépasser le langage des bonnes intentions et asseoir concrètement une véritable révolution industrielle dans le ferroviaire», pointe M. Rebouhate. Ce laboratoire d’essais permettra au GIFER de réaliser des tests article par article et d’ancrer les métiers ferroviaires au Maroc. «Sans laboratoire, on ne saura pas comment assurer les améliorations ou encore la bonne adéquation entre optimisation et qualité de produits», explique-t-il.

Enfin, sur le plan humain, le secteur souffre de carence de formation en spécialités ferroviaires. «Le développement des compétences est aussi un souci majeur auquel des réponses pratiques et adaptées doivent être trouvées.

Aujourd’hui, un ingénieur mécanicien ou un électro-mécanicien a besoin d’exercer 3 à 4 ans dans l’industrie ferroviaire pour être opérationnel», renchérit-il. Heureusement, l’Institut ferroviaire à l’Ecole Mohammadia à Rabat a été développé grâce à l’ONCF. Mais le développement de l’industrie nécessite aussi le déploiement des métiers de dextérité manuelle.

Autre besoin : la normalisation ferroviaire. Pour le moment, très peu d’industries sont certifiées selon les normalisations ferroviaires. Pourtant, c’est dans ce volet-là que réside le véritable handicap à l’export. Une autorité de certification s’impose naturellement. Elle permettra de vulgariser la normalisation des process ferroviaires dans les entreprises marocaines.