COLLECTIVITES TERRITORIALES : 4,4 MILLIARDS DE DH D’EXCEDENT

La situation des charges et ressources des collectivités territoriales dégage un excédent global de 4,4 milliards de DH à fin août dernier, contre un excédent de 5,5 MMDH enregistré un an auparavant, selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR).

D’après la TGR, cet excédent tient compte de dépenses d’investissement de 6,7 milliards de DH et d’un solde positif des comptes spéciaux et des budgets annexes de 619 millions de DH.

Au total, les recettes ordinaires des collectivités territoriales ont atteint 25,4 milliards de DH, enregistrant ainsi un repli de 9,3%. Ce recul s’explique par la baisse des recettes transférées de 6,8%, des recettes gérées par l’Etat (-14%) et des recettes gérées par les collectivités territoriales (-13,1%).

De leur côté, les dépenses ordinaires ont aussi reculé de 1,3% à 14,9 milliards de DH, en raison de la baisse des dépenses des autres biens et services de 6,2%, conjugué à la hausse de 2,1% des dépenses de personnel et de 6,1% des charges en intérêts de la dette. Ainsi, les dépenses globales réalisées par les collectivités territoriales (dépenses ordinaires, dépenses d’investissement et remboursements du principal de la dette) se sont ainsi établies à 22,9 milliards de DH, en baisse de 4,1% par rapport à leur niveau à fin août 2019.

LE DIRHAM S’APPRECIE FACE A L’EURO

Le dirham s’est apprécié de 0,12% par rapport à l’euro et de 0,13% vis-à-vis du dollar, au cours de la période allant du 24 au 30 septembre 2020, indique Bank Al-Maghrib (BAM).

Sur cette période, aucune opération d’adjudication n’a été réalisée sur le marché des changes, souligne la Banque centrale. A noter que les Avoirs officiels de réserve (AOR) se sont établis à 295,8 milliards de DH, au 25 septembre dernier, en baisse de 1,1% d’une semaine à l’autre et en progression de 23% en glissement annuel.

LE TOURISME AU CLUB DE L’ECONOMISTE – PROMOTION: OBJECTIF, SAUVER LE BUDGET 2021

  • Chute drastique des recettes en perspective
  • En lien avec l’effondrement des taxes aérienne et de séjour
  • Touriste interne, unique bouée de sauvetage!

Jamais le tourisme n’a connu une récession pareille à celle de l’ère Covid. Après une année 2019 record (13 millions de touristes), le secteur sombre dans une déprime sans précédent. «Près de 70% des établissements hôteliers ont fermé», relève la ministre du Tourisme, Nadia Fettah Alaoui. Elle s’exprimait lundi dernier, lors du Club de L’Economiste. Une rencontre à laquelle le PDG de RAM, Abdelhamid Addou, ainsi que le DG de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), Adel El Fakir, ont pris part. «Nous avons à la fois des problèmes de mobilité, de confiance dans le voyage et de moyens financiers», souligne la ministre. Trois contraintes fatales. 

Sur les quelque 859,8 millions de DH octroyés au ministère du Tourisme en 2019 (crédits de fonctionnement et d’investissement, hors frais du personnel), près de 300 millions sont allés à l’ONMT, soit plus du tiers. En 2020, l’Office a reçu le même montant, auquel se sont rajoutées les recettes des taxes aérienne et de promotion touristique, d’environ 500 millions de DH, soit un total de 800 millions de DH

La crise est, certes, mondiale, mais la reprise dépendra de la capacité des pays à préparer la relance. Et elle promet d’être rude, puisque la concurrence sera d’autant plus acharnée. Outre les garanties sanitaires à offrir aux voyageurs, la promotion de l’offre Maroc sera décisive. C’est justement le job de l’ONMT. Si cette année le budget de l’organisme est «sauf», rien n’est moins sûr pour 2021. L’Office a, en effet, pu bénéficier cette année d’une subvention de 300 millions de DH, à laquelle se rajoutent 500 millions de DH de recettes des taxes aérienne et de séjour dans les établissements touristiques (taxe de promotion touristique), soit un total de 800 millions de DH.

«En 2020, RAM réalise seulement le tiers de son chiffre d’affaires habituel. Les recettes de la taxe aérienne seront ainsi réduites des deux tiers», précise Abdelhamid Addou. «Sur les taxes, nous nous attendons à une baisse d’environ 80%. Pour le budget 2021, nous sommes en pleine négociation, notre bataille sera de sauvegarder notre capacité d’action», confie le DG de l’ONMT.

Une campagne com via les territoires

L’Office réussira-t-il à décrocher suffisamment d’argent pour appuyer la relance touristique? L’enjeu, à la fois économique et social, selon les mots de Nadia Fettah Alaoui, est énorme pour le secteur qui emploie plus de 500.000 personnes (2,5 millions d’emplois indirects).

Pour la saison estivale 2020, l’ONMT a tenté de prendre les devants dès avril, en lançant une campagne de promotion pour le tourisme interne étalée sur deux mois. Mais avec des régions fermées et une mobilité réduite au maximum, il fallait vite changer de paradigme.

«Nous avons fait appel aux Centres régionaux du tourisme (CRT), que nous avons soutenus sur le plan budgétaire, pour que chaque région lance sa propre campagne, en fonction de ses spécificités, en  mettant en évidence ses offres promotionnelles. Les 12 régions ont répondu favorablement. Le Nord, par exemple, a démarré en août. Marrakech vient de commencer la semaine dernière. Nous sommes convaincus que le tourisme passe aussi par les territoires», détaille El Fakir. «La campagne nationale du tourisme, quant à elle, est prête depuis plus d’un mois, nous ne pouvons cependant l’activer en situation de non fluidité. Nous la mettrons on air quand les conditions seront réunies», ajoute-t-il.

Avec la fermeture du ciel, le touriste national reste l’unique bouée de sauvetage du secteur. Même si moins de 14% des Marocains vont dans des hôtels, selon la ministre, ils représentent habituellement plus de 30% des nuitées. «Dans les principales destinations mondiales, cette part varie entre 50 et 60%. Notre marge de progression est donc importante», nuance le DG de l’ONMT. Il faudra, cependant, développer des offres plus attractives pour les nationaux, et démocratiser l’accès au transport aérien interne.

Des délégations bientôt fermées

La crise a permis à l’ONMT de se remettre en question. Dans un souci d’efficience et de rationalisation des ressources, l’Office prévoit de fermer certaines de ses délégations. L’organisme annonce une «rationalisation importante», mais sans pour autant donner de chiffre précis, pour l’instant. Son organigramme a, également, été revisité avec un redéploiement d’équipes et un réajustement de missions.

LE PROJET DARED, PREMIER CHANTIER A GRANDE ECHELLE D’ARGANICULTURE AU NIVEAU MONDIAL

  • Lancé il y a trois ans, ce chantier de développement de l’arganiculture sur 10 000 ha est étalé sur six ans.
  • Les plantations réalisées aujourd’hui à près de 70% seront achevées en 2021.
  • Une première expérience du genre à travers l’agriculture solidaire pour renforcer la résilience des communautés rurales.
  • Ce chantier pourrait aussi ouvrir la voie à de gros investissements dans cette culture avec à la clé une forte productivité et forte valeur ajoutée pour la filière.

 Durant longtemps, les projets de plantations, de l’arganier étaient difficilement maîtrisables et réalisés uniquement dans le domaine forestier avec peu d’implication des ayants droit. Depuis la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV) et la création de l’Andzoa (Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier), des expériences réussies de replantation ont prouvé que l’arganiculture est possible.

Le projet de Développement de l’arganiculture en environnement dégradé (DARED), mis en œuvre depuis 2017, est aujourd’hui le premier chantier à grande échelle d’arganiculture au niveau mondial. Dans la zone de la Réserve de biosphère de l’arganeraie (RBA), il couvre trois régions (Souss Massa, Marrakech-Safi et Guelmim Oued Noun). C’est aussi le développement d’un modèle économique résilient aux changements climatiques et stimulateur d’un changement de paradigme dans la conception et la réalisation des projets d’agriculture durable, rentable et résiliente aux changements climatiques, souligne Latifa Yaakoubi, directrice de développement des zones de l’arganier à l’ANDZOA.

Trois ans après son démarrage, le chantier qui vise le développement de l’arganiculture sur une superficie totale de 10 000 ha dont 2 000 ha de plantes aromatiques médicinales en intercalaire est bien en avance, assure Latifa Yaakoubi. La superficie totale de 10 000 ha est aujourd’hui mobilisée et le taux de réalisation des plantations atteint actuellement près de 70%. Il devrait être finalisé durant l’année 2021. Concernant les superficies dédiées aux plantes aromatiques médicinales en intercalaire avec l’arganier, près de 95% de ce volet est engagé et devrait être achevé fin 2021.

L’inclusion de la culture des plantes aromatiques médicinales dans ce programme est d’offrir de nouvelles alternatives de cultures aux populations de l’aire de l’arganier, précisent les responsables du dossier, à l’ANDZOA. C’est une opportunité d’initier dans ces zones de nouvelles activités génératrices de revenus. Jusqu’à présent, les ayants-droit de ces contrées ont cultivé l’orge pour améliorer les revenus générés par l’arganier. Selon les indicateurs de rentabilité des systèmes de cultures communiqués par l’ANDZOA, le développement de l’arganiculture peut offrir une marge brute moyenne de plus de 7 200 DH/ha. L’arganiculture, conjuguée à la culture d’orge, peut générer pour sa part une marge brute moyenne de plus de 9 300 DH/ha. Cette marge est de plus de 17 000 DH/ha pour l’arganiculture avec les plantes aromatiques en intercalaire. Elle peut dépasser les 19 000 DH/ha en combinant l’arganiculture avec les plantes aromatiques et l’orge. C’est dire l’intérêt pour les populations des zones de l’arganeraie d’adhérer au projet DARED pour explorer de nouvelles cultures et améliorer ainsi leurs revenus.

Etalé sur la période 2017-2023, ce projet, rappelons-le, est l’un des premiers projets cofinancés par le Fonds vert pour le climat (Green Climate Fund-GCF). Il est soumis par le ministère de l’agriculture et des eaux et forêts via l’Agence de développement agricole (ADA) en tant qu’entité accréditée par GCF. L’ANDZOA, en sa qualité d’agence d’exécution du projet, est en charge de sa réalisation en partenariat avec les représentations régionales et provinciales du département de l’agriculture et des eaux et forêts et les agences des bassins hydrauliques concernés. La Fédération interprofessionnelle de la filière de l’argane est également partie prenante de ce programme. L’investissement global est de 49,2 millions de dollars, à travers un apport de 39,3 millions de dollars par le Fonds vert pour le climat. Le gouvernement marocain apporte pour sa part une contribution de 9,9 millions de dollars.

Les enjeux de ce programme sont multidimensionnels, à savoir économique, social et environnemental à l’échelle nationale et internationale. Sur le plan environnemental, rappelons que le Maroc, dans le cadre de la convention cadre des Nations Unies, s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 42% à l’horizon 2030. Et ce suivant le NAMA développé (Mesure d’atténuation appropriée au niveau national). A cet effet le NAMA arganiculture vise la plantation de 43 000 hectares de vergers d’arganiers.

Cet engagement devrait être dépassé, puisque le département ministériel de l’agriculture envisage de le porter à 50 000 ha au total. C’est une priorité nationale, car outre son rôle socioéconomique sur le plan préservation du patrimoine forestier, l’arganier est indéniablement notre dernier rempart contre la désertification. La croissance du marché international de l’huile d’argane met en exergue également l’intérêt et la nécessité de reconstituer et développer les vergers d’arganiers pour renforcer l’offre et préserver le patrimoine. Dans ce cadre le projet DARED constitue une première phase de l’ensemble du programme NAMA arganiculture.

Sur le plan social, ce programme d’envergure profitera à une population directe et indirecte de plus de 370 000 habitants. L’approche participative qu’initie ce programme est aussi une première expérience de modèle de co-management de la forêt. La démarche co-managériale devrait maintenant être formalisée à travers des textes législatifs dans le cadre de la nouvelle stratégie des zones forestières.
A terme, ce chantier devrait contribuer au renforcement de la résilience des communautés rurales et de la réserve de biosphère de l’arganeraie et sûrement libérer le plein potentiel des zones de l’arganier et de sa chaîne de valeur.

ARGANE : DEVELOPPER DES PLATEFORMES DE COMMERCIALISATION POUR ENDIGUER LES EFFETS COVID-19

  • La filière argane n’échappe pas aux effets de la crise sanitaire.
  • les opérateurs d’argane réclament plus de soutien des banques pour les accompagner dans leur développement et la conquête de nouveaux marchés.
  • le dossier de la couverture sociale des adhérentes des coopératives avance également. Entretien avec ahmed atbir, président de la fédération interprofessionnelle de la filière de l’argane (fifargane).

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la filière ?

La filière d’argane, à l’instar d’autres secteurs, est impactée par la crise Covid-19. Du jour au lendemain les femmes adhérentes des coopératives se sont retrouvées sans ressources. Ces femmes, qui, dans leur majorité, contribuent aux charges de leurs ménages ne peuvent plus accomplir cette fonction. Pour les accompagner des aides et des paniers de denrées alimentaires ont été distribués à des populations de l’arganeraie. Aujourd’hui, cependant, le contexte actuel de crise sanitaire continue à freiner l’activité.

• Quid des effets de la sécheresse sur la production de l’arganier et l’activité de la filière ?

La région de l’arganeraie a enregistré cette année une sécheresse sévère, ce qui à eu pour conséquence la rareté et la flambée des prix de Afiyache qui est la matière première. Aujourd’hui, le prix d’Afiyache a atteint 4 DH le kg, alors que l’an dernier à la même période le cours de la denrée était entre 2,50 DH et 3,50 DH le kg. Cette flambée des prix réduit la marge bénéficiaire déjà limitée des transformateurs d’argane. Ils exportent l’huile d’argane en vrac et ne peuvent pas toujours reporter cette augmentation sur les prix de vente. Aussi, la hausse des prix les asphyxie et les force à arrêter leur activité en attendant que le ciel soit plus clément et que la forêt retrouve sa vitalité. Pour l’heure, l’arrêt brutal du commerce en raison de la sécheresse et de la crise sanitaire a mis la trésorerie des opérateurs d’argane à rude épreuve. Pour les soutenir et palier aux marchés perdus pour le moment à l’export, l’Etat a mis en œuvre plusieurs actions pour encourager la consommation nationale. Il est cependant urgent que des aides et des allègements de charges fiscales soient entrepris en faveur des acteurs de cette filière qui touche directement ou indirectement 3 millions de personnes.

• Où en est le dossier de la couverture sociale des membres de la filière ?

La Fifargane a signé en marge du SIAM 2019 une convention avec la MAMDA qui permet à ses membres de bénéficier d’une assurance médicale. Cette convention, contre une petite cotisation, donne droit au remboursement de 80% des frais médicaux. Le projet REFAM (NDLR : Renforcement économique des femmes de la filière de l’arganier) a pris en charge cette année la cotisation de 1 500 femmes adhérentes des coopératives. L’an prochain, la cotisation de 500 autres femmes sera aussi prise en charge. Cette action vise à montrer aux membres de l’interprofession l’intérêt à souscrire à la couverture médicale et suivre les directives du dernier discours de S.M. Mohammed VI.

• Quelles sont les actions qui ont été entreprises pour encourager la commercialisation du produit ?

Le ministère de l’agriculture via l’Agence du développement agricole et le ministère du commerce et de l’industrie, ont initié chacun de leur côté des actions pour la présence et la vente des produits du terroir dans les grandes surfaces et la mise en place de plateformes pour encourager le commerce électronique. L’Office du développement et de la coopération a accompagné pour sa part les coopératives pour la création des logos et des sites pour la vente en ligne. L’Etat, en coordination avec les banques, a aussi mis en place des solutions pour financer la relance des activités des opérateurs. Ces mesures ont permis d’atténuer l’impact Covid-19. La profession souffre toutefois encore dans ce contexte pour couvrir les charges de l’activité.

• Quelles sont les contraintes encore à endiguer aujourd’hui pour le développement de la filière et quelles sont les priorités ?

Les opérateurs d’argane réclament plus de soutien des banques pour les accompagner dans leur développement et la conquête de nouveaux marchés. Il faut aussi encourager la valorisation sur place de l’huile pour capter plus de plus-value dans l’aire de production. Ceci ne peut se faire qu’en soutenant la recherche et les projets novateurs. Il est nécessaire enfin de continuer à protéger le nom argane des usurpations sur les marchés extérieurs.

RAMED, UNE PATATE CHAUDE ENTRE LES MAINS DE LA CNSS ?

  • LA GÉNÉRALISATION DE LA COUVERTURE SOCIALE UNIVERSELLE, ATTENDUE POUR 2022, PRÉVOIT LA RÉFORME DU RAMED.
  • CELUI-CI SERA OBLIGATOIRE ET SA GESTION SERA CONFIÉE À LA CNSS.
  • SPÉCIALISTES DE L’ASSURANCE MALADIE ET SYNDICALISTES, SURPRIS PAR LE CHOIX DE LA CNSS, S’INTERROGENT SUR LA CAPACITÉ DE LA CAISSE À PRENDRE EN CHARGE LES EX-RAMÉDISTES…

Mettre en place un nouveau régime obligatoire d’assurance maladie au profit des populations en situation de vulnérabilité bénéficiant actuellement du Régime d’assistance médicale des économiquement démunis (Ramed) et confier la gestion de ce nouveau régime à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS ). Ce sont là deux mesures retenues dans le cadre de la réforme prévue, sur les deux prochaines années, pour la généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains. Cette annonce faite, en début de semaine, par le ministre des finances, Mohamed Benchaaboun, lors de la présentation des orientations du projet de Loi de finances 2021 a suscité une grande surprise et des questionnements chez les spécialistes de l’assurance maladie. Ceux-ci soulèvent une double problématique : Comment gérer l’obligation dans un régime d’assistance médicale? L’obligation signifie donc qu’il y aura une obligation de cotiser pour des populations démunies qui n’ont pas les moyens. Pourquoi avoir opté pour la CNSS, alors que c’est la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale qui était pressentie pour gérer le Régime de l’assistance médicale pour les économiquement démunis ?

Pour des spécialistes de l’assurance maladie, tout porte à croire que cette réforme du Ramed prévoit un passage d’un régime d’assistance médicale à un régime d’assurance médicale. Ce qui permettra à coup sûr une amélioration de l’offre actuelle et une couverture universelle à tous les Marocains sans distinction aucune. Là-dessus on ne peut qu’être d’accord puisque, estiment ces mêmes sources, «ce serait une très bonne chose en vue de généraliser enfin la couverture sociale». Mais le bon fonctionnement de ce régime est tributaire d’une amélioration des prestations des hôpitaux et du fonctionnement de ces derniers. Aujourd’hui, faut-il le noter, tous les ramédistes ne bénéficient pas totalement du panier des soins prévus en raison de l’insuffisance des ressources humaines, notamment les médecins, et des équipements radiologiques et autres. Ce qui se traduit concrètement par des rendez-vous allant de 1 à 3 mois et l’obligation pour les ramédistes de faire des analyses et des examens radiologiques chez le privé. Donc de prendre en charge une dépense dont ils doivent bénéficier dans le cadre du Ramed. Par ailleurs, se pose la question du financement de ce régime : «Est-ce l’Etat qui s’engage à payer les cotisations pour les populations
concernées ?». Aucun détail n’a encore été fourni par le ministère des finances qui a précisé que globalement, la généralisation de l’assurance maladie nécessitera pas moins de 13,8 milliards de dirhams dont 8,46 milliards seront mobilisés par l’Etat et 5,3 milliards seront assurés dans le cadre du système de participation. Il importe de rappeler que le financement du Ramed est actuellement assuré à hauteur de 75% par l’Etat.

14 à 15 millions de personnes intégreront le régime de la CNSS…

Selon le ministre des finances, l’Etat va mobiliser 4 milliards de dirhams pour les deux prochaines années. Mais, quelle sera la part allouée au Ramed ? Outre le financement du nouveau régime, les sources proches du dossier s’inquiètent également pour l’équilibre de la Caisse nationale de sécurité sociale, qui aura la gestion de ce régime. A-t-elle la capacité d’assurer une nouvelle population de 15 millions de personnes ? Sachant que la caisse compte actuellement 6,8 millions d’assurés AMO. Selon les spécialistes du dossier, «il est invraisemblable et impossible pour la CNSS de gérer ce régime qui, on le sait, est complexe». Qu’en pense la CNSS ? On ne pourra malheureusement pas le savoir, puisque ses responsables sont restés injoignables. Dans le milieu syndical, on avance que «le choix de la CNSS est étonnant et inquiétant pour l’équilibre général de ce régime». Soucieux des acquis des salariés, des syndicalistes estiment que «l’implication de la CNSS dans la gestion du Ramed doit faire l’objet d’une étude précise et d’une large consultation avec les parties concernées. Il faut noter que les axes de la réforme ont été retenus sur la base des conclusions d’une expertise européenne qui ne maîtrise fort probablement pas la réalité du terrain». La réforme du Ramed doit corriger les dysfonctionnements, relevés dans le diagnostic du régime, au niveau de son financement et de sa gestion. En effet, le financement du régime était réparti entre l’Etat et les collectivités locales. Si l’Etat assure 75% du financement de ce régime, les collectivités locales interviennent à hauteur de 6%. Mais elles sont très nombreuses à ne pas verser les cotisations nécessaires et même à ne pas inscrire le Ramed dans leur budget. Ce refus des collectivités locales à participer au financement du Ramed est motivé par le flou au niveau de la gestion dans la mesure où il n’y a pas de séparation entre le gestionnaire des fonds et le prestataire des soins. C’est en fait le ministère de la santé qui assure les deux missions. L’Agence nationale de l’assurance maladie s’occupe, quant à elle, de l’immatriculation des bénéficiaires. Pour résoudre cette problématique, il était envisagé de créer une entité autonome pour gérer le Ramed. Pourquoi aujourd’hui cette piste a-t-elle été abandonnée ? De l’avis des spécialistes, «la décision de confier le Ramed à la CNSS a été prise sous la pression du temps. La réforme pour la généralisation de la couverture sociale devant intervenir, sur instruction royale, dans les deux prochaines années, aussi fallait-il une entité ayant une expérience en la matière et une présence sur l’ensemble du territoire. Mais, a-t-on pris en considération l’impact de ce nouveau régime sur l’équilibre de la caisse ? De plus, la CNOPS également répond à ces mêmes critères !». Dans tous les cas, le chantier de la réforme du Ramed vient d’être lancé, soulignent des sources syndicales qui estiment que «la CNSS ne peut qu’adhérer à ce choix», toutefois, ils espèrent «que ces mesures fassent l’objet de consultations entre toutes les parties concernées afin de procéder à la mise en place d’une couverture sociale universelle équilibrée pour qu’il n’y ait pas d’assurés de seconde zone».

Recrutement, dépenses de fonctionnement, investissements… Tout savoir sur la programmation budgétaire 2021-2023

Les dépenses d’investissements devraient passer de 85,73 milliards de dirhams en 2020 à 75,99 milliards de dirhams en 2021.

Ouvrir le débat sur le budget selon une approche triennale, telle est l’orientation principale du rapport préalable au budget publié par le ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration dans le cadre du projet de loi de Finances pour l’année budgétaire 2021. L’élaboration de ce document permettra au Parlement de préparer l’examen de ce dispositif budgétaire tout en assurant une meilleure cohérence entre le budget et les orientations de la politique économique.

«Cette programmation budgétaire triennale concerne aussi bien les budgets des ministères que celui des établissements et entreprises publics soumis à leur tutelle et bénéficiant de ressources affectées ou de subventions de l’Etat», relève-t-on du rapport. Ces départements, sous demande du chef de gouvernement, ont présenté en mars dernier leurs projets de programmation triennale 2021-2023. Ce travail a été révisé en juillet pour l’adapter aux priorités sanitaires, sociales et économiques du pays. Des propositions qui ont été examinées et mises à l’étude au niveau des commissions de performance et de programmation pluriannuelle durant la période allant du 3 au 14 juillet 2020.

Des perspectives chiffrées

S’agissant des indicateurs macroéconomiques, les perspectives triennales 2021-2023 portent sur un rebond de croissance de 4,8% en 2021 après une récession estimée à 5,8% en 2020. Le taux de croissance devrait atteindre les 4,2% en 2022 et grimper à 4,6% en 2023. Quant aux prévisions budgétaires, les dépenses du budget général au titre de l’exercice 2021 sont estimées à 307,81 milliards de dirhams en 2021 contre 301,20 milliards de dirhams de dépenses prévues pour 2020. Elles devraient par ailleurs s’élever à 310,97 milliards de dirhams en 2022 et 316,33 milliards de dirhams en 2022. Dans le détail, les dépenses de fonctionnement devraient atteindre les 231,82 milliards en 2021.

Ces dépenses devraient par ailleurs se situer autour de 232,48 milliards de dirhams en 2022 et 238,61 milliards de dirhams en 2023. Les dépenses d’investissements devraient passer de 85,73 milliards de dirhams en 2020 à 75,99 milliards de dirhams en 2021. A cet effet, les budgets des ministères devraient avoisiner les 47,69 milliards de dirhams en 2021 contre 46,13 milliards de dirhams en 2021. Les charges communes s’élèveront sur le même cap à 28,30 milliards de dirhams contre 39,60 milliards de dirhams prévus pour 2020. Notons que les dépenses d’investissement grimperaient à 78,49 milliards de dirhams en 2022 pour revenir à 77,72 milliards de dirhams en 2023.

«Pas de nouveaux postes budgétaires en 2021»

A l’exception des secteurs prioritaires, en l’occurrence la santé, l’éducation et les secteurs sécuritaires, aucun nouveau poste budgétaire ne devrait être créé particulièrement pour l’année budgétaire 2021. Le document ministériel note à cet effet que ces secteurs représentent, à eux seuls, plus de 90% du total des postes créés par l’ensemble des départements ministériels en moyenne entre 2017 et 2020. «En d’autres termes, les limitations en termes de recrutements concernent 10% des postes budgétaires qui seront ouverts», précise-t-on dans ce sens. S’agissant des dépenses de fonctionnement, les départements ministériels et établissements et entreprises publics sont appelés à se limiter aux priorités et urgences en raison du contexte imposé par la crise sanitaire et les contraintes budgétaires accentuées par la baisse aiguë des recettes de l’Etat.

Quant aux dépenses d’investissement, la priorité devrait être accordée aux projets en cours, notamment ceux objet de conventions signées devant SM le Roi et ceux bénéficiant d’investissements étrangers. La préférence nationale est fortement recommandée en ce cap. Il est ainsi appelé à favoriser les entreprises marocaines qui utilisent les produits locaux et renforcer le recours à des mécanismes alternatifs de financement dans le cadre de partenariats institutionnels ou de partenariats public privé.

Une aggravation de 40 milliards de dirhams prévue pour 2020

budgétaire devrait afficher au titre de l’année 2020 un creusement de 40 milliards de dirhams, marquant ainsi une aggravation de 4%. Il se situerait ainsi autour de 7,5% du PIB contre une prévision initiale de 3,4%. Ce creusement s’explique par une éventuelle baisse de 40,7 milliards de dirhams des recettes ordinaires, attribuable principalement aux recettes fiscales, aussi bien domestiques que douanières. «En effet, la baisse de l’activité économique, conjuguée au confinement sanitaire et au coût des mesures prises en faveur de certains secteurs exposés, devrait avoir un impact certain sur le niveau des recouvrements de l’année», relève-t-on du rapport en évoquant deux facteurs.

Le premier est relatif à la baisse des dépenses ordinaires. Ce repli est estimé à 4,3 milliards de dirhams, dont 2,8 milliards de dirhams au titre des charges de la compensation et 1,9 au titre des dépenses de biens et services au moment où les intérêts de la dette ont légèrement augmenté de 300 millions de dirhams. Le deuxième élément relevé est l’augmentation de 7,5 milliards de dirhams des crédits ouverts au titre des dépenses d’investissement. Elles traduisent, ainsi, une réorientation d’une part importante des crédits vers les dépenses découlant de la gestion de la pandémie, dont 15 milliards de dirhams sont destinés au financement du plan d’appui à la relance de l’économie nationale.

Programmation budgétaire : La méthodologie

Se référant au document ministériel, la programmation budgétaire triennale 2021-2023 tient compte d’un ensemble d’hypothèses et d’indicateurs macroéconomiques. «Globalement, pour ouvrir la voie vers un retour progressif aux équilibres macroéconomiques, la configuration des finances publiques, telle qu’elle ressort du présent projet de loi de Finances s’inscrit dans la stricte conformité aux nouvelles orientations en matière des dépenses publiques et de gestion rigoureuse des finances publiques, en se limitant aux dépenses prioritaires et urgentes dans ce contexte fortement impacté par les effets de la pandémie», peut-on lire du rapport.

Et de conclure que «cette gestion rigoureuse et exemplaire des finances publiques, écartant toute option liée à la politique d’austérité budgétaire, porte, en effet, sur une réorientation des dépenses budgétaires en fonction des priorités, tout en maintenant un rythme soutenu de l’investissement public, au profit de la création d’emploi et de la valeur ajoutée».

LE VIRAGE FORCE DE LA DIGITALISATION

La crise sanitaire du coronavirus a redistribué toutes les cartes. Pendant le confinement, les opérateurs économiques nationaux ont tous revu leurs modes de distribution, de communication et de paiement aussi. L’activité monétique a battu son plein pendant cette période, celle de l’e-commerce aussi, en lien avec un changement dans les habitudes de consommation. Les banques, les opérateurs télécoms et les acteurs de la grande distribution, eux aussi, se sont adaptés à la crise, en assurant un meilleur service à distance pour leur clientèle. En fait, les opérateurs économiques, déjà lancés dans la digitalisation de leurs services, ont pu tirer leur épingle du jeu. Par contre, les autres ont dû mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard en la matière. L’enjeu est de taille, Les habitudes et le comportement des citoyens ont été chamboulés. Pour assurer leurs besognes ces derniers se sont rués vers le digital ! Désormais tout se fait en ligne, paiement des factures, achats de produits de première nécessité, services financiers, shopping… En fait, les mesures sanitaires, dictées par l’État, obligent les gens à s’approvisionner au plus près de chez eux. Les supermarchés ont donc été les premières victimes de ce durcissement. Une fois terminés les moments de panique de l’approvisionnement en produits et du stockage massif de produits de première nécessité, la consommation des ménages s’est orientée vers les produits essentiels laissant tout le superflu de côté.

Changement d’habitudes

Pendant que la Covid-19, le confinement et le durcissement des mesures sanitaires, modifient de jour en jour les comportements d’achat des consommateurs marocains, les entreprises elles aussi doivent suivre cette nouvelle tendance et s’adapter, voire carrément changer leurs modes de communication. C’est un effet inévitable mais surtout imprévu, qui se manifeste de plus en plus tant que la pandémie n’est pas éradiquée. Tout le monde doit s’adapter et surtout se confirmer à la nouvelle donne : tous les comportements usuels se modifient, ils ne seront plus jamais comme avant ! Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a réalisé une enquête auprès des ménages pour suivre l’adaptation du mode de vie des ménages sous la contrainte du confinement, couvrant la période du 14 au 23 avril 2020. D’après cette enquête, 82% des personnes qui sortent du domicile pendant le confinement sont les chefs de ménage, 15% les personnes âgées de 25 à 59 ans, 2% les enfants de moins de 18 ans et 1% les personnes âgées de 60 ans et plus. Les principales raisons de sortie du domicile sont : Pour 94% des ménages, l’approvisionnement domestique. Aussi, selon le HCP, pour 24% des ménages, les prix des produits alimentaires de base ont augmenté au cours du confinement, «alors que pour 75%, ces prix n’ont connu aucun changement aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, et quelque soit le niveau de vie des ménages», explique-t-on au niveau de l’étude du HCP. Dans ce sens, il est sûr que les habitudes alimentaires et la nature des achats se sont modifiées. Les ménages préparent à l’avance leurs achats, font de plus en plus attention aux horaires d’ouvertures et de fermeture des magasins. Les offres et promotions deviennent de plus en plus prisées par ces derniers.

Car qui dit crise sanitaire, dit baisse d’activité économique et donc réduction des salaires, voire même arrêt d’emploi. En effet, l’inquiétude sur le pouvoir d’achat est manifeste dans ce genre de situation. Justement l’étude du HCP révèle que 34% des ménages affirment n’avoir aucune source de revenus en raison de l’arrêt de leurs activités au temps de confinement. Il est expliqué que, par rapport à leur situation financière actuelle, pour 38% des ménages, le revenu couvre juste les dépenses. la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) à, de son côté, souligné, dans sa note du mois de septembre, que les mesures prises par les pouvoirs publics auraient permis d’absorber partiellement les implications néfastes de la crise sanitaire sur la consommation des ménages et les entreprises en difficulté ainsi que leurs employés. Elle précise que «la consommation des ménages, impactés par la baisse de leurs revenus, le changement de leur mode de consommation dans le contexte de crise et la succession de deux mauvaises années agricoles, aurait affiché une contreperformance en 2020, atténuée, toutefois, par l’évolution toujours maîtrisée des prix à la consommation (+0,5% à fin juillet 2020)». L’Indice des prix à la consommation (IPC) a accusé une baisse, en glissement mensuel, de 0,3% en juillet 2020. Ce recul recouvre le retrait de l’IPC alimentaire de 1,6%, atténué par l’augmentation de l’IPC non-alimentaire de 0,5%. La baisse observée au niveau des produits alimentaires est à lier au reflux des prix des légumes (-8,6%), des poissons et fruits de mer (-3,5%), du lait, fromage et œufs (-0,9%), des viandes (-0,7%) et des huiles et graisses (-0,5%). Pour les produits non-alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des carburants (+6,9%).

Le commerce en ligne gagne du terrain

En tout cas, cette crise sanitaire a révélé de nouvelles tendances. L’e-commerce a bien pris de l’ampleur durant cette conjoncture de crise, à même de devenir un comportement habituel pour le consommateur marocain. Acheter en ligne ses produits est devenu un comportement normal pendant cette période. Ce changement d’habitude a en effet, été constaté quasiment dans l’ensemble des secteurs. Cette révélation du consommateur en ligne a même poussé les commerçants, opérateurs de la grande distribution… à revoir leurs stratégies de communication et de vente pour assurer leur présence en ligne et donc apporter des réponses concrètes à la nouvelle réalité. Mais surtout rester visible et proche vis-à-vis de leur clientèle. De ce fait, un franc succès a été enregistré chez les sites marchands en matière de ventes durant cette période.

Se transformer ou mourir ?

La transformation digitale est devenue, plus que jamais, un facteur indispensable au développement des entreprises. En fait, la crise sanitaire mondiale a confirmé cette tendance. Le numérique est omniprésent, tant dans les process internes de l’entreprise que dans l’environnement de travail des collaborateurs ou encore dans l’environnement économique externe. Avec cette crise sanitaire, la transformation digitale devient donc un enjeu majeur pour l’entreprise.

Le digital s’impose et offre aux entreprises de créer de nouveaux produits et services ou de raccourcir les délais de commercialisation. Il permet aussi de réinventer les interactions de l’entreprise avec ses clients et de renforcer sa présence dans son environnement local, national et international. «L’entreprise doit être en transformation continue. Elle doit toujours être à la recherche de compétitivité, en utilisant justement les moyens technologiques et la data», avait assuré Salwa Karkari-Belkeziz, présidente de GFI Maroc, lors d’un webinaire intitulé : «L’entreprise de demain sera digitale», organisé par l’institut CDG. Les nouvelles technologies rendent-elles les entreprises plus compétitives ? Oui, dans la mesure où la crise sanitaire a démontré que l’utilisation des nouvelles technologies s’impose comme étant un facteur important pour l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Les entreprises ont pu assurer la continuité de leur activité grâce à la technologie, allant des plateformes collaboratives à celles de l’e-commerce. En fait, la crise sanitaire a également démontré les lacunes des PME-PMI. Ces dernières ont eu du mal à assurer leur activité, puisqu’elles ne disposaient pas de stratégie claire en termes de présence digitale. Il est également à noter que la crise a révélé un retard dans le déploiement de la stratégie Maroc Digital. Toutefois il y a une prise de conscience qui s’établit. Dans ce sens, les TPE et PME sont les plus concernées par l’urgence de l’opérationnalisation de cette stratégie. L’État et les opérateurs sectoriels sont amenés à mieux collaborer afin d’assurer la réussite de cette transformation devenue primordiale pour la survie des entreprises. Car on le sait : il est probable que plusieurs des comportements des consommateurs marocains, constatés au début de cette crise sanitaire, risquent de perdurer. La prise de conscience actuelle s’inscrit dans la durée. L’important donc est de la rendre concrète, prendre les choses en main devient un axe primordial. La stratégie de digitalisation des entreprises de demain doit s’écrire dès à présent. 

CYBERSECURITE : LA CGEM DIFFUSE UN GUIDE POUR AIDER LES ENTREPRISES

Le volume d’échange d’informations au quotidien nécessite un haut niveau de sécurité, afin de minimiser les risques et maximiser l’efficacité. La Confédération générale des entreprises du Maroc vient de publier un guide pour aider les entrepreneurs à se protéger contre les cyberattaques.

Aujourd’hui, le nouvel ennemi des entreprises est le cybercriminel. Dans un guide récemment édité au profit des entreprises, la CGEM tire la sonnette d’alarme quant aux multiples attaques informatiques qu’a subies le Maroc ces derniers mois. À ce propos, Rachid Ressani, président-directeur général d’IT Road Consulting, a déclaré : «Ce guide intervient à un moment où l’ensemble des entreprises marocaines en ont besoin», soulignant que «ce document est orienté vers l’essentiel en matière d’implémentation d’une stratégie de cyberdéfense». Il a également considéré que le guide de la CGEM pourra être utilisé par les entreprises comme base de référence pour «entamer un vrai chantier interne de cyberdéfense». Rachid Ressani a également appelé à s’appuyer sur la Directive nationale de la sécurité des systèmes d’informations (DNSSI) qui «permet à tous les top managements d’initier une démarche de transformation intégrant la sécurité comme axe majeur de gouvernance et comme principal pilier sur lequel baser la dynamique de dématérialisation ou de transformation digitale de leurs écosystèmes». Selon lui, la cybersécurité au Maroc fait partie des secteurs qui connaissent «une vitesse de maturité exponentielle, et ce, depuis la création de plusieurs organes de gouvernance nationale ayant œuvré à ce que ce secteur puisse s’industrialiser et monter en maturité». «Le Maroc est contraint d’accélérer la cadence en matière de transformation digitale, au niveau tant public que privé, afin de pousser l’ensemble des opérateurs à s’orienter vers des usages à forte composante digitale. Ces usages sont souvent exposés à des menaces et des vulnérabilités poussées en matière de risque de piratage ou de hacking», a souligné Rachid Ressani.

De son côté, le youtubeur Amine Raghib estime que «la crise liée à la pandémie a mis en évidence l’importance de la digitalisation dans divers domaines. Cependant, l’évolution du secteur de la cybersécurité au Maroc ne s’aligne pas sur l’accélération de l’usage de ces solutions digitales par les entreprises marocaines». Il ajoute que «l’énorme volume d’échange d’informations au quotidien nécessite un haut niveau de sécurité, afin de minimiser les risques et maximiser l’efficacité». «Avec la propagation de la pandémie, toute organisation est de plus en plus dépendante des technologies de l’information et d’Internet», fait remarquer Amine Raghib, soulignant que «certaines structures déploient leurs efforts pour combler leur déficit sans pour autant penser à la sécurisation de leur système». À ce sujet, une étude de Kaspersky faisait savoir, en juin dernier, que seulement 1/3 des TPE/PME informaient leurs employés des exigences de sécurité liées aux appareils personnels. Cette étude soulignait l’importance pour les petites entreprises d’avoir une stratégie claire en matière de protection et de sensibilisation à la sécurité de leurs salariés. Cécile Feroldi, directrice marketing B2B chez Kaspersky France et Afrique du Nord, a déclaré à ce propos : «Les TPE comme les start-up se sont retrouvées dans une situation difficile et leur première priorité était d’assurer la pérennité de leurs activités et de sauver les emplois. Il n’est donc pas surprenant que la réflexion sur la cybersécurité émerge plutôt dans un deuxième temps». Toutefois, a-t-elle souligné, «la mise en œuvre de mesures de sécurité informatique, même élémentaires, peut réduire les risques d’infection par des logiciels malveillants, de fraude financière, ou de perte de données commerciales. De plus, les experts en cybersécurité sont nombreux à formuler des recommandations que les entreprises peuvent partager avec leurs employés pour les aider à sécuriser leurs appareils».

Plus de 13,4 millions d’attaques au Maroc entre avril et juin 2020
D’après un bulletin trimestriel de Kaspersky sur la cybersécurité au Maroc publié récemment, plus de 13,4 millions d’attaques ont été détectées entre avril et juin 2020. Ce rapport souligne que les attaques via les navigateurs constituent la principale méthode de propagation des programmes malveillants.Selon le bulletin de Kaspersky, 3.622.644 incidents liés à des logiciels malveillants téléchargés depuis Internet ont été détectés entre avril et juin 2020. «Au total, 27,6% des utilisateurs de Kaspersky Security Network ont été victimes au cours de cette période de menaces véhiculées par le Web. Le Maroc se place ainsi au 32e rang mondial des pays touchés par les menaces informatiques associées à la navigation sur le Web», souligne-t-on dans le rapport. Toujours selon la même source, «les solutions Kaspersky ont détecté, au cours du second trimestre 2020, 9.841.879 incidents de logiciels malveillants en local sur les ordinateurs utilisant Kaspersky Security au Maroc. Au total, 41,9% des utilisateurs ont été victimes de menaces locales entre avril et juin, ce qui positionne le Maroc à la 48e place mondiale». Or, précise Kaspersky, pour se protéger de telles attaques, il faut nécessairement «une solution antivirus capable de traite les objets infectés mais aussi un pare-feu, une fonctionnalité anti-rootkits et un contrôle sur les périphériques». Cependant, Kaspersky souligne que «la part des incidents causés par des serveurs hébergés au Maroc est très peu significative au niveau mondial». La société a, ainsi, comptabilisé 23.914 incidents entre avril et juin, plaçant le Maroc à la 61e place mondiale.