PROXIMO Revue de presse 09 10 2017

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Magiciens et charlatans de l’intelligence artificielle

Méfions-nous de l’« IA washing », qui promet monts et merveilles avec des solutions qui ne sont que des gadgets… et qui vole la vedette aux vrais chercheurs, capables de faire émerger un nouveau monde.

La septicémie, qui représente une des premières causes de mortalité en milieu hospitalier, pourrait bientôt appartenir au passé. Comment ? Grâce à un algorithme d’intelligence artificielle capable de détecter, une demi-heure avant qu’elle ne survienne, une chute brutale de la pression artérielle très souvent indicatrice d’une infection du sang. Trente minutes suffisent à l’équipe soignante pour intervenir, sauver ainsi des milliers de vies et économiser des milliards de dollars. Une telle avancée est le fruit de la collaboration entre l’expert en intelligence artificielle Antoine Blondeau, fondateur de  Sentient Technologies, et les chercheurs du MIT .

On est bien loin du buzz que des entreprises peu scrupuleuses font parfois, en estampillant « IA » des solutions technologiques qui pour certaines n’ont rien à voir avec l’intelligence artificielle, pour attirer les investisseurs et les clients. Après le « green washing », consistant à donner un vernis durable à des produits et des services qui ne le sont pas, l’« AI washing » nous promet monts et merveilles avec des solutions qui ne sont que des gadgets.

Confusion pour le grand public

C’est que derrière le succès actuel du terme « intelligence artificielle » – d’ailleurs choisi un peu par hasard en 1956 par John McCarthy, se cachent des technologies complexes : le « deeplearning », qui permet la reconnaissance des objets et des mots, associé au « machine reasoning », qui permet d’élaborer des modèles prédictifs, les deux étant complétés par des algorithmes génétiques et des codes écrits par la machine elle-même. Si bien que le grand public a parfois du mal à comprendre les tenants et les aboutissants.

D’où la difficulté à savoir ce qui relève vraiment de l’IA : de nombreux produits ou services qui disent reposer sur de l’intelligence artificielle, ne mobilisent en réalité que des logiciels d’automatisation basiques. Un autre mirage consiste à faire croire, en particulier aux chefs d’entreprises, que l’intelligence artificielle est toujours la réponse la plus adaptée pour accroître l’efficacité d’un processus. C’est loin d’être systématiquement le cas. Ainsi, lorsqu’on cherche une réponse à une question précise, les outils analytiques de Business Intelligence sont souvent plus pertinents. Mais label « IA » attire le chaland… et certains en abusent.

Loin des médias

Si, comme tous les eldorados, l’intelligence artificielle a ses charlatans, elle a aussi ses magiciens. Antoine Blondeau,  Chris Boos, fondateur de la société Arago ,  TomasoPoggio du MIT , Yann Le Cun de Facebook AI Research, Sean Tang,  fondateur de SenseTime ,  Jürgen Schmidhuber du laboratoire suisse Idsia,  Demis Hassabis de Deepmind … venus de tous les continents, ils travaillent ensemble autant dans les laboratoires, les universités que les entreprises. Ils forment une communauté d’experts capables de faire émerger un nouveau monde, sans bruit, loin des médias.

On sait que l’intelligence artificielle sera la rupture technologique, sociale et économique des décennies à venir. Et il est certain que les prochaines licornes seront des entreprises d’intelligence artificielle. Mais la bataille ne se joue pas toujours où on le croit. Ni chez ceux qui en parlent beaucoup, ni forcément chez les GAFA ou leurs cousins chinois, les BAT. Les innovations véritables sont le fait de scientifiques et de techniciens qui n’aiment pas la lumière.

Quant à ceux qui bluffent, en prétendant développer des solutions d’IA quand ce n’est pas le cas, ils pourraient bien être pris à leur propre piège. Car après DeepBlue aux échecs et Alphago au jeu de Go, le programme Libratus a envoyé au tapis, en janvier 2017,  quatre joueurs de poker professionnels . En nous laissant face à ce constat vertigineux : l’intelligence artificielle sait donc bluffer, et intégrer le bluff des autres à sa propre stratégie ! Il ne lui reste plus qu’à apprendre à démasquer

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L’intelligence artificielle est une menace sérieuse pour le journalisme

Selon une étude du Future Today Institute, le recours à l’intelligence artificielle pour écrire des articles menace à terme le secteur du journalisme, notamment par l’utilisation de la reconnaissance vocale. A moins d’anticiper ce mouvement et passer des partenariats avec les spécialistes de l’AI.

L’intelligence artificielle est déjà entrée dans le monde du journalisme, mais son développement promet de bouleverser le secteur avec, à la clef, des opportunités, mais aussi « une menace existentielle », selon une étude publiée samedi par la Future Today Institute. L’étude rappelle que des organisations utilisent déjà l’intelligence artificielle pour écrire des articles à partir de données comme des résultats sportifs ou des informations financières.

Selon l’étude, le développement des machines permettra « dans un avenir pas si lointain », de générer, sans l’intervention de journalistes, des articles qui ne se contenteront plus de mettre en forme des données, mais en dégageront une analyse.

Le recours à la voix

Mais pour l’institut, créé par Amy Webb, spécialiste des tendances émergentes en matière de technologie, la menace la plus sérieuse vient de l’évolution du rapport des individus à la technologie. D’ici 2023, selon les prévisions du Future Today Institute, la moitié des interactions des individus avec les ordinateurs s’effectueront par le biais de la voix. L’émergence de l’assistant vocal, qu’il s’agisse de l’Alexa d’Amazon, du Siri d’Apple, du Cortana de Microsoft ou de l’Assistant de Google, est la manifestation la plus visible de cette tendance lourde.

Les auteurs de l’étude estiment, dès lors, que la manière dont les médias vont se positionner dans cette nouvelle voie de communication sera déterminante pour leur avenir. Faire partie des sources retenues par un assistant vocal, être cité comme tel, avoir une influence sur l’éventuelle agrégation de données restituées vocalement à l’individu sont quelques-uns des enjeux fondamentaux de cette révolution technologique, selon l’étude.

Une « menace existentielle »

Pour l’institut, l’émergence de l' »AI », comme elle est appelée par les Anglo-saxons, « constitue une menace existentielle pour l’avenir du journalisme » si les médias ne se saisissent pas davantage du sujet. Si certains organes de presse ont lancé des expérimentations avec Alexa et Google Home (haut-parleur connecté), le monde du « journalisme lui-même ne participe pas activement à la constitution de l’écosystème « AI » », souligne l’étude.

« Les médias sont des clients, pas des contributeurs significatifs », insistent les auteurs du document qui affirme qu’outre l’intelligence artificielle, les machines vont sensiblement modifier nombre de pratiques journalistiques dans les années à venir. Pour l’institut, les éditeurs et organisations professionnelles doivent mettre en place des partenariats pour favoriser la collaboration avec les géants d’internet et le développement d’expérimentations.

Les ECO

LANCEMENT DU CONSEIL D’AFFAIRES MAROC-AUSTRALIE

Pour promouvoir les relations et les liens d’amitié entre les communautés d’affaires en Australie et au Maroc, un groupe d’acteurs économiques a lancé officiellement dimanche à Marrakech le Conseil d’affaires Maroc-Australie.

L’AustraliaMorocco Business Council (AMBC) aura pour mission principale la promotion des relations économiques, commerciales, financières, technologiques, professionnelles et culturelles entre les deux pays et les deux communautés d’affaires. L’AMBC est une association de droit marocain dirigée par un Conseil exécutif composé de membres élus marocains et australiens.

L’AMBC est née des efforts menés par ses membres fondateurs, l’ambassadrice de l’Australie au Maroc, Owen-Jones, Oussama Alaoui, vice-président d’honneur et représentant au Maroc de la Commission australienne de commerce et d’investissements – Austrade, Ali Alami, secrétaire général et Omar Jouahri, président, indique un communiqué de l’Ambassade d’Australie.

L'economiste

Croissance : Comment l’économie s’est comportée au 3 trimestre?

L’économie nationale aurait enregistré une croissance de 3,8% au troisième trimestre 2017 contre 4,2% un trimestre plutôt, selon l’arrêté des comptes du Haut commissariat au plan (HCP). En glissement annuel, la croissance reste toutefois plus forte, en gagnant 2,5 points comparé à la même période de l’année dernière. Cette progression s’explique sans surprise par la bonne dynamique des activités agricoles qui ont connu une hausse de 14,7% contre une baisse de 13,6% un an plutôt. Pour leur part, les activités hors agriculture ont progressé de 2,6% portées par le secteur tertiaire et les mines. La donne sera encore positive au quatrième trimestre avec une croissance attendue de l’économie de 3,9%, au lieu de 1% une année plus tôt.

Copropriété: Enfin le règlement-type!

  • Un projet de décret adopté en conseil de gouvernement
  • Il est opposable aux copropriétaires en cas de litige

Les copropriétaires n’ont plus d’excuses: ceux qui ne disposent pas de leur propre règlement de copropriété pourront désormais utiliser le modèle-type qui vient d’être adopté en conseil de gouvernement. Le texte est porté par un projet de décret, prévu par la loi 18-00 et qui n’a jamais été publié.

Les relations à l’intérieur de bon nombre de copropriétés sont souvent empoisonnées à cause de l’absence du règlement permettant de gérer les parties communes et privatives d’un immeuble. Désormais, les copropriétaires seront obligés de s’en tenir à ce règlement-type qui sera bientôt publié au Bulletin officiel.

Le document reprend les dispositions réglementaires prévues par la loi 18-00, amendée par le texte 106-12. Il comporte des principes qui seront opposables aux copropriétaires. Ces derniers ont la possibilité d’y intégrer des dispositions particulières à condition que cela soit d’un commun accord.
Le règlement-type se compose de plusieurs parties et doit d’abord définir la nature du bien (immeuble, villas, magasins…), le numéro de son titre, le nom de la résidence ou du complexe résidentiel, le nombre de niveaux, l’existence d’un sous-sol, d’une terrasse, etc.

Il doit également donner le détail des parties communes et privatives. Les copropriétaires devront préciser la liste des composantes de chacune des parties  ainsi que leur vocation: résidence, commerce, etc. Le règlement s’applique à tous les types de copropriété: horizontal (ensemble de villas d’un complexe), vertical (immeuble) ou tout autre construction destinée à l’habitation ou à d’autres activités. Cela devrait régler certains litiges avec des personnes qui possèdent des locaux (magasins, cafés, etc.) et qui refusent à tort de payer les frais de syndic parce qu’elles n’exploitent pas les parties communes.

D’ailleurs le règlement modèle comporte un tableau de répartition des tantièmes revenant à chacun des copropriétaires en termes de parties privatives et communes, élaboré par un géomètre-topographe. La grille définit également le nombre de voix revenant à chacun des copropriétaires qu’il s’agisse d’un bureau, d’un logement, d’un local commercial… «Le géomètre affecte aux copropriétaires des métrés dans les parties communes en fonction de la superficie de leur bien. C’est ce qu’on appelle des tantièmes», précise Reda Bennani Dakhama, directeur de Home Syndic.

La publication du règlement-type induira une mise en conformité des règlements adoptés dans le cadre de la loi 18-00. Or, celle-ci a été amendée par un autre texte (106-12) qui comporte de nouvelles dispositions. Ainsi, «les décisions qui se prenaient à la majorité des présents doivent l’être à présent à 75% des copropriétaires conformément à la loi 106-12. Par conséquent, le règlement de copropriété doit le stipuler. Dans le cas contraire, il faudra l’amender. Même si le règlement n’est pas modifié, c’est la loi qui s’applique», précise Bennani.

Rappel

Le projet de règlement-type de copropriété précise les règles du jeu pour une bonne cohabitation dans les résidences. Il rappelle l’ensemble des dispositions de la loi, fixant les droits et obligations des propriétaires et devra permettre d’éviter les conflits au sein des copropriétés. Le règlement doit être remis à chacun des copropriétaires ou à son mandataire.

LA VIE ECO

EXPORTATIONS DE PRODUITS AVICOLES EN EUROPE : LE MAROC SE PRÉPARE ACTIVEMENT

Des experts européens ont audité les services vétérinaires de l’ONSSA.

La Maroc aspire à exporter de la viande de volaille et des produits à base de cette viande traitée thermiquement vers les pays de l’Union Européenne. Pour ce faire, les services vétérinaires de l’ONSSA ont été audités par une équipe d’experts de la Commission Européenne (CE) du 11 au 22 septembre 2017. La mission a porté sur l’évaluation des plans de surveillance des résidus des médicaments vétérinaires, des pesticides et des contaminants de l’environnement, le suivi de leur mise en œuvre ainsi que l’évaluation des compétences techniques des services vétérinaires de l’office. Elle a également concerné la vérification de la mise en œuvre du plan de surveillance des résidus dans l’aquaculture, dont les produits sont autorisés à l’export depuis 2004. Les experts européens ont aussi procédé à la vérification des mesures prises par l’office en matière de sécurité sanitaire des viandes et produits à base de viandes de volaille et des produits de l’aquaculture.

Dans le même esprit, des visites de fermes d’élevage de poulet et de dinde, d’abattoirs avicoles, d’établissements de préparation des viandes et produits à base de viandes et d’aliments pour animaux, de fermes aquacoles, de sociétés pharmaceutiques et de cabinets vétérinaires privés ont été organisées en vue de s’assurer que les circuits de commercialisation et d’utilisation des médicaments vétérinaires sont bien maîtrisés par les services vétérinaires de l’ONSSA.

Cet audit fait suite à celle portant sur l’amont de la filière avicole qui a eu lieu en mars 2017. Pour boucler la boucle, un dernier audit relatif à l’aval de la filière (établissements d’abattage, de préparation et de transformation des viandes de volaille) est programmé pour décembre 2017. C’est à son issue que l’ont saura si les produits avicoles marocains pourront entrer dans le marché de l’UE.

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Règles comptables vs Règles fiscales : l’harmonisation tarde à voir le jour

 Les règles fiscales sont parfois déconnectées de la réalité économique et comptable. Cette non-convergence n’est pas du goût des opérateurs qui la considèrent comme étant pénalisante. La connexion comptabilité/fiscalité est complexe, car ambivalente.

Le redressement fiscal chez certaines banques a ressuscité le débat sur la nécessité de l’harmonisation entre les dispositions fiscales et les règles de provisionnement bancaires.

A l’occasion de la présentation des résultats semestriels de l’exercice en cours, deux grands banquiers de la place ont attiré l’attention et attribué ce redressement fiscal, entre autres, au décalage existant entre la réalité économique et celle fiscale.

Une requête qui apparemment ne date pas d’aujourd’hui, vu que cela fait au moins une décennie que la Banque centrale avait sollicité la Direction générale des impôts pour un tel alignement. «C’est un dossier que nous avons ouvert avec la Direction générale des impôts il y a déjà 10 ans. Nous leur avons demandé d’examiner ensemble la convergence des règles prudentielles et des règles fiscales», rappelle à ce titre le gouverneur Abdellatif Jouahri à l’occasion du dernier Conseil de BAM.

L’argentier étaye ses propos par une liste de pratiquement 80 pays où ces règles convergent. Et d’ajouter : «les banques n’ont pas intérêt à surestimer les provisions, car elles sont suivies par la Bourse, par les actionnaires et par l’autorité de contrôle…».

Du coup, la DGI ne peut appliquer les mêmes règles à une banque et à une petite entreprise. Les banques au Maroc disposent de leur propre plan comptable et sont sous la tutelle d’un régulateur.

Ambivalence !

Cette distorsion entre les dispositions fiscales et les règles de provisionnement des créances en souffrance n’est pas propre aux banques, mais s’étend également aux sociétés de financement et aux compagnies d’assurances. Mieux encore, elle ne se limite pas aux règles de provisionnement, mais aussi à celles de l’amortissement.

Dans un souci d’équité, si le législateur souhaite harmoniser les dispositions fiscales avec celles économiques, il est appelé à le faire pour les secteurs, toutes catégories confondues, et aussi bien en matière de provisionnement que d’amortissement. Cette harmonisation se traduirait par des déductions fiscales qui risquent d’impacter le Budget qui, bon an mal an, ne trouve pas encore la forme.

Interrogé sur l’enjeu d’un tel débat, Hicham Bensaid, directeur des risques et de l’information à Euler HermesAcmar, confirme qu’il s’agit d’un débat de fond. A son tour, il prétend que c’est incompréhensible pour un opérateur économique que deux entités publiques de tout premier plan, telles que la Banque centrale ou l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale prévoient des dispositions spécifiques (par exemple, provisionnement des créances problématiques sur base statistique), alors qu’un autre pôle étatique, l’Administration fiscale en l’occurrence, adopte un principe tout à fait différent. Il plaide ainsi pour une harmonisation entre les différents organes publics.

A noter que cette déconnexion entre les règles comptables et celles fiscales n’est pas propre à notre pays. Même sous d’autres cieux, elle a souvent fait l’objet d’incessantes discussions. Et le débat n’est pas fini pour autant. La connexion comptabilité/fiscalité est complexe, car ambivalente.

Comment ? Les règles comptables impactent la fiscalité : les traitements comptables entraînent des conséquences sur le calcul de l’impôt et, de cause à effet, sur les recettes fiscales de l’Etat.

Aussi, les règles fiscales impactent-elles la comptabilité dans la mesure où l’administration fiscale n’admet pas la déductibilité des provisions sans objet ou bien des amortissements exagérés.

Aujourd’hui, les banquiers sont un peu confiants et espèrent que le législateur en tiendra compte dans la Loi de Finances 2018. Mais rien n’est moins sûr si l’on tient compte de la réforme en cours de la circulaire de provisionnement des créances sensibles (IFRS9), dont le calendrier va s’accélérer. Serait-il donc possible d’envisager une harmonisation dans l’immédiat ? Ne risque-t-elle pas d’être caduque avec la nouvelle circulaire de provisionnement ? Wait and see !