PROXIMO Revue de presse 25 04 2018

Les ECO

ASSEMBLÉES ANNUELLES DU GBM ET DU FMI

LE MAROC DÉSIGNÉ POUR ACCUEILLIR L’ÉDITION 2021

Le Maroc a été officiellement désigné pour accueillir l’édition 2021 des Assemblées Annuelles du Groupe de la Banque Mondiale (GBM) et du Fonds Monétaire International (FMI) et ce, au terme d’un long processus d’évaluation des candidatures présentées initialement par 13 pays, a annoncé mardi le ministère de l’Economie et des Finances.

Cette désignation, la deuxième pour le continent africain depuis 1973, coïncide avec le 60ème anniversaire de l’adhésion du Royaume à ces deux institutions le 25 avril 1958 et vient consacrer la confiance du GBM et du FMI dans la capacité du Maroc à réussir l’organisation d’événements d’envergure mondiale, a souligné le ministère dans un communiqué.

Cette désignation traduit également  »l’appui et le soutien de ces deux importantes institutions aux politiques économiques et réformes structurelles engagées par le Maroc sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l’assiste », affirme-t-on de même source.

L’édition 2021, qui se déroulera dans la ville de Marrakech, sera l’occasion d’exposer les réformes structurelles engagées par le Maroc ainsi que les différentes avancées qu’il a réalisées et de débattre et échanger avec les décideurs et experts internationaux sur les moyens de promouvoir la coopération internationale et régionale, indique-t-on.

Les Assemblées Annuelles du Groupe de la Banque Mondiale (GBM) et du Fonds Monétaire International (FMI) constituent le grand rendez-vous annuel de la finance internationale et l’occasion de débattre de la conjoncture internationale, du développement et du financement des économies et de la lutte contre la pauvreté et des inégalités sociales.

Cette manifestation est organisée chaque deux années de suite à Washington et, la troisième année, dans un pays tiers. Elle réunit plus de 14.000 personnalités dont les ministres des Finances et les Gouverneurs des Banques Centrales de 189 pays membres de ces institutions ainsi que des représentants du secteur privé, des ONG, et du milieu universitaire.

Le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, avait conduit, les 13 et 14 mars dernier à Washington, une importante délégation pour promouvoir la candidature du Royaume du Maroc, et avait eu, à cette occasion, une série de rencontres avec les administrateurs et les hauts responsables du groupe de la BM et du FMI.

aujourd'hui

La stratégie agricole boucle sa première décennie : Plan Maroc Vert, 10 ans déjà

Une décennie riche en réalisations ayant permis au secteur de l’agriculture d’améliorer sa contribution à l’économie marocaine et renforcer sa résilience en dépit des aléas climatiques et conjoncturels. De 2008 à 2018, l’agriculture marocaine a réalisé un énorme saut à la fois qualitatif et quantitatif.  Le secteur a été replacé au centre de l’économie nationale comme étant un moteur de croissance et un outil efficace de lutte contre la pauvreté rurale. Les conditions de vie de la population agraire se sont nettement améliorées du fait du redressement significatif de la production des différentes filières agricoles. Les indicateurs du secteur confirment cette performance, fruit d’une feuille de route intégrée et d’un mode de gouvernance à la fois structuré et responsable. L’impact de la stratégie agricole n’est plus à démontrer aussi bien sur le plan économique que social.  Le secteur a réalisé durant les 10 dernières années un taux de croissance annuelle de 7,3%, supérieur au taux de croissance national enregistré entre 2008 et 2017.  Le PIB moyen réalisé pendant la même période s’élève à plus de 106 milliards de dirhams par an, en hausse de 58% par rapport à la moyenne enregistrée entre 2000 et 2007. Avec une part de 38%, l’agriculture demeure le principal pourvoyeur d’emplois au Maroc. Les trois quarts de la population active au monde rural tirent leurs revenus du secteur. Le développement des emplois dans le monde rural est tiré par la dynamique d’investissement observée dans le cadre du Plan Maroc Vert. Se référant au ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, les investissements réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert ont contribué à une accumulation de capital qui s’accompagne généralement d’une amélioration durable de la productivité et des revenus. Depuis la mise en oeuvre de la feuille de route agricole, l’investissement privé dans le secteur agricole est estimé à près de 67 milliards de dirhams.

Rappelons qu’une panoplie de mesures d’accompagnement a été engagée dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ces dispositifs portent, entre autres, sur la rationalisation de l’allocation des ressources, de la gestion des risques, de la promotion des exportations, de l’amélioration de la commercialisation intérieure et de l’amélioration du financement. Grâce à ces orientations stratégiques, plus d’un million d’agriculteurs ont pu bénéficier de crédits de financement, soit 3 fois plus qu’en 2008. Articulé autour de deux piliers, le Plan Maroc vert a pour ambition de développer une agriculture performante à forte valeur ajoutée, et ce à travers la stimulation de l’investissement privé et la mise en place de modèles d’agrégation équitable (Pilier I). La stratégie a également pour ambition de développer l’agriculture solidaire et familiale en luttant contre la pauvreté et en améliorant les revenus agricoles des exploitants les plus fragiles (Pilier II). Dans une optique d’amélioration de productivité, l’ensemble des filières s’est doté de contrats programmes avec des objectifs chiffrés à l’horizon 2020. L’impact est positif sur le terrain. Ces trois dernières années ont été marquées par une performance confirmée de certaines filières. On relève dans ce sens une amélioration de 37% de la filière agrumicole ainsi qu’une hausse de 38% pour l’oléiculture et 40% pour les fruits rouges. Le  Plan Maroc Vert est venu chambouler tous les paradigmes d’une agriculture traditionnelle. Un grand effort de mécanisation a été consenti dans ce sens. La moyenne en 2018 est de 8,3 tracteurs/1.000 hectares, contre 5,2 en 2008. De même de nouvelles techniques d’irrigation ont été introduites renforçant ainsi l’attractivité du secteur. Aux derniers chiffres révélés par le département de l’agriculture, les zones couvertes par la technique de localisation atteindront  d’ici la fin de l’année les 590.000 hectares. En outre,  l’économie réelle de l’eau est estimée à plus de 1,6 milliard de mètres cubes par an, soit des quantités d’eau égales au stock d’eau disponibles dans un grand barrage ou à 250.000 hectares d’oliviers irrigués. Sur le plan solidaire, le Plan Maroc Vert a permis la réalisation de 215 projets de coopération de plus de 2,1 milliards de dirhams sur une superficie de 266.000 hectares et au profit de 165.965 bénéficiaires.

L’agriculture en chiffres

Croissance du PIB agricole  de 7,3% durant les 10 dernières années pour atteindre 125 milliards DH

La superficie plantée atteint 415.000 hectares en  2018

105 milliards de dirhams d’investissements injectés dans le secteur agricole depuis 2008

Augmentation des exportations de 65% depuis 2008

Plus de 250.000 nouveaux emplois créés depuis 2008

Plus d’un million d’agriculteurs ont eu accès au crédit depuis 2008

500 centres de conseils agricoles créés depuis 2008

590 000 hectares couverts par l’irrigation localisée à fin 2018

Stabilisation de la population rurale à 12,4 millions en 2018 (même population qu’en 2008)

19 contrats-programmes conclus avec les interprofessions

 

Finances publiques : Un déficit budgétaire de 6,3 milliards de dirhams à fin mars

Le déficit budgétaire ne cesse de s’aggraver. L’écart s’est creusé de 1,2 milliard de dirhams entre mars 2017 et mars 2018. Au troisième mois de l’année, le Trésor ressort déficitaire de l’ordre de 6,3 milliards DH contre 5,5 milliards DH enregistrés à la même période de l’année passée.

Ce déficit tient compte d’un solde positif de 8,8 milliards DH dégagé par les comptes spéciaux du Trésor et les services de l’Etat gérés de manière autonome. C’est ce qui ressort du bulletin mensuel de statistiques des finances publiques. Le mois de mars a été marqué par une baisse des recettes ordinaires. Ces dernières se sont rétractées de 2,6% atteignant ainsi les 59,2 milliards DH contre 60,8 milliards DH une année auparavant. Cette baisse résulte de la chute de 10,2% des impôts indirects et de 27,8% des recettes non fiscales. En parallèle, les droits de douane ont grimpé de 22,7%. Il en est de même pour les impôts indirects et les droits d’enregistrement et de timbre dont les valeurs ont affiché des hausses respectives de 5,6 et de 6,8%. La structure des recettes ordinaires reste dominée par la taxe sur la valeur ajoutée. Atteignant une valeur de 16,29 milliards DH, la TVA a grimpé de 7,1% au mois de mars représentant 27,5% de la structure globale des recettes principales. L’impôt sur les sociétés a généré des recettes de 14,97 milliards DH, en baisse de 16,9%.

L’impôt sur le revenu arrive en troisième position en termes des parts de la structure des recettes et ce avec une valeur de 10,52 milliards DH, en progression de 1,2%. Les dépenses émises se sont pour leur part légèrement rétractées au mois de mars. A noter que les engagements de dépenses se sont élevés à fin mars à 147,1 milliards DH, soit un taux global d’engagement de 37% comparé au même mois de l’année précédente. La Trésorerie générale du Royaume relève également dans son bulletin un taux d’émission de 67% au même niveau de l’année passée. Les dépenses émises au titre du budget général s’élèvent pour leur part à 79,7 milliards DH, en repli de 9,7% par rapport à ce qui a été enregistré une année auparavant. Cette baisse s’explique par le recul de 36,2% des charges de la dette budgétisée et de 11,5% des dépenses d’investissements au moment où les dépenses de fonctionnement ont affiché une hausse de 0,6%.

«La diminution des charges de la dette budgétisée s’explique par le recul de 50,6% des remboursements du principal ( 5,4 milliards DH) et de 12,4% des intérêts de la dette (5,8 milliards DH)», relève-t-on du bulletin de statistiques des finances publiques. Les dépenses de fonctionnement émises atteignent les 49,3 milliards DH. De ces dépenses, 27,5 milliards DH ont été débloqués pour les traitements et salaires représentant une hausse de 2,3%. Les dépenses de matériel se sont repliées de 2,8% se situant autour de 13 milliards DH contre 13,3 milliards DH une année plus tôt. Les charges communes se sont légèrement rétractées pour atteindre à fin mars les 7,2 milliards DH.

Par ailleurs les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux ont augmenté de 7,3% atteignant ainsi les 1,62 million de dirhams. «Cette augmentation s’explique en grande partie par l’augmentation des remboursements, dégrèvements et restitutions au titre de la fiscalité domestique (1,42 million de dirhams) en raison de la hausse des remboursements de la TVA à l’intérieur (1,27 million de dirhams)», explique la Trésorerie générale dans son bulletin. Les dépenses d’investissement émises au titre du budget général ont reculé de 2,5 milliards DH passant à 19,2 milliards DH. La baisse observée dans ce sens est évaluée à 11,5%. Elle relève de la diminution de 12,5% des dépenses des ministères et de la baisse de 10,7% des charges communes. Notons que l’encours de la dette intérieure a grimpé de 2,7% par rapport au mois de décembre. Cette hausse revient au recours du Trésor au marché des adjudications pour un montant net de 11,8 milliards DH.

Amazigh : Le Parlement accélère l’examen du projet de loi organique

L’examen du projet de loi organique n°26-16 qui définit les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh et les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs prioritaires de la vie publique, reprend au Parlement. En effet, la commission parlementaire chargée de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants se réunit aujourd’hui pour examiner le projet de loi organique.

L’objectif est d’accélérer le processus pour permettre l’adoption de ce texte en première lecture avant la fin de la session parlementaire en cours, prévue en août prochain. Il faut dire que le projet est très attendu puisqu’il concerne la langue amazighe, devenue depuis 2011 une langue officielle dans le pays. En effet, l’article 5 de la Constitution stipule que «l’amazigh constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle».

Dans les détails, le projet de loi comprend des dispositions relatives aux principes généraux concernant cette mise en œuvre du caractère officiel de la langue ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement, la législation et l’action parlementaire, l’information et la communication. Les dispositions du texte portent également sur les différents domaines de la création culturelle et artistique, l’administration et les services et établissements publics, les collectivités territoriales et les espaces et services publics en plus de la justice. Des dispositions en rapport avec les étapes et les mécanismes de suivi de la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh sont également prévues. Par ailleurs, la commission parlementaire chargée de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants examine également le projet de loi organique 04-16 portant sur la création du Conseil national des langues et de la culture marocaine. Il s’agit là d’un texte tout aussi attendu.

Dans ce sens, le ministre de la culture et de la communication, Mohamed Laaraj, avait déclaré que la loi organique relative au Conseil national des langues et de la culture marocaine constitue un pas en avant dans la gestion du multilinguisme précisant que cette loi doit tenir compte des exigences de la gestion du multilinguisme, en harmonie avec la politique linguistique du Royaume. L’ensemble des interventions reflète la volonté d’adapter ce projet aux attentes des citoyens et de mettre en œuvre les dispositions de l’article 5 de la Constitution qui a tranché au sujet de la langue et la culture marocaine, avait-il ajouté.

MARCHÉS DE GROS : UN MODÈLE DE GESTION À RÉNOVER

Ce n’est pas un secret: entre le producteur et le consommateur, les prix des fruits et légumes passent du simple au double, voire plus. C’est dire à quel point le

Ce n’est pas un secret: entre le producteur et le consommateur, les prix des fruits et légumes passent du simple au double, voire plus. C’est dire à quel point le marché intérieur est désorganisé au grand dam de l’agriculteur et des ménages, et parfois même des grossistes. L’illustration est l’état de la majorité des marchés de gros des fruits et légumes. Représentant le cœur du circuit de distribution à la fois des produits domestiques et importés, les marchés de gros des fruits et légumes sont tous gérés directement par les communes. Seul le marché de gros de Casablanca est géré depuis 2015 par Casa-prestations – une société de développement locale – dans le but de le moderniser et d’améliorer ses recettes (voir notre reportage en page 28). Professionnels, grossistes et associations de défense des droits des consommateurs déplorent à l’unanimité l’état de ces plateformes censées être les vitrines de la production agricole. «Il est inadmissible que le marché de gros d’une ville comme Marrakech ne dispose même pas d’un système de froid», s’insurge un grossiste au marché de gros de la ville ocre. La situation dans la région de Souss Massa n’est pas meilleure. «Le marché de gros d’Inezgane est indigne d’une région à vocation agricole, qui approvisionne aussi bien le marché national et qu’international», déplore Mohamed Moflih, directeur de la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (Fifel).
Pour leur part, les producteurs d’agrumes réunis au sein de l’ASPAM ont décidé de mener une étude portant sur le marché intérieur pour identifier les sources de dysfonctionnement. Il y en a qui sont déjà connues. «La principale problématique structurelle demeure l’opacité du marché intérieur et la multiplicité des intermédiaires», nous expliquait M. Derrab, directeur de l’ASPAM.

Des grossistes informels dans les banlieues des grandes villes

A ces irrégularités s’ajoute la distribution informelle. Celle-ci est presque banalisée dans de grands marchés parallèles ou auprès de détaillants ambulants. «Ces commerçants ne paient pas de taxes à la commune, ce qui représente un manque à gagner conséquent et une concurrence déloyale vis-à-vis des grossistes qui reversent entre 6 et 7% de leur chiffre d’affaires dans les marchés de gros», confie une source au sein de la Business unit des marchés de gros à Casa prestations.

Le grand marché d’Errahma est en effet un cas d’école. Ce dernier approvisionne une bonne partie des quartiers situés au sud de Casablanca. «Même si une grande partie des fruits et légumes consommés à Casablanca passent par le marché de gros, les marchés et les détaillants informels se développent et commencent à nuire au tissu formel», explique AbderrazakChabi, secrétaire général de l’association du marché de gros des fruits et légumes de Casablanca (AMGFLC). Selon d’autres grossistes au fait des dessous du circuit informel, ces distributeurs informels disposent d’installations frigorifiques et de dépôts clandestins.

A Rabat, l’informel a depuis longtemps cassé le marché de gros. «78,24% des fruits et légumes ne transitent pas par le marché de gros», lit-on dans un rapport de la Cour des comptes datant de 2010. Résultat des courses: le manque à gagner pour la commune de la capitale a été estimé à l’époque à 24,26 MDH rien qu’en 2009. A Marrakech, le marché de gros qui avait auparavant une portée régionale n’arrive plus à attirer les grossistes des villes environnantes. «Les grandes surfaces et les marchés informels ont pris le dessus sur le marché de gros où ne transitent que 40% des fruits et légumes consommés à Marrakech, d’autant plus que les commerçants des villes avoisinantes comme Chichaoua, El Kelaâ, Safi et Ouarzazate préfèrent depuis longtemps Agadir» , explique notre source. En cause, «l’absence d’un système de froid au sein du marché et la présence de cageots et caisses de très mauvaise qualité» , selon notre interlocuteur. Et d’enfoncer le clou : «Dans les marchés de gros les pratiques ne respectent pas le b-a-ba de la logistique, du conditionnement, du tri et du calibrage ; chose qui dessert notre agriculture et sape les efforts consentis dans le cadre du Plan Maroc Vert».

Partout dans le monde, l’existence de grossistes est somme toute ordinaire. Ces professionnels ont des missions importantes à jouer : lier l’amont productif à l’aval commercial, valoriser et conserver les produits jusqu’à l’assiette, exiger le respect des normes et standards, mais il n’y a pas que cela. «Les grossistes sont les garants de la sécurité alimentaire et de la paix sociale. Certes, nous sommes rémunérés pour ça, mais c’est une mission noble», indique AbderrazakChabi. «Un grossiste achète, stocke et revend la production en assumant des risques liés aux aléas du marché et aux conditions de stockage en supportant des frais. Ça lui arrive même de récolter et de cueillir lui-même la production et doit gérer la relation avec l’agriculteur et le fidéliser», détaille-t-il. Exemple : les frais d’emballage, de transport, de frigos ainsi que la taxe d’accès au marché se situent entre 1 et 3 DH le kilogramme pour une bonne partie des fruits et légumes, à en croire une estimation de l’AMGFLC. «Je suis moi-même sidéré quand je constate que des choux et des tomates vendus respectivement à 0,50 DH et 1,50 DH/kg au marché de gros sont écoulés à 5 DH et 4 DH chez les détaillants alors que nos marges ne dépassent pas au mieux quelques centimes», observe-t-il. Selon lui, même si l’on suppose l’existence de trois intermédiaires au marché de gros, les prix chez les détaillants demeurent trop élevés.

Le mouvement consumériste exige un débat national et la refonte du cadre légal

Pour la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), le cadre réglementaire et le système de distribution doivent être revus. Le dahir 1-62-008 relatif à l’attribution des charges des mandataires des marchés de gros date de 1962. Les marchés de gros sont un monopole des collectivités territoriales, donc «des élus et des contingences politiques. Avant 2011, il y avait une direction qui contrôlait le marché intérieur au sein du ministère du commerce, mais elle n’existe plus. Entre producteur et consommateur, il y a toute une myriade d’intermédiaires parasites» , tonne BouaazzaKhrati, président de la FMDC, qui réclame la fin de ce qu’elle qualifie de «monopole du marché de gros de Casablanca sur l’approvisionnement du marché national» .

En clair, il faudra doter chaque région d’une plateforme régionale. «Il est aberrant que la tomate d’Agadir soit transportée à Casablanca pour une première vente avant de revenir à Agadir», conclut Khrati. Des suggestions et des schémas de réforme de l’aval du secteur émergeront sûrement des débats qui auront lieu lors du Siam.

Modernisation des marchés de gros : ce que prévoit la tutelle

Le schéma national d’orientation et de modernisation des marchés de gros des fruits et légumes prévoit la mise en place de 32 marchés de nouvelle génération au lieu de 38 actuellement, à en croire le ministère de l’agriculture. Ils seront dotés d’infrastructures modernes, d’un mode de gouvernance approprié (société de développement local, partenariat public – privé,…) et d’un système de rémunération optimisé (sources de revenus déconnectés des ventes : droits de 1ère occupation des magazines, loyers mensuels, péage à l’entrée, …). Trois projets pilotes à Rabat, Berkane et Meknès seront lancés dans une première étape. Celui de Rabat est à un stade très avancé ; la convention s’y rapportant est signée par les partenaires concernés. Ce marché sera construit au niveau de la Commune de Sidi Bouknadel, à Salé, par la société «Rabat-Région-Aménagement» sur une superficie globale de 100 ha, dont 60 ha pour la 1ère phase. L’investissement projeté est de près de 550 MDH. La gestion du projet sera assurée par une société de développement local à créer.

Système Asaar, un tableau de bord qui véhicule la transparence

Conçu par le ministère de l’agriculture, le système d’information ASAAR est un dispositif qui a pour objectif de rendre le marché plus transparent, et d’améliorer ainsi les anticipations, les arbitrages et la prise de décision par les acteurs économiques. Bien que ciblant les opérateurs privés du marché (agriculteurs, commerçants et consommateurs), ce système fournit également au gouvernement des informations importantes sur la conjoncture du marché, dans un objectif d’aide à la décision dans les domaines de politiques agricoles et de sécurité alimentaire. La solution est constituée : • d’une base de données pour le stockage et le traitement des prix collectés et une application centrale pour l’administration et le paramétrage de l’ensemble des composantes du système. La base de données est alimentée automatiquement et en temps réel par les données transmises ; • d’une application mobile embarquée sur des téléphones pour la collecte et la transmission des données via le réseau 3G ou GPRS ; • d’un site web dynamique accessible au grand public permettant l’affichage des prix quotidien, l’historique des prix, les analyses des différents marchés….etc.

telquel.ma

Les évolutions de la nouvelle loi sur les entreprises en difficulté

Une nouvelle loi pour la sauvegarde des entreprises en difficulté vient d’entrer en vigueur. Publiée au Bulletin officiel le 23 avril, la loi n°17-73 prévoit une procédure de sauvegarde des entreprises pour les protéger de la faillite.

Au classement Doing Business, le Maroc figure à la 134e position sur 190 pays. La note du Royaume sur le climat des affaires est notamment tirée vers le bas par le niveau record de faillites de ses entreprises. Avec plus de 8.000 dépôts de bilan en 2017, le nombre a triplé en 8 ans. La loi 17-73, entrée en vigueur le 23 avril par sa publication au Bulletin officiel, entend améliorer la situation.

En modifiant et complétant le livre cinq de la loi n° 15-95 relative au Code de commerce, elle met en place des mécanismes d’accompagnement des entreprises en situation difficile.

Les deux évolutions majeures de cette nouvelle loi concernent la prévention externe des entreprises et l’autonomie conférée au chef d’entreprise en cas de procédure de sauvegarde.

Ainsi, l’article 545 de cette loi prévoit, pour l’entreprise en difficulté, un recours à la procédure de sauvegarde « à travers un plan de sauvegarde devant être soumis au tribunal pour approbation« . Les difficultés de l’entreprise sont alors traitées via « un règlement judiciaire, par adoption d’un plan de continuité ou d’un plan de transmission« .

L’entreprise en difficulté est ainsi placée sous prévention externe, ou mise sous tutelle, du tribunal. L’article 549 dispose que le président du tribunal peut dans ce cas nommer « un mandataire privé et le charger de la mission de l’allégement des difficultés que rencontre l’entreprise, ou bien la nomination d’un réconciliateur qui facilitera la trouvaille l’arrivée à un accord avec les débiteurs, selon le cas.« 

Autre nouveauté de cette nouvelle loi, l’autonomie de gestion du chef d’entreprise en cas de procédure de sauvegarde. En effet, l’article 566 prévoit que « le chef d’entreprise s’occupe des opérations de gestion » de son entreprise. Toutefois, il reste « soumis dans l’exécution du plan de sauvegarde au contrôle du syndic qui adresse un rapport au juge ».

MAROC HEBDO

Al Akhdar Bank présente une offre inédite pour le secteur agricole et agro-industriel

Un financement participatif adapté

La banque participative Al Akhdar Bank accorde une importance particulière au financement de l’agriculture et de l’agro-industrie, en cohérence totale avec le positionnement et la stratégie de sa maison mère, le GCAM.

À Meknès, le groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) renforce sa présence à la 13ème édition du SIAM par un espace dédié à sa nouvelle filiale qui a vu le jour il y a un peu plus de cinq mois, en l’occurrence la banque participative Al Akhdar Bank, fruit du partenariat stratégique entre le GCAM et la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé (ICD), qui ont décidé de mettre en commun leurs expertises respectives dans le secteur financier. D’un côté, le GCAM apporte son expertise à travers plus de 50 années dans le financement de l’économie marocaine, couplée à une profonde connaissance du client et de ses besoins.

De l’autre côté, ICD apporte son expertise internationale dans le développement des banques islamiques à travers le monde et un savoir-faire reconnu dans l’ingénierie des produits financiers islamiques. «Une banque participative pour tous», c’est la signature que les femmes et les hommes d’Al Akhdar Bank traduisent en réalité afin de rendre la banque participative accessible à tous les segments de clients et à tous les secteurs d’activité.

Sa participation au SIAM va dans le sens qu’au-delà du fait qu’Al Akhdar Bank soit une banque universelle qui s’adresse à tous les segments (particuliers, professionnels et entreprises) à travers ses produits et ses services: Dépôts à vue, épargne, placement, financement immobilier, financement véhicule, financement de l’équipement et de l’investissement, opérations à l’international… elle a une offre particulière pour les secteurs de l’agriculture et l’agro-industrie. «Nous accordons une importance particulière au financement de l’agriculture et de l’agro-industrie, en cohérence totale avec le positionnement et la stratégie de nos actionnaires, et surtout compte tenu de l’importance stratégique de ce secteur d’activité pour notre pays et de son fort potentiel de croissance, grâce notamment aux transformations qu’il a connues à travers le Plan Maroc Vert», déclare Fouad Harraze, directeur général d’Al Akhdar Bank.

Stratégie de positionnement

La banque a ainsi mis en place des solutions de financement participatif qui répondent aux besoins du secteur agricole et agro-industriel en termes d’équipements (irrigation, énergie solaire, mécanisation…) et de matériel roulant (véhicule utilitaire, tracteurs…) à travers les produits Mourabaha équipement et Mourabaha véhicules validés par le Conseil Supérieur des Oulémas.

D’autres produits sont en cours de validation pour couvrir tous les besoins de financement et d’exploitation des agriculteurs, notamment Ijara, Salam, Moucharaka, Moudaraba, Wakala… «Afin de présenter ces produits au grand public, nous avons décidé de participer à la 13ème édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc. Cette participation est l’occasion pour nous de rencontrer les professionnels du secteur agricole et agro-industriel afin de leur présenter nos produits et services et de confirmer notre volonté de servir ce secteur à l’instar des autres», conclut Fouad Harraze.

En élargissant l’accès au financement participatif à travers sa stratégie de positionnement dans les grandes villes et les petites et moyennes villes adossées à un bassin agricole important, Al Akhdar Bank confirme sa vocation conformément à la mission de sa maison mère, le GCAM.

LA TRIBUNE

Évasion fiscale : nouvelles règles européennes contre les sociétés « boîtes aux lettres »

La Commission européenne a proposé mercredi de nouvelles règles pour simplifier la tâche des entreprises souhaitant s’installer dans un autre pays de l’UE, tout en permettant de bloquer les déménagements « abusifs » motivés par des raisons fiscales ou sociales.

La législation mise sur la table par l’exécutif européen, qui doit encore être adoptée par les États membres et les eurodéputés, vise à harmoniser les procédures au sein de l’Union pour les entreprises souhaitant s’installer dans un autre État membre.

Elle doit supprimer les « obstacles administratifs excessifs » et les disparités entre les différentes règles nationales pour les scissions et transferts de sièges, qui « découragent aujourd’hui les entreprises de poursuivre de nouvelles opportunités » au sein du marché unique, selon la Commission.

Eviter le caractère « abusif »

La nouvelle législation permettrait notamment de supprimer l’obligation existant dans certains pays de liquider une entreprise si sa direction veut créer une structure dans un autre pays de l’UE.

Tous les États membres devraient par ailleurs permettre d’enregistrer une nouvelle entreprise « complètement en ligne », une possibilité n’existant actuellement d’après la Commission que dans 17 pays européens.

En cas de transfert de siège ou de « division transfrontalière », les nouvelles règles donneraient aux autorités de l’État membre de départ de l’entreprise le droit d’arrêter le projet, s’il est « abusif ».

Des critères sont ainsi établis pour pouvoir bloquer un projet visant « à contourner les règles fiscales, à porter atteinte aux droits des travailleurs ou à mettre en péril les intérêts des créanciers ou des actionnaires minoritaires », a indiqué la Commission.

« Nous voulons nous assurer que l’on empêche la création de sociétés boîtes aux lettres, cherchant uniquement à payer moins d’impôts », a notamment fait valoir un responsable au sein de l’exécutif européen.

Dans le cas d’une division transfrontalière, la direction d’une entreprise aurait l’obligation d’informer ses employés sur le sort de leurs droits. « S’il n’y a pas d’accord et si les droits de participation dans le pays de destination sont plus bas que dans celui de départ, la solution sera qu’il faudra maintenir le même niveau de participation qu’avant la division », est-il précisé dans un texte explicatif de la législation.

Les entreprises britanniques « intéressées par un déménagement de leur siège au sein de l’UE en raison du Brexit (prévu fin mars 2019, Ndlr) pourraient bénéficier de la nouvelle législation » si elle est adoptée à temps par les États membres et le Parlement européen, a relevé un responsable au sein de la Commission.

Des modèles d’affaires transactionnels aux business models relationnels

Les business models de l’économie numérique n’ont rien à envier à ceux de l’économie traditionnelle ! Du commissionnement à l’affiliation et au canvas. Ils sont inventifs et évolutifs. Par Mohamed IhebMarouani et WafaBouaynaya, Université de Nantes

L’idée centrale de cet article est d’explorer les modèles d’affaires (MA). Il s’agit notamment de montrer leur adaptation progressive à l’économie numérique basée sur la valeur-data. Il apparaît globalement que les MA orientés numériques reposent plutôt sur la valorisation des fruits d’une relation (y compris en monétisant les données collectées lors de la dite relation avec le client/usager/internaute) que sur celle des fruits d’une transaction.

Production, transaction et relation

En d’autres termes, face à un individualisme connecté et volatile, l’entreprise qui l’est tout autant, doit apprendre à ne plus proposer simplement sa production mais l’ensemble des services, des connexions et des opportunités qui s’y rattachent.

Nous parlerons ici de modele d’affaire (MA) ou de business model (BM). Nous avons retenu une approche essentiellement descriptive qui adopte une démarche quasi linéaire. Au final, dans les mécanismes de captation de la valeur inhérente aux MA/BM, nous insistons sur le glissement de la valorisation de la transaction vers celle de la relation et de l’observation du client.

En effet, la relation client/fournisseur en ligne est d’autant plus profitable qu’elle produit des données. Elle repose donc sur la fidélisation voire la captation, parfois l’addiction, de l’e-client, de ses émotions et de son expérience notamment pour monétiser ses données explicites ou implicites de navigation.

Au final, cette contribution montre le désormais fameux « business model canvas » (BMC) comme l’un des fruit de cette évolution de la transaction vers la relation puis de la relation vers l’observation

Du modèle économique au modèle d’affaire : dix cas emblématiques

Abordons tout d’abord le cœur du problème et la question centrale pour chaque activité marchande… comment « gagner parfois un peu plus d’argent qu’on n’en perd tout le temps ? » L’agriculture et l’industrie nous offrent des exemples basiques qu’il convient de ne pas perdre de vue.

La production/distribution : un modèle économique basique et classique à double entrée. Dans le cas de l’agriculture, de la chasse, de la pêche et/ou de la cueillette mais également dans le cas de nombreux processus industriels, l’entrepreneur choisit, produit, récolte, stocke et vend sa production quasiment en l’état. Dans le cas des industries de services figurent le commerce et la distribution. Finalement, ces deux modèles d’affaires sont utilisés de façon combinée par tout producteur et/ou commerçant et consiste simplement à vendre un produit directement au consommateur ou à un grossiste en essayant de le vendre un peu plus cher que le coût de sa production ou collecte.

Le low-cost : un modèle économique qui casse les prix. Depuis ces modèles économiques de base, d’autres business models ont fait leur apparition. C’est notamment le cas du low-cost qui s’est développé dans de nombreux secteurs d’activité : alimentaire, compagnie aérienne, hôtellerie, ameublement, restauration… Ce type de modèle se distingue par une politique visant à réduire au maximum le coût de revient pour le consommateur.

La désintermédiation : un modèle économique facilité par Internet. La logique ici est également de réduire les coûts. Cela est permis en limitant les intermédiaires. De nombreux sites web (culture, agence de voyages…) se sont développés en appliquant ce modèle économique.

Le commissionnement : le modèle économique des comparateurs sur Internet. Un intermédiaire vend le produit d’une entreprise et se voit rémunérer par une commission. C’est le modèle économique des concessionnaires automobiles et des agents d’assurances mais aussi des comparateurs de coûts sur Internet.

L’abonnement : le modèle économique des journaux exporté au e-commerce. Journaux, AMAP, opérateurs téléphoniques… ces types d’entreprises utilisent ce modèle économique en partie ou intégralement pour vendre leur production ou leurs services. Aujourd’hui, des sites de e-commerce font ce choix de business model pour fidéliser leurs clients.

Le financement par la publicité : le modèle économique du gratuit. Sur le mode des journaux gratuits, de nombreux sites Internet offrent du contenu totalement gratuit à leurs utilisateurs. L’entreprise est alors rémunérée intégralement par ses contrats publicitaires. Ce modèle économique est donc dépendant des annonceurs.

Les enchères : le modèle économique des salles des ventes démocratisé aux sites d’enchères en ligne. Les clients fixent le prix pour lequel ils sont prêts à acheter le produit présenté. Ce modèle économique est redevenu en vogue avec les sites d’enchères en ligne.

Le freemium : le modèle économique mi-gratuitmi-payant. Les plateformes de musique ou de vidéo en streaming ainsi que d’autres médias comme les applications pour smartphones utilisent ce modèle économique avec une partie gratuite et une partie réservée aux adhérents.

Le cashback : le modèle économique de la fidélité récompensée. Plus le consommateur consomme, plus il obtient d’avantages. Ce modèle économique est utilisé notamment pour fidéliser les clients.

Le modèle de l’option forcée : le principe consiste peu ou prou à forcer la vente d’un produit ou d’un service non souhaité explicitement par le client et non indiqué dans le contrat signé préalablement. Ce fut le cas largement médiatisé l’an passé de l’opérateur téléphonique SFR qui, notamment, imposait par défaut une option à 5 euros (une chaine de TV supplémentaire) que le client devait lui-même désactiver (décocher sur son compte client en ligne via un cheminement délicat) afin de ne pas se voir ajouter les 5 euros à sa facture mensuelle. Ce modèle d’affaires permet certes de collecter rapidement et sûrement de la trésorerie à court terme mais il est risqué. En effet, d’une part il mécontente le client et d’autre part il permet aussi à celui-ci de se désengager légalement (cf. le code le la consommation) car le contrat initial a été significativement modifié et les nouvelles conditions tarifaires peuvent donner lieu à une rupture unilatérale. BM à manipuler avec précaution !

Face à ces 10 approches, il est possible de proposer un modèle récent et intégratif qui répond également à la lancinante et triviale question « comment gagner de l’argent ? » mais en l’étendant plus largement à « comment capturer de la valeur ? ». Nous allons appréhender ce modèle sur le fond et sur la forme car cette success-story éditoriale est tout à fait singulière.

Une approche intégrative via le business model canvas

L’ouvrage BMNG lui-même et son modèle d’affaires dédié sont tout à fait uniques. En effet depuis 2010, le livre Business Model Nouvelle Generation a déjà été diffusé à plus d’un million d’exemplaires de par le monde avec des traductions en trente langues.

Les deux co-auteurs ont réussi à innover dans l’édition pour s’imposer dans un marché de plus de 11 000 ouvrages (en management) annuels et à recruter quelque 470 contributeurs payants répartis sur 45 pays. Toute cette équipe a collaboré online et offline sur l’ouvrage, sur son site compagnon, sur ses supports mais aussi sur sa stratégie de diffusion et d’infusion au travers de la stratégie « océan bleu ».

Certains auteurs en management ont même écrit sur cette aventure inspirante qui se poursuit. Cette success-story est effectivement assez rare dans l’écosystème relativement policé de la littérature managériale à portée académico-praticienne !

Le modèle canvas est développé dans la première des cinq parties du livre. Cette partie a pour titre « matrice ». Dès la page 14, une définition de ce qu’est un modèle économique (ou business model car les auteurs ne font pas de différences majeures entre ces deux appelations) selon Alexander Osterwalder et Yves Pigneur est donnée :

« Un modèle économique (ou business model) décrit les principes selon lesquels une organisation crée, délivre et capture de la valeur. »

À cet effet – pour tenter de décrire ces principes -, les auteurs proposent une matrice (ou un gabarit) pour identifier les neuf principes (ou neuf blocs) basiques pour aborder ce que serait un nouveau modèle économique innovant et attrayant.

Ces neuf blocs sont les suivants : segments de clientèle, propositions de valeur, canaux, relations avec le client, flux de revenus, ressources clés, activités clés, partenaires clés, structure de coûts. Ces neuf blocs permettent ensuite d’appréhender les quatre dimensions phares de toute entreprise que sont : les clients, l’offre, l’infrastructure et la viabilité financière. Le modèle propose donc, avant tout, de bien identifier et décrire ces divers éléments – notamment ce que souhaite, espère et craint le client pour pouvoir dessiner au mieux la « value proposition canvas » – pour mieux, ensuite, déployer ou tenter de déployer ce qui créera, délivrera et capturera de la valeur !

L’originalité de cet ouvrage et du modèle canvas qu’il porte est de re-dessiner le business model en observant, analysant et replaçant le client (ou la cible) au centre de la proposition de valeur qu’on lui adressera ! Au centre des propositions successives (surtout « ne pas tomber amoureux de sa première idée » comme le souligne Yves Pigneur) qu’on lui adressera pour atteindre celle qui le satisfera et qu’il adoptera…

Mise en perspective d’un « outil » très médiatique

La littérature sur les business models est pléthorique depuis la fin des années 1990. Cette thématique reste porteuse à l’image du succès de l’ouvrage ci dessus et des nombreux et robustes travaux de B. Demil et X. Lecoq.

Néanmoins l’avènement d’écosystèmes d’affaires et/ou d’innovations essentiellement basés sur le numérique et la data – mais pas uniquement à l’image des secteurs de l’agroalimentaire, du tourisme ou du luxe – imposent de toujours remettre l’ouvrage sur le métier. Finalement le BM reste et doit rester un outil d’analyse stratégique.