PROXIMO REVUE DE PRESSE DU 21 Septembre 2020

Formation continue: Le dépôt des demandes de financement prolongé

Le département de la formation professionnelle incite les entreprises à bénéficier de la formation continue comme outil essentiel de développement de leur productivité et de leur compétitivité. Il annonce que des mesures exceptionnelles ont été prises en faveur des entreprises marocaines quant aux délais régissant les demandes de financement et de réalisation des actions de formation planifiées au titre de l’année 2020. Ainsi, les délais de dépôt des demandes de financement ont été prolongés au 31 octobre prochain. Pour sa part, le délai de réalisation des actions de formation planifiées a été prolongé au 31 mars 2021.

Le Département de la formation professionnelle à travers le Comité Central des Contrats Spéciaux de Formation (CSF) mettra en place au sein de l’unité de gestion des CSF une plateforme digitale afin d’accélérer le traitement et le remboursement des demandes de financement des études et des actions de formation continue des entreprises.

Dette intérieure du Trésor: L’encours en hausse de 41,9 milliards de DH

L’encours de la dette intérieure du Trésor s’est établi à 627,6 milliards DH à fin juillet 2020, en hausse de 41,9 milliards DH ou 7,2% par rapport à fin 2019 contre +10,2 milliards DH, soit +1,8% un an auparavant. Cette situation tient compte d’une baisse de 1,9 milliard de DH (-3,4%) des remboursements qui ont atteint 52,9 milliards DH, indique la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE).

Au total, les souscriptions effectuées sur le marché des adjudications des valeurs du Trésor (MAVT) ont atteint, à fin juillet dernier, près de 95,1 milliards de DH, marquant une hausse de 39,1% en glissement annuel. Selon la DTFE, cette hausse a concerné principalement les maturités à court terme avec des levées qui ont atteint 44,7 milliards de DH contre 10,8 milliards de DH, soit 47% du total contre 15,8% un an auparavant. La DTFE note que le financement du Trésor sur le marché domestique à fin juillet 2020 s’est effectué dans « des conditions satisfaisantes » et ce, malgré la situation exceptionnelle induite par la crise sanitaire.

Concernant les souscriptions pour les maturités moyennes, elles atteignent 21,8 milliards de DH, soit une hausse de 15,7%. Elles représentent ainsi 23% des levées contre 27,6% un an auparavant. De leur côté, les volumes en maturités longues baissent de 26,1% pour s’établir à 28,6 milliards de DH. Elles constituent de ce fait 30% des levées contre 56,6% il y a un an.

Banques participatives : le timide lancement des produits de financement garantis par la CCG

• L’ACTIVITÉ COMMERCIALE SE PORTE BIEN AVEC UN ENCOURS DES DÉPÔTS ET DE FINANCEMENT EN AMÉLIORATION CONTINUE.
• LES BANQUES N’ONT PAS ENCORE TOUTES LANCÉ LES PRODUITS DE FINANCEMENT BÉNÉFICIANT DE LA COUVERTURE DE LA CCG.
• BANK AL YOUSR, PIONNIÈRE EN LA MATIÈRE, A DÉJÀ DÉBLOQUÉ QUELQUES DOSSIERS.

Les banques participatives se portent visiblement on ne peut mieux, du moins du côté de leur activité commerciale. Elle est en amélioration continue au point que le taux de croissance dépasse celui des banques conventionnelles. A fin juillet, les dépôts (comptes courants et dépôts d’investissement) ont cumulé 3,7 milliards de DH, s’inscrivant ainsi en hausse de 14,6% depuis le début de l’année.
L’encours du financement participatif, lui, a pointé à 11 milliards de DH, en progression de 21% depuis début 2020. Si l’octroi de financement s’est légèrement essoufflé pendant la période de confinement, soit entre mars et mai, il a bien repris les mois suivants. Un chargé de clientèle d’une agence bancaire participative confirme que «les visites en agence et les demandes de financement se sont certes estompées pendant cette période, mais en face l’intérêt envers les produits de financement ne s’est pas amoindri. Les intéressés continuent d’appeler pour avoir des renseignements…». Il ajoute: «Une fois le déconfinement annoncé, plusieurs personnes se sont ruées vers notre agence et celles de nos confrères pour concrétiser leur achat immobilier ou disposer d’un financement à l’équipement ou autres». D’où cette performance de l’activité. Sans surprise, le financement Mourabaha immobilier accapare la majeure partie du financement participatif, avec un poids de 86%, atteignant 9,5 milliards de DH, en augmentation de 20%. Le financement lié à l’équipement, lui, s’est établi à 624 MDH, en croissance de 41,5% et celui destiné à la consommation s’est apprécié de 20% à 850 MDH.
Par ailleurs, dans le cadre de la diversification de l’offre destinée au financement des entreprises, Bank Al Yousr s’est particulièrement démarquée, en lançant sur le marché une large gamme de produits. «Nous sommes en mesure d’accompagner l’entreprise dans ses projets de création, de modernisation, d’extension. Nous répondons tant aux besoins d’investissement que d’exploitation, dans le respect des convictions et des principes qui animent la finance participative» précise Mouna Lebnioury, directrice générale de Bank Al Yousr. La banque a ainsi été le précurseur dans le lancement du produit «Salam», adressé aux entreprises qui expriment le besoin d’un financement à court terme destiné généralement à soulager les besoins en fonds de roulement. «Nous avons débloqué avec succès nos premiers dossiers Salam et nous nous attendons à un plus grand flux avec la vulgarisation du produit auprès du public», explique Mme Lebnioury.
De plus, la banque est également la première à lancer les contrats Mourabaha permettant de proposer une solution de financement globale, intégrant toutes les composantes d’un programme d’investissement, y compris les services annexes. Notons que ces produits rentrent dans le cadre des financements garantis par la CCG à travers sa fenêtre participative «Sanad Tamwil». D’ailleurs, la banque est la pionnière en la matière et aurait accordé les premiers financements assortis de cette garantie.
Umnia Bank a également déployé des produits de financement autant pour le particulier que pour l’entreprise. En effet, la banque a déjà lancé le produit «Fogaloge» destiné au financement du logement pour la classe moyenne et les MRE. Parallèlement, l’offre de financement destinée aux entreprises, permettant le financement de l’investissement est lancée aussi. Si certaines banques se sont lancées dans la commercialisation de ces produits, d’autres optent pour le wait and see. Il faut dire aussi que le contexte général ne s’y prête pas. Le contexte général n’offre pas assez de visibilité sur l’évolution de la situation, encore moins sur les perspectives économiques. Même en présence de tous les produits de financement, la clientèle devrait se montrer réticente à tout investissement futur. L’un des directeurs explique: «Nous sommes fin prêts et avons préparé une panoplie de produits dédiés à la clientèle corporate. Nous attendons juste le bon moment pour les commercialiser».
Il faut dire que la réticence des banques participatives à lancer ces produits pourrait être due aussi au manque de produits de refinancement. Toutefois, Mme Lebnioury assure que «la dernière baisse du taux directeur avec un élargissement des conditions aux banques participatives est une véritable bouffée d’oxygène pour nous». Dans la continuité de ces innovations, Bank Al Yousr accompagne également les entreprises qui opèrent dans les marchés publics. Elle est enfin en site pilote pour accompagner les entreprises qui opèrent à l’international.
Par ailleurs, la banque participative du groupe BCP intervient pour des mises en relation entre ses entreprises clientes ayant manifesté le besoin d’un accompagnement poussé et des cabinets d’experts. Il est à noter que ce service est optionnel et ne génère pas de commissions pour la banque. «Pour un redémarrage efficient de leur activité, nous invitons nos entreprises clientes à s’entourer des bonnes expertises et à se poser les bonnes questions autour de leur Business model», conclut Mme Lebnioury.

PLF 2021 : la communauté des affaires nourrit de grands espoirs !

CE TEXTE EST ATTENDU POUR JETER LES BASES D’UNE ÉCONOMIE PLUS RÉSILIENTE ET COMPÉTITIVE ET QUI REDONNE CONFIANCE AUX CHEFS D’ENTREPRISES.
• QUATRE GRANDS AXES CONSTITUENT L’OSSATURE DU PLF : RÉVISER LES DÉMARCHES ET DISPOSITIFS FISCAUX OU DOUANIERS QUI ENTRAVENT LE DÉVELOPPEMENT ET LA COMPÉTITIVITÉ DE L’ENTREPRISE MAROCAINE ; ENCOURAGER LA PRÉFÉRENCE NATIONALE ; ORIENTER NOTRE SYSTÈME DE TAXATION SUR L’ACTE DE CONSOMMER ET ALLÉGER LES TAXES QUI PORTENT SUR LA VALEUR CRÉÉE PAR L’ENTREPRISE ET, ENFIN, INTÉGRER LA DIMENSION SOCIALE DANS LES MESURES À ADOPTER.
• LA COHÉRENCE ENTRE LES MESURES SANITAIRES ET ÉCONOMIQUES DOIT ÊTRE ASSURÉE EN CONTINU.

Grand chantier de la rentrée économique, le projet de Loi de finances 2021 concentre toutes les attentions ! Le texte qui constituera la trame de fond pour insuffler la reprise à l’économie est structurant à plus d’un titre.
Le patronat a travaillé sur plusieurs axes pour en faire un texte cohérent et à fort impact économique qui instaure les bases d’une économie plus résiliente et compétitive et qui redonne confiance aux chefs d’entreprises. Le premier, c’est de faire en sorte de préserver le tissu productif et d’améliorer la compétitivité de l’entreprise marocaine, en révisant les démarches et dispositifs fiscaux ou douaniers qui entravent son développement et sa compétitivité. Le second, c’est d’encourager la préférence nationale, en donnant un corps aux démarches techniques et commerciales. Le troisième, c’est d’orienter le système de taxation sur l’acte de consommer, en allégeant, voire en supprimant toute taxation qui porte sur la valeur créée par l’entreprise. Le quatrième concerne l’intégration de la dimension sociale dans ce PLF. Alors que le cinquième et dernier a trait à la mise en place d’une écotaxe pour pousser les entreprises à contribuer à l’effort de transition écologique du pays. Tous ces axes seront traduits en mesures concrètes pour faciliter leur intégration dans le PLF 2021. «Nous avons déjà engagé le travail dans ce sens», apprend-on auprès de la Confédération patronale.
Par ailleurs, la CGEM a émis 12 recommandations (voir encadré). Sa priorité majeure est toutefois de batailler pour préserver les emplois. C’ engagements majeurs dans le cadre du Pacte pour la relance économique et l’emploi. Pour sauver les TPME qui composent majoritairement le tissu entrepreneurial, le patronat propose la mise en place d’une Indemnité perte d’emploi (IPE) de 6 mois pour tous les secteurs. Il s’agit, également, selon le président du patronat, «d’encourager la préférence nationale en donnant un corps aux démarches techniques et commerciales, d’orienter notre système de taxation sur l’acte de consommer en allégeant, voire en supprimant, toute taxation qui porte sur la valeur créée par l’entreprise et d’intégrer la dimension sociale dans ce PLF».
«Il y a un changement d’état d’esprit à opérer. Il faut passer d’une stratégie défensive à une stratégie offensive, en gardant notre optimisme et une vigilance accrue, malgré le peu de recul et le manque de visibilité que nous avons», ajoute M.Alj. Devant une urgence sociale qui se fait de plus en plus pressante, les responsables de la CGEM appellent à «libérer l’économie pour qu’elle reparte, au mieux, à minima lorsque les freins sont de notre ressort, tout en assurant un revenu minimum à ceux ayant perdu leurs emplois dans la limite de nos moyens».
Aussi, un programme très structurant tel que Intelaka se doit-il d’être redynamisé et pourra contribuer fortement à la relance tout en promouvant l’auto-emploi et l’acte d’entreprendre.
«Nous sommes dans l’attente du déploiement des mesures de soutien par les fonds propres et des plans de relance sectoriels» relève M.Alj qui fait notamment référence à l’annonce du Souverain, lors de son dernier discours du Trône, sur la mise en place d’un «plan ambitieux de relance économique pour permettre aux secteurs de production de se remettre d’aplomb, d’accroître leur capacité à créer des emplois et à préserver les sources de revenus».
En dehors des axes du PLF, il est recommandé l’accélération des réponses sectorielles (au-delà du tourisme) et mesures d’appui pour tous les secteurs clairement en souffrance. Aussi, le patronat recommande d’opérer un choc de demande nationale (Marchés publics et réduction de la TVA à considérer sérieusement devant une déflation qui semble se confirmer. Il est également conseillé de mettre en place une indemnité perte d’emploi pendant 6 mois pour les chômeurs issus de la crise, au-delà des procédures négociées.
Cela dit, la Confédération patron nouvelle stratégie de gestion des établissements et entreprises publics (EEP), l’orientation royale vers les Partenariats public-privé (PPP) ainsi que le Fonds d’investissement stratégique annoncés à la même occasion joueront un rôle déterminant dans cette relance. «Seul le secteur du tourisme a eu son plan de relance, alors que plusieurs secteurs sont en grande difficulté, notamment le textile, la restauration, l’événementiel, l’enseignement privé, le commerce, etc.», note M.Alj avec regret. C’est dire que la rentrée économique 2020-2021 fait l’objet de beaucoup de chantiers que la CGEM et ses partenaires doivent lancer et mener à bien avec cohérence, célérité, en donnant confiance par de la visibilité et en renforçant le contrôle de l’application des décisions. «Tout ceci en mobilisant les compétences pour sortir de cette crise avec le moins de dégât», conclut-on auprès de la Confédération.

Immobilier : Les promoteurs mènent l’offensive !

Afin d’organiser le secteur et assurer la relance

La Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI) a dévoilé jeudi dernier lors d’une conférence de presse les principaux axes de relance du secteur. Lourdement impacté par la crise sanitaire et économique liée à la Covid-19, le secteur de l’immobilier se trouve dans l’impasse et accuse un repli de 65% de son chiffre d’affaires. Sans parler du fait que le secteur dépend de plusieurs secteurs d’activités (services, aérien, tourisme, transport) et paramètres pour retrouver son rythme de croissance. Les professionnels estiment qu’il faudra 5 ans pour que cette dynamique reprenne. Une situation qui s’ajoute aux problématiques auxquelles est confrontée l’activité depuis un moment déjà. Législation désuète, lenteur des procédures administratives, obstacles au financement pour l’acquisition des biens immobiliers… au cours de cet échange avec la presse, les professionnels du secteur ont pointé du doigt les maux qui fragilisent l’activité et empêchent son redémarrage. Cette rencontre intervient quelques semaines avant la présentation du projet de loi de Finances 2021 et l’approche de la fin de la convention établie avec l’Etat sur l’habitat social.

Pour se relever de la crise, la FNPI propose trois chantiers majeurs de relance. L’enjeu est de taille. En termes de chiffres de l’immobilier, les professionnels n’ont pas manqué de souligner le poids de ce secteur pour l’économie nationale. Il représente 6,8% du PIB et assure un emploi pour plus d’1 million de personnes, soit 10% de la population active. Il génère 107,3 MMDH de valeur ajoutée et constitue 27% des recettes de la TVA. Les détails.

Législation désuète et inadaptée

Pour la FNPI, les textes législatifs sont dépassés et ne permettent pas au secteur de prendre de l’élan. Il s’agit notamment de la loi n° 25-90 relative aux lotissements, groupes d’habitations et morcellements en vigueur depuis le 17 juin 1992 et dont certaines dispositions ne sont plus adaptées à la situation actuelle du secteur de l’immobilier dont notamment l’article 11 relatif à la durée de validité de l’autorisation de lotir. Sur ce point précisément, les professionnels se plaignent de l’échéance de 3 ans jugée trop courte. L’article 11 précise en effet que l’autorisation de lotir est périmée si le lotisseur n’a pas réalisé les travaux d’équipement, à l’expiration d’un délai de trois ans qui court à partir de la date de la délivrance de l’autorisation. Les promoteurs estiment que cette disposition ne correspond plus à la réalité actuelle des choses. Et pour cause : la taille des lotissements qu’on construit aujourd’hui est plus conséquente, ce qui nécessite une marge de temps plus importante pour la réalisation du projet. Si le promoteur dépasse ce délai il se retrouve bloqué. Autre texte à revoir : la loi 66-12 en date du 25 août 2016 relative au contrôle et à la répression des infractions en matière de construction et d’urbanisme qui renforce le caractère coercitif des sanctions pécuniaires voire privatives de liberté est en déphasage avec la réalité du terrain. A cela s’ajoute la nécessité de mettre à jour la loi 107-12 en date du 3 février 2016 relative à la vente d’immeubles en l’état futur d’achèvement (VEFA) dans un sens qui renforce encore plus les droits des acquéreurs.

Léthargie administrative et processus de dématérialisation inachevé

Au niveau administratif, les professionnels du secteur dénoncent la lenteur des procédures qui jouent par ricochet en défaveur de l’accès du citoyen au logement. Ils appellent à cet effet à faciliter et simplifier des procédures de délivrance des autorisations et d’accélérer les phases de réception : permis d’habiter, certificat de conformité. Dans ce sens, la FNPI rappelle l’étude datée du mois de juin dernier effectuée par le Conseil professionnel du cadre bâti (CPCB) sur le délai minimal pour la réalisation d’un projet immobilier. Ce délai est passé de 440 jours (avant Rokhas.ma) à 409 jours (après la mise en place de Rokhas.ma) n’ayant ainsi été réduit que de 31 jours. Pour les professionnels il reste encore du chemin à faire au niveau de la dématérialisation des procédures qui n’a donc pas encore atteint les objectifs attendus et ne donne pas satisfaction dans la pratique.

Financement : le talon d’Achille

L’accès de tout citoyen au logement dépend de l’obtention d’un crédit bancaire pour financer ce projet de vie. Or, il existe actuellement plusieurs obstacles à cette démarche sur lesquels les promoteurs immobiliers veulent agir. A commencer par les taux d’intérêt bancaires qui ne s’alignent pas sur la baisse du taux directeur annoncé par Bank Al-Maghrib. Les acteurs du secteur de l’immobilier demandent 3% (HT) pour les acquéreurs au lieu des taux pratiqués actuellement.

FinCen Files : LE MAROC SOUS LES RADARS DU CONTROLE FINANCIER AMERICAIN

Pendant plus d’un an, des centaines de journalistes ont enquêté surles milliards de dollars de fonds suspects qui circulent à travers le système bancaire mondial sûr la base de documents confidentiels du FinCEN américain obtenus par BuzzFeedNews. L’enquête menée par le Consortium International des journalistes d’investigation (ICIJ), auquel le Desk a été associé, montre qu’au Maroc, zone grise du contrôle des flux financiers, très rares sont les banques impliquées dans ce système de contrôle.

« FinCEN Files » : de grandes banques mises en cause dans la circulation d’argent sale

Au moins 2000 milliards de dollars de transactions suspectes auraient été réalisées entre 2000 et 2017, selon les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

Après les Panama Papers, les FinCEN Files. Une nouvelle enquête internationale du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) révèle que des montants astronomiques d’argent sale auraient transité durant des années par les plus grandes institutions bancaires du monde. L’enquête, qui dénonce les carences de la régulation du secteur bancaire, se fonde sur des milliers de «rapports d’activité suspecte» (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain, FinCen, par des banques du monde entier.

«Ces documents, compilés par les banques, partagés avec le gouvernement, mais gardés hors de la vue du public, exposent le gouffre béant des garanties bancaires, et la facilité avec laquelle les criminels les ont exploitées», assure le média américain Buzzfeed News en préambule de son enquête. Les documents portent sur 2000 milliards de dollars de transactions, qui ont circulé entre 1999 et 2017.

2000 milliards de dollars de transaction

L’investigation pointe notamment du doigt cinq grandes banques – JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon – accusées d’avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés, et ce même après avoir été poursuivies ou condamnées pour faute financière. Au terme de ses recherches, Buzzfeed News affirme que «les réseaux par lesquels l’argent sale transite dans le monde sont devenus des artères vitales à l’économie mondiale».

«Les profits des guerres meurtrières contre la drogue, des fortunes détournées des pays en développement et des économies durement gagnées volées dans le cadre d’une pyramide de Ponzi ont tous pu entrer et sortir de ces institutions financières, malgré les avertissements des propres employés des banques», détaille l’investigation menée par 108 médias internationaux de 88 pays, dont le quotidien français Le Monde et la cellule investigation de Radio France.

Des informations «bien connues» selon la Deutsche Bank, HSBC se défend

Citée dans cette enquête, la banque HSBC, dont l’action a connu son plus bas niveau depuis 25 ans, s’est défendue en répondant aux journalistes qu’elle avait toujours respecté ses obligations légales sur le signalement des activités suspectes. Dans un communiqué, elle présente les accusations de l’ICIJ comme anciennes et antérieures à un accord conclu sur le sujet en 2012 avec le département américain de la Justice. La banque dit avoir depuis lors revu ses capacités à lutter contre la criminalité financière dans plus de 60 juridictions. «HSBC est une institution beaucoup plus sûre qu’elle ne l’était en 2012», assure l’entreprise alors que l’ICIJ affirme que la banque a «continué de faire des bénéfices grâce à des acteurs puissants et dangereux» ces deux dernières décennies.

Autre groupe bancaire cité dans l’enquête, la Deutsche Bank a assuré que les révélations du Consortium étaient en fait des informations «bien connues» de ses régulateurs. Dans un communiqué la banque dit avoir «consacré d’importantes ressources au renforcement de ses contrôles» et «être extrêmement attentive au respect de (ses) responsabilités et de (ses) obligations».

L’investigation pointe aussi l’impuissance des autorités américaines dans la régulation de ces transactions. Dans un communiqué publié avant la diffusion de cette enquête, la police financière du Trésor américain a averti que la diffusion des rapports d’activité suspecte était un «crime» qui «peut avoir un impact sur la sécurité nationale des États-Unis».