PROXIMO REVUE DE PRESSE DU 25 Septembre 2020

La pandémie pourrait détruire 245 millions d’emplois dans le monde

La pandémie a eu un impact « catastrophique » et bien plus grave sur l’emploi que prévu, a mis en garde mercredi Guy Ryder, le patron de l’Organisation internationale du travail. « De nombreux pays ont toujours du mal à contrôler la pandémie », a noté M. Ryder au cours d’une conférence de presse.

La pandémie continue de faire des ravages sur le marché du travail. Selon la dernière livraison de l’Organisation internationale du travail (OIT) publiée mercredi 23 septembre, les revenus du travail à l’échelle globale ont baissé de 10,7% pendant les trois premiers trimestres de l’année. Cette perte sèche devrait se traduire par un accroissement de la pauvreté au travail alors que des populations entières subissent déjà de plein fouet les conséquences économiques et sanitaires de la pandémie. La résurgence de cette maladie infectieuse et la multiplication des foyers de contamination ont obligé les statisticiens de l’institution internationale basée à Genève à revoir leurs perspectives.

245 millions d’emplois détruits

Les dernières projections de l’OIT pour les trois derniers mois de l’année prévoient désormais une baisse globale des heures travaillées de 8,6% par rapport à la même période de l’année précédente. C’est à comparer à la diminution de 4,9% que prévoyait l’organisation onusienne lors de ses dernières prévisions en juin. Cette nouvelle estimation correspond à la perte de 245 millions d’emplois à temps plein, un peu moins du double des 140 millions estimés en juin.

« Il est très clair qu’il y a un lien intime entre notre performance en matière de santé et notre performance socio-économique », a souligné M. Ryder, mettant en garde ceux qui opposent les deux.

Situation alarmante dans les pays émergents

L’OIT souligne aussi que « l’une des raisons qui explique ces augmentations estimées des pertes en heures travaillées réside dans le fait que, dans les pays en développement et dans les pays émergents, les travailleurs ont été beaucoup plus touchés que par les crises précédentes, notamment les personnes évoluant dans l’économie informelle ».

Sur les neuf premiers mois de l’année, l’OIT estime que le montant total des revenus du travail a baissé de 10,7% soit l’équivalent de 3.500 milliards de dollars si on compare à la période janvier-septembre 2019, hors mesures de soutien aux revenus mises en place par les gouvernements.

Le ciel s’éclaircit légèrement pour l’économie mondiale, d’après le FMI

« Certaines parties de l’économie mondiale commencent à passer le cap », estime le porte-parole de l’institution, qui cite la Chine comme exemple, tout en prévenant que les perspectives « restent très difficiles, en particulier pour de nombreux marchés émergents et pays en développement ».

Les perspectives pour l’économie mondiale sont moins catastrophiques qu’estimé en juin, a annoncé ce jeudi le FMI, tout en prévenant que les pays n’étaient pas « au bout de leurs peines » causées par la pandémie de Covid-19.

« Les récentes données économiques suggèrent que les perspectives peuvent être un peu moins désastreuses qu’au moment de la mise à jour du WEO [rapport sur les estimations de croissance] le 24 juin », a déclaré le porte-parole de l’institution Gerry Rice lors d’un point presse virtuel.

« Certaines parties de l’économie mondiale commencent à passer le cap », a-t-il également commenté, sans toutefois dévoiler de chiffres précis puisque le Fonds monétaire international ne publiera ses prochaines prévisions actualisées que le 13 octobre.

Le 24 juin, le Fonds avait dévoilé des perspectives économiques particulièrement sombres avec une estimation de plus de 12.000 milliards de dollars de pertes cumulées pour l’économie mondiale en 2020 et 2021.

Il tablait aussi sur une prévision de récession de 4,9% cette année, contre 3% anticipés en avril.

Et pour certains pays, notamment en Europe, l’estimation de contraction du Produit intérieur brut (PIB) était vertigineuse: -12,5% pour la France, -12,8% pour l’Espagne et l’Italie.

« La performance du deuxième trimestre en Chine et dans un certain nombre d’autres économies avancées, a été meilleure que prévu », a également indiqué jeudi Gerry Rice.

Après la paralysie totale de l’activité mondiale, baptisée le « Grand Confinement » par le FMI, les pays ont commencé au deuxième trimestre à assouplir les mesures draconiennes prises pour tenter d’endiguer la pandémie.

Autre élément positif : le FMI constate « des signes que le commerce mondial a commencé lentement sa reprise ».

Pour autant, a insisté Gerry Rice, l’économie mondiale n’est pas encore « au bout de ses peines ».

En dehors de la Chine, les perspectives « restent très difficiles, en particulier pour de nombreux marchés émergents et pays en développement », a-t-il expliqué.

Pour ces pays, la situation reste « précaire » alors qu’ils subissent la baisse des prix de produits de base, la baisse de la demande à l’exportation, la baisse du tourisme et la baisse des transferts de fonds en provenance de l’étranger, a-t-il ajouté.

Situation « précaire »

La situation est particulièrement délicate pour les économies dépendant du tourisme et les besoins de financement restent importants.

« Nous sommes très préoccupés par le fait que cette crise est en train d’annuler les progrès en matière de réduction de la pauvreté qui ont été réalisés ces dernières années et fait reculer les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable », a également réagi Gerry Rice.

Interrogé sur la situation des États-Unis, moteur traditionnel avec la Chine de la croissance mondiale, Gerry Rice a insisté sur la « situation difficile à laquelle sont confrontés les entreprises et les ménages américains ».

Il a en outre souligné que la position du FMI était inchangée: le fonds continue d’encourager le gouvernement à la mise en place rapide d’une « nouvelle série de mesures budgétaires » pour stimuler la demande, soutenir les plus vulnérables et améliorer la situation sanitaire.

Les négociations sur une nouvelle relance budgétaire aux États-Unis sont dans l’impasse et il est difficile d’envisager un accord entre républicains et démocrates avant l’élection présidentielle du 3 novembre.

Le FMI surveille par ailleurs de près l’endettement des pays, alors qu’il y a une « augmentation significative de la vulnérabilité de la dette » pour nombre d’entre eux.

Si le Fonds juge indispensable de maintenir les dépenses publiques pour soutenir l’économie, il exhorte aussi les gouvernements à prendre des mesures pour essayer de garantir que la dette reste soutenable, avec par exemple un assainissement budgétaire approprié.

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva exhorte depuis le printemps les pays: « dépensez autant que vous pouvez, mais gardez les reçus ».

Vaccin anti-Covid19 : Des conventions signées avec deux laboratoires

LES CONVENTIONS SIGNÉES ENTRE LE MAROC ET DEUX LABORATOIRES PERMETTRONT DE BÉNÉFICIER DE LA VACCINATION CONTRE LA COVID-19 DÈS LA FIN DES ESSAIS CLINIQUES, A AFFIRMÉ, JEUDI, LE CHEF DU GOUVERNEMENT, SAAD DINE EL OTMANI.

S’exprimant à l’ouverture du Conseil de gouvernement, El Otmani a rappelé qu’il y a une forte concurrence internationale pour trouver un vaccin efficace, soulignant que le Royaume, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, a aussitôt signé des conventions avec deux laboratoire chinois et britanno-suédois pour que les Marocains puissent bénéficier de la vaccination dès la fin des essais cliniques, a indiqué le ministre l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi, dans un communiqué lu lors d’un point de presse à l’issue du conseil.

Il a par ailleurs fait observer que le monde entier vit sous l’effet de la pandémie de la Covid-19, notant qu’un certain nombre de pays connaissent une hausse soutenue du nombre des contaminations, des cas critiques et des décès.

Le Maroc a mis en place des outils juridiques et institutionnels contre le blanchiment de capitaux

Le E MAROC A MIS EN PLACE, DEPUIS PLUS D’UNE DÉCENNIE, DE NOMBREUX OUTILS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME, EN HARMONIE AVEC LES ACQUIS DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DANS CE DOMAINE, A AFFIRMÉ, JEUDI À OUJDA, LE MINISTRE DE LA JUSTICE, MOHAMED BEN

Le Royaume a renforcé son système juridique national à travers l’adoption en 2007 de la loi 43.05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, qui a fait l’objet de révisions en vue de l’adapter aux recommandations successives du Groupe d’action financière (GAFI), a souligné le ministre lors d’une rencontre de communication organisée par le ministère de la Justice, en partenariat avec l’Ordre des avocats d’Oujda, autour du thème « Le rôle de l’avocat dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ».

Le ministère de la Justice a d’ailleurs introduit de nouveaux amendements qui font l’objet d’un projet de loi soumis actuellement à la commission de la Justice, de la législation et des droits de l’Homme à la Chambre des Représentants en vue de son adoption, a indiqué M. Ben Abdelkader, notant que ce projet de loi est de nature à renforcer les mesures préventives et répressives contre ce genre de crimes et combler les lacunes relevées dans le rapport d’évaluation mutuelle.

Il s’agit de se conformer aux recommandations et normes du GAFI, notamment en ce qui concerne les règles juridiques en lien avec les professions juridiques et judiciaires, a ajouté le ministre, rappelant la création en 2009 de l’unité de traitement des informations financières et le renforcement des capacités de recherche et d’investigation au niveau central et régional.

Ces efforts ont permis de détecter de nombreuses infractions, puisque pour les seules années 2019 et 2020 un total de 390 affaires ont été enregistrées en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a-t-il précisé.

Cette rencontre de communication, la quatrième du genre après des rencontres tenues autour du même thème avec les ordres des avocats de Rabat, Safi et Meknès, vise à sensibiliser sur l’importance de l’adhésion pleine et responsable de l’ensemble des ordres des avocats du Maroc dans le système de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Le but est de répondre favorablement aux remarques des experts du GAFI pour la région MENA, en particulier en ce qui concerne l’intégration des professions non financières dans la lutte contre ce genre de crimes, y compris les professions juridiques et judiciaires.

De son côté, le bâtonnier du barreau d’Oujda, El Houcine Ziani, a salué l’initiative de l’organisation de cette série de rencontres de communication à même de renforcer la collaboration entre le ministère de la Justice et les Ordres des avocats au service de la justice et des intérêts de la Nation.

Les avocats, par leur mission et leurs principes, ne peuvent que soutenir tous les efforts de lutte contre le blanchiment des capitaux, l’une des formes de corruption qui affaiblissent les sociétés, compte tenu du caractère transnational de ce phénomène et de ses liens avec le crime organisé, a-t-il affirmé.

Cette rencontre a été marquée par la signature d’un mémorandum d’entente entre le ministère de la Justice et l’Ordre des avocats d’Oujda, portant sur la formation des formateurs pour la gestion des plateformes numériques des avocats, dans le cadre de la transformation numérique du système judiciaire.

Le Maroc lève finalement 1 milliard d’euros

Le Maroc vient tout juste de boucler son emprunt obligataire à l’international. Contre tout attente, le Trésor n’a émis ses obligations souveraines que pour 1 milliard d’euros, soit 500 millions d’euros sur la maturité 5 ans au taux de 1,90% et 500 millions sur la maturité 10 ans avec un spread de 2,40%.

Selon des sources du marché, les conditions de cette levée sont globalement « bonnes » même si « le royaume était plutôt attendu sur une sortie de 2 milliards d’euros ». Certains professionnels s’interrogent sur le recours à l’Eurobond estimant que le marché en dollars semblait être meilleur en terme de profondeur.

Cette levée servira à rembourser le milliard d’euros obtenu en 2010.

Budgets des collectivités territoriales: L’Intérieur serre la vis

  • Une circulaire adressée aux walis et gouverneurs précise les modalités
  • Efficience, rationalisation des dépenses, autofinancement… les maîtres-mots
  • Relance de la programmation triennale des budgets

Avant la session d’octobre des conseils des collectivités territoriales, le ministre de l’Intérieur a adressé une circulaire aux walis et aux gouverneurs. Le but est d’observer certaines règles pour la préparation et l’exécution des budgets de 2021. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la rationalisation de la gouvernance territoriale et des investissements dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée et de la charte de déconcentration administrative. Cette circulaire intervient dans un contexte marqué par les défis de la propagation de la pandémie et ses effets négatifs sur les budgets des collectivités territoriales. C’est pour cette raison qu’elles doivent revoir leurs priorités. Ainsi, la circulaire insiste sur deux choses. La première vise à donner la priorité aux projets signés devant le Souverain et ceux en cours de réalisation. Idem pour les chantiers ayant fait l’objet de conventions avec des organismes nationaux ou internationaux. Il s’agit de s’assurer de l’engagement des entreprises pour la mobilisation des fonds.

Hausse de l’efficience des investissements

L’idée qui se dégage de la circulaire consiste à augmenter l’efficience des investissements. Et surtout, choisir les projets qui présentent une meilleure rentabilité sociale et économique, avec une amélioration des mécanismes de suivi d’exécution et de contrôle a posteriori. Autre priorité sur laquelle l’Intérieur insiste: les dépenses obligatoires, particulièrement celles relatives aux salaires et des indemnités permanentes des fonctionnaires, ainsi que les factures d’eau, d’électricité, de communication, les loyers et les mensualités des crédits. La circulaire rappelle la nécessité de régulariser préalablement le foncier destiné à abriter les projets d’investissement. Et cela, à travers le respect des dispositions réglementaires relatives à l’expropriation pour l’intérêt général.

■ Préparation des budgets

Les collectivités territoriales sont tenues de réactualiser leur programmation triennale pour les trois prochaines années, selon les modèles fixés par les décisions du ministre de l’Intérieur, publiés au BO en mars 2018. Cette programmation devra miser sur les possibilités d’autofinancement et des objectifs prioritaires fixés par les plans de développement économiques. Il s’agit aussi de prendre en compte la conformité des prévisions de ressources et de dépenses pour la première année budgétaire. Les estimations des deux années suivantes seront dans une logique de prospection. De même, pour la préparation des budgets de 2021, les présidents des régions doivent prévoir les mêmes dotations financières prévisionnelles en attendant la loi de finances de 2021.

■ Généralisation du système GIR

En partenariat avec la TGR, le ministère a mis les bases du système pour la gestion des ressources des collectivités territoriales, particulièrement celles en provenance de certains services publics comme les marchés de gros et les abattoirs. Et cela dans la perspective de la généralisation de ce système aux différentes communes d’ici la fin de 2020. Il est à signaler que 1.491 collectivités profitent des avantages de ce système, ce qui aide à la modernisation des principes de gestion des ressources et à l’amélioration des services aux citoyens. Cela passe à travers la notification du paiement électronique conformément aux dispositions d’une circulaire commune du ministère de l’Intérieur avec celui des Finances datée du 3 mars dernier. Du coup, les ordonnateurs des collectivités territoriales doivent intégrer les équipements publics comme les marchés de gros et les abattoirs dans le système du GIR, en mettant à leur disposition les moyens techniques et matériels pour réussir ce chantier important.

■ Budget selon le système GID

Le ministère a intégré toutes les opérations relatives à la programmation des budgets dans le système de la gestion intégrée des dépenses (GID). Les présidents des collectivités territoriales doivent travailler selon ce système dans les différentes étapes de la préparation, y compris les demandes de visa des budgets. Ils doivent y recourir pour préparer la mouture du budget avant le 30 septembre de cette année. Et tout changement doit passer par le même système. En outre, à partir de cette année, les ordonnateurs seront dans l’obligation de télécharger les documents accompagnant le projet de budget via ce système à partir du mois d’octobre 2020.  Pour faire réussir cette opération, les services de la province doivent les accompagner pour préparer le budget via GID, en coordination avec les services de la TGR.

LA CHASSE AUX COUTS

Les collectivités territoriales seront tenues de rationaliser la consommation d’eau et d’électricité, dans les bâtiments et en matière d’éclairage public. Le ministère appelle à ce que les crédits alloués soient traduits en indices reflétant le coût pour chaque habitant en matière de consommation d’eau, d’électricité, de télécommunication, d’éclairage public et autre assainissement et déchets ménagers. Il s’agit aussi de rationaliser les dépenses relatives aux déplacements et voyages à l’intérieur et à l’extérieur du pays. La circulaire recommande la rationalisation des dépenses à caractère non obligatoire pour les budgets enregistrant un déficit. Elle précise que toute demande d’allocation pour couvrir le déficit doit être motivée, avec des indications sur les causes ayant mené à cette situation. Par ailleurs, la circulaire rappelle, que dans le cadre de la mise en œuvre de la charte de déconcentration administrative, la gestion des subventions additives pour l’équilibre des budgets, relève des attributions des walis et gouverneurs. Idem pour les activités culturelles, sportives et artistiques.

Plan de relance: Le timing est primordial

  • L’opérationnalisation des fonds de soutien en fonds propres urge
  • Seulement 2 milliards de DH de crédits Damane Relance décaissés !
  • Les nouvelles restrictions et les frontières toujours fermées pour les voyageurs pèsent sur la reprise

Un exemple et puis patatras… Le Maroc était donné en exemple pour sa gestion de la crise. Depuis juin et la sortie du confinement, il fait plutôt face à des critiques. «La situation a été abordée de façon rationnelle. Les choix ne sont pas aussi simples qu’on l’imagine. Les équilibres sont toujours très difficiles lorsque vous êtes dans une dynamique de crise inédite comme celle-ci. Cela peut engendrer des hésitations. Mais la situation n’est pas facile», défend le wali de Bank Al-Maghrib lors de la conférence de presse suivant le Conseil de politique monétaire.

La reprise continuera de dépendre des développements de la situation sanitaire. Les choses se sont plutôt dégradées ces derniers mois avec la hausse des contaminations. Ce qui a entraîné la reconduction des restrictions de déplacement dans certaines localités et le maintien de la fermeture des frontières pour les voyageurs. Ce scénario mène vers une récession plus sévère et compromet la vigueur du rebond. Le PIB se contracterait de 6,3% cette année selon Bank Al-Maghrib, soit une dégradation de 1,1 point par rapport à la prévision de juin. Elle s’aligne sur les prévisions du Centre marocain de conjoncture qui, lui, prévoit une baisse de 6,2% du PIB. L’activité devrait rebondir de 4,7% en 2021, un rythme moins consistant qu’anticipé quelques mois plus tôt.

Le nouveau scénario de Bank Al-Maghrib prévoit une récession plus forte qu’anticipé en juin avec une baisse de 6,3% du PIB. Cette situation compromettrait la vigueur du rebond en 2021

Sur le plan de la politique monétaire, Bank Al-Maghrib a encore plusieurs munitions à sa disposition. Mais elle dégainera au moment opportun. Le conseil a décidé de maintenir le taux directeur à 1,5% après les baisses de mars et juin. Largement financée par la dette, la reprise de l’économie tarde à se dessiner. Au-delà de la situation sanitaire, les crédits relance connaissent quelques accrocs. Les accords dépassent 22 milliards de DH. Par contre, les tirages se limitent à 2 milliards de DH, selon Bank Al-Maghrib.

La lenteur des décaissements avait été dénoncée par la CGEM et ce point faisait partie de l’ordre du jour de la réunion avec le GPBM et la CCG le 7 août dernier. Les entreprises tarderaient à fournir les justificatifs pour le déblocage des fonds, soutiennent en partie les banques. Les délais d’instruction peuvent être très longs selon les établissements. Ceci figurait déjà parmi les principaux reproches adressés aux banques dans le cadre de Damane Oxygène. Certaines entreprises ont dû patienter plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour lever des fonds à cause de la lourdeur des process et du nombre de documents exigés. Par ailleurs, la faiblesse des montants décaissés s’expliquerait par le manque de visibilité des entreprises. En tout cas, la direction de la supervision bancaire a été chargée de faire la lumière sur la mise en œuvre des crédits Damane Relance.

En dehors des crédits garantis par l’Etat, le projet de loi de finances 2021 devrait apporter plus d’éclairages sur l’autre partie du plan de relance. Celle-ci consiste notamment en la création d’un fonds destiné à prendre des participations minoritaires dans les entreprises afin de soutenir leur haut de bilan. Plusieurs entreprises ne sont pas éligibles aux dispositifs actuels et ce nouveau mécanisme leur apporterait du cash mais aussi leur permettrait d’améliorer leurs ratios financiers, et s’ouvrir d’autres sources de financement.

«La dette ne peut pas être l’instrument approprié pour aider ces entreprises. D’où la proposition des fonds sectoriels pour soutenir ces entreprises en fonds propres», a estimé Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM lors de la rentrée économique de l’organisation patronale. Le montage du fonds devrait prendre quelque temps indique la Banque centrale. Le calendrier est très important, compte tenu du contexte et des difficultés des entreprises. Tout miser sur la loi de finances  reviendrait à repousser l’opérationnalisation des fonds à 2021. Ce qui pourrait être fatal pour certaines entreprises.

«Au-delà des facteurs conjoncturels, il y a des choses structurelles qui méritent d’être pensées en profondeur parce qu’elles doivent apporter des solutions à des problèmes sur le long terme et permettre de bâtir cette résilience et cette reprise sur des bases beaucoup plus solides. J’espère que la commission sur le modèle de développement sera en mesure de mettre l’accent sur ces points-là», espère le wali de Bank Al-Maghrib.

Impayés bancaires: Le bilan en novembre

Bank Al-Maghrib et le GPBM tiendront une réunion importante en novembre prochain pour faire le point sur le soutien aux entreprises notamment la prise en compte des deux baisses du taux directeur dans leur tarification. Les deux parties aborderont aussi l’impact de la crise sur les bilans des banques. A fin juillet, les créances en souffrance affichent une hausse de 7 milliards de DH par rapport à fin 2019.
«Nous suivons de très près la situation dans le secteur. Le taux d’impayé se situe autour de 8%. Je ne pense pas que la hausse de la sinistralité soit spécifique au Maroc», indique le wali. Les crédits Damane Oxygène et Relance qui représentent l’essentiel de la production ces derniers mois sont garantis par l’Etat, ce qui limite l’exposition des banques. En revanche, la détérioration de l’activité économique pourrait lourdement impacter les indicateurs de l’activité bancaire. «Nous aurons une meilleure appréciation de la situation après la réunion avec les banques en novembre», estime le gouverneur de la Banque centrale. Ce dernier se montre plutôt rassurant sur le comportement des impayés au niveau des banques. Par contre, la situation serait plus critique chez les sociétés de crédit à la consommation où le taux de défaut a sensiblement augmenté.

■ Compte courant: Le déficit moins lourd que prévu

Merci aux transferts des MRE qui résistent jusque-là malgré la violence de la crise en Europe. Ils devraient clôturer l’année à 61,5 milliards de DH en baisse de 5%. Cette bonne tenue participe largement à l’atténuation des prévisions de déficit du compte courant. Il s’établirait à 6% du PIB contre 10,3% anticipé en janvier. La résilience des transferts des Marocains de la diaspora permet d’atténuer le choc sur les recettes de voyage: – 55 milliards de DH. La crise sanitaire devrait faire passer les recettes de 79 milliards de DH en 2019 à 24 milliards de DH cette année. Ces dernières rebondiraient à seulement 49 milliards de DH en 2021. Les échanges de marchandises sont eux aussi fortement affectés. Mais les effets s’annulent presque.

■ Mobile banking: «Nous avons perdu trop de temps»

La forte hausse de la circulation fiduciaire ces derniers mois a mis en évidence la nécessité d’accélérer le développement du mobile banking. C’est un outil puissant d’inclusion financière mais aussi une arme pour réduire la circulation du cash. Sur les plans technique et institutionnel, le marché est quasiment prêt, relève la Banque centrale.
 En revanche, l’absence d’incitations ralentirait le développement de l’écosystème. Bank Al-Maghrib requiert notamment une incitation très forte sur le plan fiscal. «J’insisterai pour que le Parlement soit partie prenante des mesures de soutien à l’essor du mobile banking parce que nous avons perdu trop de temps», avance le wali. «Je veillerai à ce que l’écosystème se mette en place dans les meilleurs délais. S’il le faut, je vais taper à toutes les portes», poursuit-il. Aujourd’hui, plus de 1,5 million de wallet sont actifs.

LafargeHolcim Maroc : redressement de l’activité prévu avant fin 2020

Pour les analystes de CFG Bank qui recommandent désormais le titre à « l’achat », le cimentier devrait profiter de la reprise des chantiers durant les mois de juin, juillet et août pour contenir la baisse de ses résultats.

La pandémie COVID-19 a eu de ses vastes répercussions sur plusieurs secteurs de l’économie, en particulier celui du bâtiment. En effet, bon nombre de chantiers ont été contraints d’arrêter leurs activités entre le 20 mars et le 10 juin plombant ainsi la consommation nationale de ciment qui s’est affichée en retrait de 17,8% au terme du premier semestre. Évoluant dans ce contexte difficile, c’est sans surprise que LafargeHolcim Maroc a enregistré un repli de 18% de son chiffre d’affaires consolidé, qui s’établit à 3,185 MMDH.

Le résultat net s’est limité quant à lui à 431 MDH, plongeant de 55% par rapport à la même période de l’année précédente. Une tendance qui sera révolue au cours de la seconde moitié de l’année, selon les analystes de CFG Bank. «L’effet de saisonnalité résultant d’une période estivale généralement plus chargée, ainsi que d’une reprise du marché après la fin du confinement, pourrait entraîner une hausse des ventes au second semestre», expliquent-ils.

D’ailleurs, la banque d’affaires a revu ses estimations concernant la consommation nationale de ciment. Si sa mise à jour du 25 juin tablait sur une baisse de 18,2% à fin 2020, celle-ci pourrait être ramenée à 13,9% en raison de la reprise des ventes de ciment notée sur les mois de juin, juillet et août. Avec un total ventes de 11,8 MT estimé à fin 2020, la consommation nationale de ciment atteindra son plus bas niveau depuis quinze ans. «Selon notre scénario conservateur, la consommation nationale de ciment devrait retrouver son niveau de 2019 qu’à partie de 2022», prévoient les analystes de CFG Bank. Une situation qui a permis à la banque d’affaires de revoir ses prévisions concernant le cimentier. LafargeHolcim Maroc devrait ainsi afficher une baisse contenue à 13,7% de son chiffre d’affaires consolidé. Il s’établirait à 6,77 MMDH contre 7,8 MMDH enregistrés à fin 2019. Les revenus du groupe pourraient reprendre vigueur en 2021 et s’élever à 7,55 MMDH avant de s’accélérer en 2022 et grimper à 7,98 MMDH. Le résultat net consolidé, de son côté, devrait ressortir à 1,3 MMDH en 2020, contre 1,7 MMDH en 2019. Les bénéfices du groupe devraient se bonifier en 2021 pour atteindre 1,8 MMDH avant de grimper davantage en 2022 et dépasser la barre des 2 MMDH.

À la lumière des nouvelles prévisions, les analystes de CFG Bank pensent que la contre-performance annuelle de l’action établie à 26,2% n’est plus justifiée d’un point de vue fondamental. La banque d’affaire fixe le cours cible à 1.643 DH, alors que le titre s’échange actuellement à 1.365 DH. Ce qui traduit un potentiel de hausse de 20,4%
et en fait un titre à « acheter », selon CFG Bank.