PESTICIDES A USAGE AGRICOLE : LES AUTORISATIONS SOUMISES A UN REEXAMEN REGULIER

Les autorisations des pesticides à usage agricole font l’objet d’un réexamen régulier, a affirmé mardi l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), faisant savoir que les importations marocaines en pesticides utilisés en agriculture représentent uniquement 2% du total des exportations de l’Union Européenne (UE) en ces produits.

Réagissant à la publication récente d’un rapport par des organisations non gouvernementales sur l’exportation de pesticides non autorisés en Europe vers 85 pays, dont le Maroc, l’Office précise, dans un communiqué, que ces importations marocaines en pesticides sont principalement à base du 1,3 Dichloropropène, Paraquat et Cyanamide d’hydrogène.

Le 1,3-Dichloropropène (1,3 D), représente en lui seul 87% de ces importations, explique la même source, relevant qu’il s’agit d’un pesticide à action nématicide, utilisé pour la désinfection du sol contre les nématodes bien avant la mise en culture. « Ce pesticide est actuellement homologué et utilisé dans plusieurs pays à travers le monde, notamment les USA, le Japon, l’Australie. Dans les pays de l’UE, son utilisation est toujours autorisée via l’octroi d’autorisations exceptionnelles notamment dans les pays producteurs de cultures maraîchères et de fruits rouges », souligne le communiqué.

En outre, l’ONSSA souligne que le 1,3-Dichloropropène est actuellement en cours de réexamen en Europe en vue de son éventuelle réapprobation sur la base des nouvelles données scientifiques.

Par ailleurs, sur les 41 matières actives citées dans ledit rapport, le secteur agricole marocain est concerné par 8 matières actives dont 4 sont déjà retirées du marché national (Propargite, Atrazine, Carbendazime et Acétochlore), indique la même source, notant que « l’ONSSA a programmé le réexamen en 2021 du Paraquat, du 1,3-Dichloropropène, du Cyanamide d’hydrogène et du Triasulfuron ». L’ONSSA, poursuit le communiqué, procède régulièrement au réexamen de matières actives, notant qu’entre 2018 et 2020, l’Office a retiré 15 matières actives du marché national notamment le Chlorpyriphos-éthyle, Chlorpyriphos méthyle, Dinocap, Amitrole, Trichlorfon, Carbofuran, Propargite, Dichlorvos (DDVP), Methidathion, Iprodione, Diflovidazine, Ethoprophos, Linuron, Propinèbe et certaines préparations contenant le glyphosate. « Ceci s’inscrit dans le cadre d’une approche intégrée qui vise l’utilisation rationnelle des pesticides pour contribuer au développement d’une agriculture durable », souligne-t-on, ajoutant que c’est dans ce même cadre que l’ONSSA a déjà initié en juillet 2020 le processus de réexamen de 10 autres matières actives pour les soumettre à l’avis de la commission interministérielle de mars 2021 et a informé les sociétés détentrices des homologations de ces produits conformément à la réglementation et aux procédures en vigueur.

Cette démarche de réexamen des pesticides est adoptée par l’ONSSA chaque fois qu’il est nécessaire, notamment à la lumière des données scientifiques, le statut des pesticides à l’échelle internationale et les données de la phytopharmacovigilance au niveau national, conclut le communiqué.

LesEco.ma

CNSS / TOURISME : LES MESURES PREVUES POUR LES OPERATEURS

Le délai de la demande du bénéfice du soutien au profit du secteur touristique au titre des mois de juillet et août 2020 a été prorogé au 24 septembre, a annoncé la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Les opérateurs relevant du secteur du tourisme concernés peuvent effectuer, jusqu’au 24 septembre, les déclarations de leurs salariés pour bénéficier de l’indemnité forfaitaire des mois de juillet et août 2020, indique la CNSS dans un communiqué, notant que cette indemnité est financée par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus (covid-19) qui a été créé sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

S’agissant de l’indemnité du mois de septembre, les opérateurs pourront procéder à la déclaration de leurs salariés sur le portail « covid19.cnss.ma » durant la période allant du 16 septembre au 3 octobre, fait savoir la Caisse.

Cette mesure concerne les établissements d’hébergement classés, les agences de voyages agréées, les transporteurs touristiques agréés, ainsi que les guides touristiques assujettis au régime de sécurité sociale conformément à la loi 98.15 et 99.15 relatives à la couverture sociale et médicale des travailleurs non salariés.

Mardi dernier, la CNSS a lancé un portail électronique réservé à la déclaration des salariés des entreprises du secteur touristique et des professionnels éligibles à l’indemnité forfaitaire. Les entreprises concernées peuvent déclarer leurs salariés et les stagiaires sous contrat insertion pour bénéficier d’une indemnité mensuelle de 2.000 DH devant être servie durant la période allant du 1er juillet à fin décembre 2020, outre le droit aux allocations familiales et à l’assurance maladie obligatoire (AMO), conformément aux dispositions juridiques en vigueur.

Pour pouvoir profiter de ce soutien, le chiffre d’affaires de l’entreprise doit être en baisse d’au moins 25%, de même que celle-ci doit s’engager à maintenir au moins 80% des postes d’emploi.

MAROC: REPLI DES RECETTES FISCALES BRUTES A FIN AOUT (TGR)

Les recettes fiscales brutes se sont établies à 130,5 milliards de dirhams (MMDH) au titre des huit premiers mois de cette année, soit une diminution de 7,7% par rapport à fin août 2019, selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR).

Cette baisse résulte du recul des recettes douanières de 12,5% et de la fiscalité domestique de 5,8%, explique la TGR dans son récent bulletin mensuel de statistiques des finances publiques (BMSFP).

Les recettes douanières nettes (droits de douane, TVA à l’importation et TIC sur les produits énergétiques) ont été de 36,2 MMDH, compte tenu de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux de 67 millions de dirhams (MDH) à fin août 2020, précise la même source.

Le bulletin fait également ressortir que les recettes nettes réalisées au titre de la fiscalité domestique se sont établies à 81,7 MMDH , en diminution de 5,3% par rapport à fin août 2019, compte tenu des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux supportés par le budget général qui ont été de 4,7 MMDH. Les recettes brutes de la fiscalité domestique ont été de 86,4 MMDH à fin août 2020.

Par ailleurs, les recettes non fiscales ont augmenté de 56,1% à 30 MMDH, en raison notamment de la hausse des versements des comptes spéciaux du Trésor (CST) au profit du budget général (16,5 MMDH contre 2,9 MMDH) et des fonds de concours (4,1 MMDH contre 570 MDH), conjuguée à la diminution des recettes de monopoles (6 MMDH contre 6,7 MMDH), des recettes de privatisation, des recettes en atténuation des dépenses de la dette (1,2 MMDH contre 1,8 MMDH) et de la redevance gazoduc (273 MDH contre 699 MDH).

Challenge.ma

 

CORONAVIRUS : LE TOURISME MONDIAL A PERDU 460 MILLIARDS DE DOLLARS

La chute du nombre de touristes internationaux à cause de la pandémie de coronavirus a entraîné une perte de 460 milliards de dollars pour le secteur au premier semestre, a estimé l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

En cause, une chute de 65% du nombre de touristes internationaux durant cette période marquée par les fermetures de frontières et les restrictions pour les voyageurs, a détaillé l’organisme des Nations unies basé à Madrid. Ce plongeon de l’activité a généré des pertes qui « multiplient par cinq celles enregistrées durant la crise économique et financière de 2009 », a estimé l’OMT. « C’est un secteur dont dépendent des millions de personnes pour gagner leur vie », a alerté le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili.

Selon l’OMT, l’évolution du tourisme au mois d’août laisse prévoir « une baisse de la demande proche de 70% » pour toute l’année 2020 alors que certaines régions du monde comme l’Europe connaissent depuis cet été un rebond de l’épidémie conduisant à de nouvelles restrictions pour les voyageurs. « Le retour au niveau de 2019 en matière d’arrivées de touristes prendra entre 2 et 4 ans », a ajouté l’OMT.

En 2019, le tourisme mondial avait connu une croissance de 4% des arrivées. La France avait été la destination numéro 1 devant l’Espagne et les États-Unis.

LVE

ACTIVITE PORTUAIRE AU MAROC : TROIS PORTS REALISENT 78% DU TRAFIC

Les ports de Mohammedia, Casablanca et jorf lasfar ont assuré le transit de 49 millions de tonnes durant les huit premiers mois de 2020 ce qui représente environ 78,3% du trafic des ports gérés par l’agence nationale des ports (ANP), selon une note de synthèse de l’ANP sur l’activité portuaire à fin août dernier.

Chiffré à 25,7 millions de tonnes à fin août 2020, le port de Jorf Lasfar confirme sa première place avec une quote-part de 41% du trafic global, indique la même source, notant que par rapport à la même période de l’année précédente, ce port a enregistré une hausse de 7,6%, due principalement au fort rebond des exportations des engrais (+33%), des importations des céréales (+48%), du soufre (+26,9%) et de l’ammoniac (+23,3%).

Représentant environ 32,3% du trafic global, le port de Casablanca a assuré le transit de 20,2 millions de tonnes à fin août 2020. Par rapport aux huit premiers mois de l’année dernière, ce port a enregistré une hausse de 2,9%, induite particulièrement par l’augmentation des importations des céréales (+38,1%), des aliments de bétails (+21%) et des exportations du phosphate (+5,1%).

Par contre, le trafic des conteneurs a enregistré une baisse de 6,2% en tonnage et 5,7% en EVP dans le port de Casablanca.

Le port de Mohammedia représente 5% tu trafic global. Avec un volume de 3,1 millions de tonnes, l’activité de ce port a reculé de 13,1% par rapport aux huit premiers mois de l’année 2019 en raison principalement au recul du trafic du gasoil (-23,8%).

LA TRIBUNE

LA GUERRE CONTRE TIKTOK ET LA 5G CONTRARIE LES AMBITIONS DE LA TECH CHINOISE

Smartphones, infrastructures télécoms, jeux vidéo, e-commerce… les firmes chinoises de la Tech ont réalisé ces dernières années une percée fulgurante à l’international. Mais elles se retrouvent également de plus en plus menacées, dans un contexte d’accusations d’espionnage et de tensions diplomatiques dans un mouvement qualifié de « techno-nationaliste ». Seront-elles contraintes de se recentrer sur leur seul marché domestique ?

La menace d’interdiction de TikTok aux Etats-Unis contraint les géants chinois de la tech à repenser leur développement à l’international, et risque de les obliger à se recentrer sur leur marché d’origine, estiment des experts.

Des smartphones aux infrastructures pour la 5G de Huawei, en passant par les jeux vidéo du groupe Tencent — dont le très populaire PUBG — et pléthore d’applications mobiles, les firmes chinoises ont réalisé ces dernières années une percée fulgurante à l’international.

Mais elles se retrouvent également de plus en plus menacées, dans un contexte d’accusations d’espionnage, en particulier aux Etats-Unis, et de tensions diplomatiques.

« La technologie devient de plus en plus un enjeu géopolitique » et pour un nombre croissant de pays « une priorité stratégique », déclare à l’AFP Dexter Thillien, analyste chez Fitch Solutions.

Ils « considèrent que l’innovation et les technologies ont un impact direct sur la sécurité nationale, l’économie et la stabilité sociale », analyse Alex Capri, chercheur pour la Fondation Hinrich, un organisme indépendant qui suit les évolutions du commerce mondial.

Après un différend frontalier meurtrier en juin avec la Chine, l’Inde a interdit près de 180 applications mobiles de son voisin, accusées d’être « préjudiciables à la sécurité de l’Etat ».

La décision écarte de fait les firmes chinoises du second plus gros marché mondial de l’internet en termes d’utilisateurs.

« Techno-nationalisme »

Chaque pays « prend des mesures pour se renforcer », fait remarquer M. Capri, qui qualifie ce phénomène de « techno-nationalisme ».

Aux États-Unis, le président Donald Trump accuse, sans preuve, l’application de vidéos courtes TikTok d’espionnage potentiel au profit des services de renseignements chinois.

Le locataire de la Maison Blanche menace de l’interdire aux États-Unis au nom de la « sécurité nationale », à moins que les activités de la plateforme dans le pays ne soient revendues à une société américaine.

TikTok est utilisée chaque mois par 100 millions de personnes aux États-Unis — soit environ un tiers de la population.

Les firmes chinoises doivent ainsi trouver un difficile équilibre entre satisfaire les intérêts chinois et répondre aux exigences de pays étrangers, indique à l’AFP Larry Ong, analyste pour le cabinet SinoInsider.

Inévitablement, « les entrepreneurs chinois risquent d’y réfléchir à deux fois avant d’envisager de se développer à l’international », estime Nicolas Colin, co-fondateur de The Family, un incubateur de start-up européennes.

À la place, « plutôt que de risquer le même sort que TikTok, [ils] pourraient se recentrer sur le marché chinois », l’un des plus vastes et plus connectés au monde avec quelque 900 millions d’internautes, assure M. Colin.

Et ce spécialiste du numérique y voit un atout: les géants chinois de la tech connaissent déjà très bien leur marché, grand comme celui des États-Unis et de l’Europe réunis, où l’usage d’internet est « radicalement différent ».

En Chine, les principaux géants mondiaux du numérique (Google, Facebook, Twitter…) sont bloqués derrière une « Grande muraille informatique » qui censure tout contenu jugé politiquement sensible.

TikTok a dans le pays une version spécifique, nommée Douyin. Son propriétaire, ByteDance, espère doubler d’ici l’an prochain le chiffre d’affaires de cette véritable poule aux oeufs d’or, actuellement à 5,1 milliards d’euros, a rapporté mardi l’agence Bloomberg.

Frein à l’innovation

Certains domaines innovants dans lesquels la Chine est à la pointe (voitures autonomes, intelligence artificielle, biotechnologies) offrent également aux géants chinois des technologies de nouveaux vecteurs de croissance.

Le moteur de recherche Baidu a ainsi lancé la semaine dernière à Pékin un service de taxis sans conducteurs, amené à révolutionner les transports.

Mais compte tenu de la dégradation des relations avec la Chine, les Etats-Unis vont probablement encore « accentuer leur pression sur les entreprises technologiques chinoises », prévient Larry Ong.

Et compte tenu de leur dépendance aux technologies américaines, certaines firmes chinoises risquent de « se battre pour leur survie » si elles font l’objet de sanctions de Washington, assure M. Ong citant l’exemple de Huawei.

Depuis mardi, le groupe chinois, sur liste noire américaine, ne peut plus utiliser de puces Kirin (du fabricant taïwanais TSMC) — qu’il ne sait pas fabriquer en interne — pour ses smartphones haut de gamme.

« Pékin fera tout son possible » pour soutenir ses géants, veut croire M. Thillien, évoquant des investissements massifs pour réduire la dépendance de la Chine aux technologies étrangères clés notamment les semi-conducteurs.

Le président chinois Xi Jinping a annoncé en mai une gigantesque enveloppe de 10.000 milliards de yuans (1.235 milliards d’euros) sur cinq ans à cet effet.

Mais la corruption et la faible protection de la propriété intellectuelle en Chine sont « un frein à l’innovation », estime Larry Ong.

A MARRAKECH VIDE DE SES TOURISTES, « C’EST COMME SI LA CARTE POSTALE ETAIT DECHIREE »

Depuis que le Maroc a fermé ses frontières face à la pandémie de Covid-19, la « ville ocre » tourne au ralenti, au grand dam des hôteliers, restaurateurs, guides, artisans…

LETTRE DU MAROC

Derrière les remparts du Vieux Marrakech, les conteurs ne livrent plus que le récit tragique d’une ville éteinte. « C’est comme si un bout de son âme lui avait été arraché, décrit l’un d’eux. Comme si la carte postale était déchirée. » L’homme marche sur la grande esplanade, tête baissée, marmonnant tantôt des plaintes, tantôt des prières. Il se languit de son public. De ces trois millions de touristes qui visitent chaque année la « ville ocre » et sa mythique place Jemaa-El-Fna, classée par l’Unesco, sa palmeraie, ses hôtels d’époque, ses jardins…

Depuis que le Maroc a fermé ses frontières, à la mi-mars, « jusqu’à nouvel ordre », la capitale touristique a des airs de ville morteet les habitants se souviennent avec nostalgie du temps où ils ne pouvaient pas se garer près de la vibrante médina et de ses marchés grouillants. Aujourd’hui, on ne sent plus les parfums d’épices et de viande mijotée. Les gargotes ont fermé, les calèches tournent à vide, les charmeurs de serpents et autres dompteurs de singes sont sans emploi.

« Et nous, on meurt », résume Ahmed, vendeur de babouches dans une ruelle ombragée jalonnée de rideaux baissés : « Les affaires allaient très bien l’an dernier, c’est un déchirement aujourd’hui. » L’année 2019 avait en effet marqué une année record pour le tourisme marocain, avec 13 millions de visiteurs, principalement à Marrakech et à Agadir. « Maintenant, on pourrait vendre à perte, supplier les gens de nous acheter la marchandise, ça ne servirait à rien puisqu’il n’y a personne », se désole le quinquagénaire.

Des horaires d’ouverture restreints

Trois mois après un confinement drastique, le royaume misait sur le tourisme national pour faire repartir ce secteur qui pèse 7 % de son produit intérieur brut (PIB).

En juillet, les restaurants, les musées, les sites archéologiques et les hôtels ont bien été autorisés à ouvrir sous certaines conditions, mais, face à la flambée des cas de Covid-19, les autorités ont de nouveau imposé des restrictions.

Avec 88 203 cas, et 1 614 décès à ce jour, le pays, toujours en état d’urgence sanitaire, vit au rythme d’un semi-confinement. Le port du masque est obligatoire, les déplacements internes soumis à des autorisations exceptionnelles, et, à Casablanca ou à Marrakech, des horaires restreints ont été imposés aux restaurants, cafés, commerces et parcs publics.

« Nous avons bien eu quelques clients locaux, mais avec les restrictions de déplacement et maintenant la rentrée des classes, il n’y a plus grand monde. En temps normal, 90 % de notre clientèle vient de l’étranger. Vous imaginez les pertes que cela engendre pour nous ? », regrette Daniel Penet, patron de Ciel d’Afrique, qui propose des vols en montgolfière à Marrakech. Avant la crise, il comptait entre trente et quarante clients par jour. « Aujourd’hui, c’est trente par mois. » Même son de cloche du côté des restaurateurs : « Nous avons quelques clients venant de Casablanca ou de Rabat, mais nous avons dû passer de 200 couverts à 60 », déplore Mohamed Anaflous, propriétaire de La Trattoria, au centre-ville, déficitaire depuis sa réouverture fin juin.

Depuis quelques jours, les touristes étrangers disposant d’une réservation d’hôtel sont autorisés à revenir. La nouvelle aurait dû redonner le sourire aux opérateurs, mais la faible fréquence des vols, l’obligation pour les voyageurs de présenter des tests de dépistage datant de moins de quarante-huit heures ainsi que le flou lié à l’interdiction des déplacements intérieurs freinent les réservations. « Ce n’est pas une ouverture officielle des frontières. Certains touristes peuvent se greffer sur des vols spéciaux, mais cela reste limité et ne suffit pas à remplir », explique Kenza Zizi, directrice du marketing au Royal Mansour. Alors, comme la plupart des grands hôtels de la ville, le palace restera fermé.

« La situation est catastrophique »

L’impact de la crise s’annonce particulièrement lourd. Le Maroc devrait perdre au moins dix millions de touristes, selon les estimations officielles. Un coup dur pour ce secteur induisant plus de deux millions d’emplois indirects, notamment à Marrakech, qui en tire l’essentiel de ses revenus. Outre les salariés de l’hôtellerie et de la restauration, le tourisme fait vivre les fournisseurs, guides, artisans, taxis, conducteurs de calèche et des milliers de travailleurs informels.

Un dispositif d’aide lancé en août par le ministère du tourisme promettait bien de relancer le secteur, mais il reste largement insuffisant aux yeux des opérateurs. Parmi les mesures, une indemnité mensuelle de 2 000 dirhams (environ 180 euros) est prévue pour les salariés des hôtels, du transport touristique et des agences de voyage, mais elle ne prend pas en compte les nombreux employés non déclarés, ni certaines entreprises comme Ciel d’Afrique.

« Chaque jour qui passe est un poids supplémentaire pour des boîtes comme nous, livrées à elles-mêmes, assure Daniel Penet. La situation est catastrophique. Les tour-opérateurs, qui prévoient généralement leurs voyages plusieurs mois à l’avance, ont tout simplement rayé le Maroc de la carte. »

A terme, le risque de voir les investisseurs étrangers quitter la « ville ocre » inquiète de plus en plus. « Beaucoup ont déjà commencé à rentrer en Europe », avertit le chef d’entreprise. Marrakech n’a plus qu’un espoir : revoir les touristes pendant les fêtes de fin d’année. « A condition que notre gouvernement prenne enfin son courage à deux mains et lâche du lest pour sauver l’économie du pays », prévient un hôtelier.