REVUE DE PRESSE DU 04/10/2022

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Écosystèmes touristiques : la rentabilité sous pression

Le quatrième webinaire organisé, jeudi dernier, par l’Institut CDG et Madaëf, au sujet de l’impulsion des écosystèmes du tourisme, a mis l’accent sur l’épineuse question du déploiement des politiques touristiques pour mieux impulser les écosystèmes touristiques. Il a également traité des répercussions du déficit de deux années de Covid-19 et leur impact sur la rentabilité des entreprises touristiques. 

Au moment où la nouvelle feuille de route touristique ambitionne de doubler le nombre de touristes pour atteindre 26 millions de visiteurs à l’horizon 2030 contre 12,93 millions de touristes en 2019 (année de référence), la question de son déploiement se pose avec acuité. C’est l’une des conclusions à laquelle a abouti le quatrième webinaire organisé, jeudi dernier, par l’Institut CDG et Madaëf, au sujet de l’impulsion des écosystèmes touristiques. «L’une des plus grandes difficultés des écosystèmes de l’industrie touristique est la question de leur déploiement à l’instar de la mise en œuvre de politiques touristiques, notamment la vision 2020 et 2010», a expliqué Othmane Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme de Casablanca-Settat.

Avant d’ajouter que «l’État n’a contribué qu’à hauteur de 8% à la Vision de 2020 selon la Cour des comptes. De ce fait, on ne peut que s’estimer heureux d’accueillir près de 13 millions de visiteurs en 2019». Avec une contribution du secteur touristique de 7,1% en 2019 au PIB, l’industrie éponyme a connu de nombreux bouleversements, au cours des quatre dernières décennies dont la dernière crise est celle liée au contexte pandémique qui a touché de plein de fouet le secteur.

«De plus en plus, les crises se succèdent à tel point qu’elles sont devenues une normalité. Certes, les acteurs touristiques ont fait preuve de résilience, mais on est dans une situation où la gouvernance touristique doit être plus vertueuse pour pouvoir arriver à anticiper et avoir une résilience rapide par rapport à des crises successives», a affirmé pour sa part, Jean Luc Boulin, consultant en tourisme lors de ce webinaire.

La rentabilité économique grevée

Le même constat est partagé par Larbi Safaa, professeur à l’École supérieure de technologie d’Essaouira, relevant de l’Université Cadi Ayyad. «Le tourisme a été toujours confronté à des crises et il est arrivé à les surpasser pour redevenir plus forts qu’avant. Le même scénario est en train de se répéter à travers la relance touristique post-crise», affirme-t-il.

Toutefois, devant la situation inédite à l’issue de laquelle les frontières ont été fermées pendant plus de 22 mois en raison du Covid-19 avec pratiquement un déficit de deux années, les opérateurs estiment que la rentabilité économique des entreprises touristiques sera toujours affectée en janvier 2023. Date à partir de laquelle le tissu touristique devra rembourser les redevances fiscales et sociales ainsi que les Crédits oxygène.

D’autre part, le secteur touristique est confronté à l’érosion de son capital humain, puisqu’une grande partie des ressources humaines ont quitté le secteur à cause de la crise pandémique de ces deux dernières années. A cela s’ajoute le désintérêt du privé pour la question de l’investissement.

Une gouvernance avec ingénierie territoriale

 «Pour redynamiser le secteur touristique, il faut intégrer aussi les initiatives locales. Les programmes d’entrepreneuriat sont plus que jamais nécessaires pour apporter de la richesse au secteur sur le plan territorial tout en repensant le tourisme aussi bien sur le plan national qu’international», a précisé Housna Medaghri Alaoui, directrice innovation et business transformation au sein de Madaëf Groupe CDG. C’est le choix qui a été fait par Madaëf, le fonds d’investissement touristique du Groupe CDG, en initiant, en 2020, le programme entrepreneurial «Madaëf Éco6» qui en est à sa 6e édition.

« À travers une approche alliant territorialité et développement de propositions de valeur autour d’initiatives locales, le programme a retenu 75 projets permettant de jeter les bases des premiers écosystèmes touristiques coordonnés par Madaëf et réunis autour de ses établissements», souligne Housna Medaghri Alaoui.

Les participants à la table ronde ont également mis l’accent sur la complexité de l’écosystème touristique marqué aussi bien par sa sphère publique que privée, et la multitude d’acteurs intervenants pour la réussite du séjour touristique. «La satisfaction touristique est mesurée par la coordination de l’écosystème touristique en fonction du parcours du voyageur, d’où le rôle et la responsabilité de l’action publique en ce qui concerne la prise de conscience de l’amélioration de la qualité des prestations et la mise en valeur de l’écosystème touristique», a ajouté Jean Luc Boulin. Pour tenir cette promesse, une gouvernance avec ingénierie territoriale entourant aussi les écosystèmes du tourisme est nécessaire. Et ce, afin de créer une dynamique collective entre les acteurs déjà engagés et les pouvoirs publics à plusieurs niveaux, ainsi que la régionalisation de la promotion touristique qui est, désormais, une compétence partagée entre l’État et la région.

Marché monétaire : stagnation du déficit de la liquidité bancaire

Au terme de la semaine dernière, le marché monétaire a assuré une quasi-stagnation du déficit de la liquidité bancaire. Pour sa part, le marché primaire a connu une forte hausse du taux primaire 10 ans. Au niveau du marché secondaire,  la volumétrie a diminué.  

Le déficit de la liquidité bancaire a affiché une quasi-stagnation d’une semaine à l’autre, après plusieurs semaines de creusement, pour se fixer à -93,6 milliards de dirhams, contre -92,9 milliards une semaine auparavant. Ce chiffre ressort de la récente note «Fixed income weekly» de BMCE Capital Global Research (BKGR). S’agissant des avances à 7 jours, elles augmentent de 1,17 MMDH  pour se fixer à 39,05 MMDH.

Les placements du Trésor, quant à eux, ont affiché une augmentation, enregistrant ainsi un  encours quotidien maximal de 11,22 MMDH au 28 septembre, contre un encours quotidien maximal de 5,6 MMDH au courant de la semaine précédente.

Sur une semaine, le taux moyen pondéré du marché monétaire (TMP) s’est hissé à 2 %, alors que le MONIA (Moroccan Overnight Index Average: indice monétaire de référence au jour le jour, calculé sur la base des transactions de pensions livrées ayant comme collatéral les bons du Trésor) s’établit à 1,894%.

Au niveau du marché primaire, coûtant cette semaine, le Trésor a procédé à une levée sur la ligne 10 ans d’un montant de 150 MDH au taux limite de 3,1676%. «Cette opération a induit une importante hausse de 72,7 points de base au niveau du taux primaire de ladite maturité qui se fixe dorénavant à 3,1355%», notent les analystes de BKGR.

Au regard du montant levé, cette opération semble être destinée, selon BKGR, davantage à marquer le taux de la maturité 10 ans qu’à couvrir d’éventuels besoins du Trésor. En outre, la volumétrie globale enregistrée sur le marché secondaire, la semaine dernière, ressort en baisse, se fixant à 13,6 MMDH, contre 20,8 MMDH une semaine auparavant.

«Ce dernier a été polarisé à hauteur de 60% par les échanges sur les maturités court-terme», affirment les analystes. En ce qui concerne la courbe secondaire, il est à noter que la plus forte variation enregistrée, durant la période passée sous revue, a également été observée à la hausse sur la ligne 10 ans, avec une progression de 45,3 points de base à 3,06%.

BKGR estime que sur la prochaine période, Bank Al-Maghrib devrait continuer de renforcer son intervention sur le marché monétaire avec l’injection de 50,8 MMDH sous forme d’avances à 7 jours contre 39,1 MMDH la semaine précédente. Ceci dit, selon les observations des analystes, les taux primaires long terme semblent enfin commencer à intégrer des hausses plus marquées en y-t-d, au moment où BAM a statué sur un resserrement de sa politique monétaire, notamment via le relèvement du taux directeur de 50 points de base. Le bond qu’a ainsi enregistré la ligne 10 ans laisse présager de nouvelles corrections à la hausse lors des prochaines séances d’adjudication pour le reste des maturités longues.

Ynna holding remporte une victoire cruciale face à Five FCB

La Cour de cassation donne raison à Ynna holding.

De sources bien renseignées, cette dernière a remporté aujourd’hui à la cour de cassation (la plus haute instance judiciaire) le litige face à five FCB. Il s’agit d’une affaire ayant fait couler beaucoup d’encre et qui a commencé en 2007. Pourtant le groupe n’a jamais communiqué afin de laisser la justice faire son travail. Affaire à suivre.

Artisanat : Les exportations en croissance de 16% à fin août 2022

Générant un chiffre d’affaires de plus de 636,22 millions DH

L’artisanat affiche une progression de 16% à l’export durant les huit premiers mois de l’année 2022. Sur cette même période le chiffre d’affaires des exportations des produits dans ce secteur s’élève à plus de 636,22 millions de dirhams contre 550,78 millions de dirhams à la même date en 2021. Par famille de produits, les exportations de la poterie et pierre sont en première place en termes de chiffres d’affaires réalisant plus de 198,10 millions de dirhams à fin août marquant à cet effet une croissance de 28% par rapport à la même période de l’année dernière, soit une part de marché de 31%. La deuxième place revient aux exportations de tapis qui atteignent 129,86 millions de dirhams, en hausse de 106% par rapport à fin août 2021, avec une part de marché de 20%. Quant aux exportations de vanneries, elles sont troisièmes dans ce classement avec un chiffre d’affaires de plus de 98,77 millions de dirhams, en augmentation de 38% comparativement à la même période en 2021, soit une part de marché de 15%.

Pour leur part, les exportations des vêtements traditionnels arrivent quatrièmes avec près de 92,70 millions de dirhams de chiffres d’affaires réalisés durant les huit premiers mois de l’année 2022, ce qui représente une part de marché de 15%. Par pays de destination, les États-Unis sont en tête avec plus de 238,10 millions de dirhams à fin août 2022, en hausse de 55% comparé à fin août 2021 et réalisant une part de marché de 37%. En deuxième place, les exportations des produits d’artisanat vers la France s’élèvent à plus de 94,58 millions de dirhams, en très légère croissance (+ 1%) par rapport aux huit premiers mois de l’année 2021 enregistrant une part de marché de 15%.

L’Espagne est troisième avec un chiffre d’affaires des produits exportés vers ce pays qui atteint environ 60,30 millions de dirhams (+ 22%) et une part de marché de 9%. A noter que les exportations vers l’Europe ont enregistré durant les huit premiers mois de l’année 2022 un chiffre d’affaires de 257,25 millions de dirhams, en baisse de 5% par rapport à la même période en 2021. La part de marché de l’Europe dans les exportations des produits d’artisanat est de 40%. Si l’on raisonne par ville, Casablanca a généré à fin août 2022 près de 372,70 millions de dirhams de chiffre d’affaires dans l’exportation des produits d’artisanat (+48%) détenant ainsi une part de marché de 58%.

Elle est suivie de Marrakech avec 102,09 millions de dirhams (-43%) et une part de marché de 16% puis de la ville de Fès qui a réalisé plus de 58,28 millions de dirhams de chiffre d’affaires (4%). La ville spirituelle dispose d’une part de marché de 9%. En quatrième place, on retrouve Tanger avec 42,20 millions de dirhams générés à l’export sur les produits d’artisanat (+29%). La ville du détroit a une part de marché de 7%. Durant le seul mois d’août, les exportations des produits d’artisanat sont en baisse de 5%. «Seules trois familles de produits ont contribué positivement dans le chiffre d’affaires des exportations de ce mois, avec en tête la poterie & pierre et la vannerie à travers des contributions en points de pourcentage respectives de l’ordre de 8 et 3%», indique le département de l’artisanat. On notera que plus des 2/3 des exportations de la poterie & pierre ont été réalisées par Casablanca (74%), avec comme première destination les USA (80%). De son côté, la vannerie s’est exportée essentiellement depuis Casablanca (53%), en grande partie vers la France (30%), les USA (23%), l’Espagne (15%) et l’Angleterre (12%).

A partir de Fès (32%), une bonne part de vannerie a été expédiée vers l’Espagne (63%), et plus modérément vers la Hollande (18%), relève la même source. Parmi les destinations ayant participé le plus en points de pourcentage à l’export positifs lors du mois d’août 2022, on compte les USA et les pays africains à travers des contributions en points de pourcentage successives de 9 et 1%. «A destination des USA, la majorité des exportations a été réalisée à travers Casablanca (93%), avec comme produits phares exportés la poterie & pierre (53%) et le tapis (27%)», ajoute le département de l’artisanat.

Vers les pays africains, notamment le Sénégal (36%), l’Afrique du Sud (30%) et le Kenya (26%), les exportations sont passées essentiellement à travers Fès (60%), avec comme produits exportés, les vêtements traditionnels (71%) et la poterie & pierre (29%), et à travers Tanger (26%), d’où ont été exportés principalement des produits en poterie & pierre (38%), du tapis (20%), et des articles de la catégorie «Divers» (15%). Au cours du huitième mois de l’année 2022, Casablanca et Nador sont les villes ayant enregistré la plus grande contribution en points de pourcentage au chiffre d’affaires à l’export. Ainsi, Casablanca y a participé avec une quote-part de 20%, suivie loin derrière de Nador (2%).

Il en ressort que 41% des exportations de Casablanca ont concerné la poterie & pierre, destinés principalement vers les USA (80%). Le tapis a également été expédié par Casablanca (25%) en grande majorité vers les USA (67%), alors que la vannerie (15%) a été expédiée principalement à destination de la France (30%), des USA (23%), de l’Espagne (15%) et de l’Angleterre (12%). Enfin, 96% des exportations de Nador ont concerné les vêtements traditionnels qui ont été exportés exclusivement vers l’Algérie.

Net recul de la croissance économique à 2% au deuxième trimestre 2022

Forte inflation et aggravation du besoin de financement de l’économie nationale

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) fait état d’un important recul de la croissance économique. Elle se situe à 2% au deuxième trimestre 2022 alors qu’à la même période de l’année précédente, elle se situait à 14,2%. Dans sa note d’information relative aux comptes nationaux du deuxième trimestre de l’année 2022, le HCP fait savoir que les activités non agricoles ont affiché une augmentation de 4,2% et celles du secteur agricole une baisse de 15,5%. Tirée par la demande intérieure, cette croissance a été réalisée dans un contexte d’une forte inflation et d’une aggravation du besoin de financement de l’économie nationale.

En effet, la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu ainsi un net ralentissement à 4,2% durant le deuxième trimestre 2022 au lieu de 13,3% le même trimestre de l’année précédente. La valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 16% au deuxième trimestre 2022, après avoir enregistré une hausse de 18,3% le même trimestre de l’année précédente. Ceci s’explique par la baisse de la valeur ajoutée de l’agriculture de 15,5% au lieu d’une hausse de 17,5% et de celle de la pêche de 23,4% au lieu d’une hausse de 36,9%. De son côté, la valeur ajoutée du secteur secondaire, en volume, a connu un net ralentissement de son taux d’accroissement passant de 17,3% durant le même trimestre de l’année précédente à 1,5%. Cette situation s’explique en raison du ralentissement du rythme d’accroissement des valeurs ajoutées des industries manufacturières à 2,3% au lieu de 20,2%; de l’«Electricité, gaz, eau, assainissement et déchets» à 2% au lieu de 14,6%; du BTP à 1,7% au lieu d’une hausse de 16,9% et de la baisse de celle de l’industrie d’extraction de 7,8% au lieu de 0,6%. Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 11,2% le même trimestre de l’année précédente à 6,1%.

Ceci est le résultat de la hausse des valeurs ajoutées des services rendus par l’administration publique générale et la sécurité sociale, de 5,6% au lieu de 4,3%; services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale, de 4,3% au lieu de 2,8%; information et communication, de 1,3% au lieu d’une baisse de 0,5. Et du ralentissement de celles de l’hébergement et restauration à 50,3% au lieu de 86,4%; des transports et entreposage à 10,8% au lieu de 42,6%; du commerce et réparation véhicules à 4% au lieu de 17,6%; recherche et développement et services rendus aux entreprises à 3,2% au lieu de 24,5% et services immobiliers à 1,5% au lieu de 3%. Concernant la hausse du niveau général des prix, le HCP précise que le PIB a connu un net ralentissement à 6,9% au lieu de 16,5% une année auparavant, dégageant ainsi une augmentation du niveau général des prix de 4,9% au lieu de 2,3%.

Net ralentissement de la demande intérieure de 10 à 2%

La demande intérieure a affiché un net ralentissement passant de 10% durant le même trimestre de l’année précédente à 2%. Celle-ci a contribué pour 2,2 points à la croissance économique nationale au lieu de 11,3 points. Les dépenses de consommation finale des ménages ont connu un net ralentissement de leur taux d’accroissement passant de 13,6% au deuxième trimestre 2021 à 3,2% avec une contribution à la croissance de seulement 1,7 point au lieu de 7,4 points. De son côté, la consommation finale des administrations publiques a affiché une hausse de 6,7% au lieu de 5,5%, avec une contribution à la croissance de 1,3 point au lieu de 1,2 point. En revanche, l’investissement brut a connu une baisse de 2,4% au lieu d’une hausse de 7,3% une année auparavant, avec une contribution négative à la croissance de 0,8 point au lieu d’une contribution positive de 2,7 points.

Contribution négative des échanges extérieurs à la croissance

Au niveau des échanges extérieurs de biens et services en volume, les exportations ainsi que les importations ont affiché de fortes hausses durant le deuxième trimestre 2022. C’est ainsi que les exportations de biens et services ont augmenté de 36,4% au lieu de 22,4%, avec une contribution à la croissance de 11,8 points au lieu de 6,4 points durant la même période de l’année précédente. De leur côté, les importations ont affiché une hausse de 28,7% au lieu de 8,3%, avec une contribution négative à la croissance de 12 points au lieu d’une contribution négative de seulement 3,5 points une année auparavant. Dans ce cadre, les échanges extérieurs de biens et services ont dégagé une contribution négative à la croissance, se situant à 0,2 point au lieu d’une contribution positive de 2,9 points durant le deuxième trimestre 2021.

Logistique : Le groupe japonais «Nippon Express» s’implante à Tanger

« Nippon Express Europe », la société japonaise a reconnu le Maroc comme partenaire idéal pour le développement de ses capacités logistiques en Afrique, en s’implantant dans la ville de Tanger.

Etant le second plus important producteur automobile d’Afrique, le Royaume  se positionne également comme acteur de production complémentaire à l’Europe, avec une forte demande d’import/export, d’approvisionnement et de logistique commerciale centrée sur l’automobile. Cette industrie connait une forte croissance au Maroc, et de plus en plus de constructeurs automobiles et de fournisseurs de pièces automobiles choisissent d’y installer leurs usines, affirme l’entreprise dans un communiqué.
« Notre société « Nippon Express Maroc » et « Nippon Express Maroc Free Zone » vient de s’implanter, après 5 ans d’existence de la filiale de Nippon Express France. Nous sommes convaincus qu’il y a beaucoup de potentiel à développer sur le marché marocain, nous avons l’intention d’accélérer le développement de toutes sortes d’activités logistiques axées non seulement sur les industries automobiles, mais également sur d’autres domaines notamment électriques et aéronautiques », a déclaré Kuniaki Matsushima, DG de Nippon Express Maroc, souhaitant  que le groupe puisse maintenir l’essor de développement de ses activités, dans le respect des standards japonais et ce, en étroite collaboration avec le savoir-faire et les compétences marocaines.

Le développement des affaires du groupe « Nippon Express au Maroc » a débuté il y a 5 ans déjà, en décembre 2017 par l’ouverture d’un bureau à Casablanca, où la succursale marocaine a démarré ses activités, suivie en juin 2019 par l’ouverture du Centre logistique dans la zone portuaire de Tanger Med, opérée par MedHub.

Nippon Express Maroc, fruit de la fusion de ces deux bases d’ores et déjà existantes dans le Royaume, a pour objectif de développer d’avantage ses activités et de renforcer sa base commerciale pour soutenir les activités des clients sur le marché en expansion au Maroc.
« Grâce à son savoir-faire commercial et opérationnel accumulé à ce jour et à son réseau mondial « Nippon Express Group » ambitionne d’accélérer ses efforts de développement logistique axé sur l’industrie automobile, qui constitue, dans le plan d’affaires de NX Group, une industrie prioritaire” annonce-t-on.

La cérémonie de lancement officiel de « Nippon Express Maroc », a eu lieu lundi 26 Septembre 2022 à Tanger en présence notamment de SE M.Hideaki Kuramistu, Ambassadeur du Japon au Maroc, de M.Mitsuru Saito , Président du Groupe Nippon Express Holdings, de M. Kuniaki Matsushima, Directeur Général de Nippon Express Maroc et  de M.Rachid Houari Directeur General de la zone logistique portuaire MedHub, ainsi que plusieurs autres membres des directions du groupe  et de la nouvelle filiale Nippon Express Maroc.

Deux marocains lèvent 14 millions de dollars pour construire une plateforme DeFi

Les cofondateurs d’Exponential Driss Benamour (PDG), Greg Jizmagian (CTO) et Mehdi Lebbar (président) annoncent un tour de table de 14 millions de dollars dirigé par Paradigm.

Il y a une raison pour laquelle les régulateurs et les médias appellent le pays de la finance décentralisée le « Far West ». Plus de 2 milliards de dollars de crypto-monnaie ont été volés dans des projets DeFi* cette année, selon la société de données blockchain Chainalysis, avec des hacks consécutifs, des tirages de tapis, du code défectueux, des mauvais acteurs et des crimes à gogo dans l’espace.

De nombreuses plateformes DeFi se sont, à leur tour, effondrées, et certains investisseurs ont perdu leurs économies. Mais d’autres entreprises axées sur DeFi continuent d’émerger – et avec un nouveau financement de capital-risque. Parmi eux se trouve Exponential, qui a annoncé lundi avoir levé 14 millions de dollars lors d’un tour de table dirigé par Paradigm pour construire une nouvelle plateforme d’investissement DeFi. Parmi les autres contributeurs figuraient Haun Ventures, FTX Ventures, Solana Ventures, Polygon, Circle Ventures, ainsi que plus de 80 investisseurs providentiels.

La plateforme Exponential, qui est restée en version bêta jusqu’à présent, dispose d’un système de notation – un A est le meilleur, un F est le pire – pour d’innombrables pools, pièces, etc., dans l’espace DeFi. Les utilisateurs peuvent utiliser le système de notation pour décider des investissements, ainsi que pour obtenir une notation de leurs avoirs existants. (Les investisseurs sont toujours encouragés à faire leurs propres recherches.)

Les notes d’Exponential sont basées sur un certain nombre de mesures, y compris la conception du protocole ou de la chaîne, les problèmes passés, les dépendances, etc., ont déclaré les cofondateurs Driss Benamour, Greg Jizmagian et Mehdi Lebbar à Fortune, affirmant que les notes de la plateforme ne peuvent pas être manipulées sur un caprice. « Personne ne peut modifier une cote de risque. Cela prend plusieurs personnes, et nous utilisons le même concept de multi-signatures à la fois pour transférer de l’argent et pour changer les choses », a déclaré Jizmagian, le CTO. « Vous concevez autour du fait qu’il pourrait y avoir un employé voyou, qu’il pourrait y avoir ces situations. »

En ce qui concerne les fonds, l’équipe vise à en utiliser la majeure partie pour l’embauche, en particulier pour les personnes occupant des postes de direction chez Uber, Amazon, PayPal et Robinhood. « Pour y parvenir, vous avez besoin que Web2 et Web3 se rejoignent. Dans notre équipe, vous aurez des gens qui viennent d’un milieu Web2 traditionnel et des gens qui sont également degens », a déclaré Benamour.

Benamour, le PDG, et Lebbar, le président, sont des vétérans d’Uber, et Jizmagian d’Amazon, mais ensemble, ils se sont intéressés au Web3, l’itération dite décentralisée d’Internet. Principalement, ils ont dit qu’ils voyaient une opportunité dans le domaine DeFi – des problèmes et tout. En plus de la plateforme de notation, Exponential prévoit également de publier un portefeuille de garde. « Nous pensons », a déclaré Benamour, « c’est le moyen de débloquer DeFi pour le prochain milliard de personnes. »

IDE. Près de 20 milliards de DH captés par le Maroc sur les huit premiers mois de 2022

Selon l’Office des changes, le flux net des Investissements Directs Étrangers (IDE) a atteint 19,57 milliards de DH sur les huit premiers mois de 2022, soit une augmentation de 67,9% par rapport à la même période en 2021.

C’est une belle performance. L’Office des changes indique en effet que les recettes des IDE ont enregistré une hausse de 35,9% totalisant 26,73 milliards de DH à fin août 2022, contre 19,67 milliards de DH une année auparavant. Dans sa récente note sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs, l’office souligne aussi que les dépenses ont, de leur côté, accusé une baisse de 10,7%.

On note que les investissements directs marocains à l’étranger (IDME), pour leur part, se sont situés à 11,94 milliards de DH à fin août, affichant une baisse de 2,5% par rapport à la même période de l’année précédente. L’office précise aussi que les cessions de ces investissements se sont situés à 8,13 milliards de DH en baisse de 17,3%, ajoutant ainsi que le flux net des IDME a augmenté de 58,2% ou +1,39 milliard de DH.

Cryptomonnaies : l’appétit d’ogre des Marocains

Malgré les interdictions mises en place par les autorités, les Marocains adoptent massivement les devises numériques.

Le Maroc est classé 14è mondial sur 146 pays.

La popularité et l’adoption croissante des crypto-actifs ne sont plus à démontrer. Un grand nombre de particuliers, d’entités privées et publiques se sont lancés dans cet univers palpitant de la cryptosphère. Au Maroc, alors que les transactions en monnaie virtuelle sont formellement interdites et constituent officiellement une infraction à la réglementation des changes du pays, l’intérêt pour les cryptos atteint son paroxysme. En effet, la célèbre firme d’analyse de la blockchain «Chainalysis» a publié son classement annuel des pays où l’adoption du bitcoin est la plus forte. Il en ressort que le Maroc est classé 14ème sur les 146 pays.

«Dans ce nouveau classement, nous avons gagné 9 ou 10 places. Cela confirme que les Marocains n’ont pas cessé d’utiliser les cryptomonnaies malgré les récentes turbulences et la chute qu’a connue récemment le marché», nous explique Badr Bellaj, co-fondateur de l’entreprise «Mchain». Pour notre expert, «même dans le contexte actuel difficile, l’intérêt pour les cryptomonnaies n’a pas diminué, ce qui démontre que les Marocains n’utilisent pas la crypto que pour la spéculation». Les pays où l’adoption des cryptomonnaies est la plus forte ne sont pas forcément ceux auxquels on pense instinctivement. Si la Chine et les États-Unis ont beaucoup fait parler d’eux sur ce sujet, ce ne sont ainsi pas les pays où le taux d’adoption des cryptos est le plus fort. Dans le top 3 de ce classement, l’on retrouve le Vietnam, les Philippines et l’Ukraine. Les États-Unis ne se trouvent qu’en 8ème position.

Quant à la Chine, premier pôle mondial de minage, elle n’arrive qu’en 13ème position. Deuxième élément à retenir de ce classement : «Dans cet indice, il y a des sous-classements. Nous sommes classés 21è à l’échelle internationale en ce qui concerne l’achat des cryptos à travers le P2P (Peer to Peer). C’est-à-dire que le canal le plus utilisé par les Marocains pour l’achat des cryptomonnaies est l’achat direct, ce que l’on appelle communément en anglais le ‘Face to Face’. Ce sont des achats internes en Dirhams contre la cryptomonnaie». En termes d’échanges, il faut signaler que les plateformes d’échange ne publient pas d’informations sur les volumes. Il y a actuellement une seule plateforme – utilisée par les Marocains aussi – qui donne des statistiques sur les volumes, il s’agit de Localbitcoin. «Pour ce qui est du Maroc, il s’échange un volume d’à peu près 8 MDH par mois sur une seule plateforme. Ce n’est pas de la spéculation, mais des opérations de vente et d’achat. Ce montant sur cette seule plateforme nous donne une idée sur l’engouement des Marocains sur les cryptos», nous apprend B. Bellaj.

BAM : vers un projet de loi plutôt contraignant ?

Lors de la dernière réunion de la Banque centrale en juin dernier, le Wali avait annoncé qu’un projet de loi sur les cryptomonnaies est en cours d’élaboration permettant d’allier innovation, technologie et protection du consommateur. Aux yeux de Bellaj, «le projet de loi en cours d’élaboration ne sera pas très favorable à l’utilisation des cryptomonnaies au Maroc. Bank Al-Maghrib va mettre en place une réglementation un peu rigide, mais qui devrait tout de même ouvrir les canaux à l’utilisation des cryptos sous des conditions plutôt contraignantes». Et d’étayer  : «J’estime qu’ils donneront des licences à ces plateformes d’échange pour avoir de la visibilité sur ce qui se passe sur le marché marocain, pour voir le profil des utilisateurs, peut-être même appliquer une taxation. Mais reste à savoir si la population va suivre ou pas. C’est comme l’informel, on ne peut pas facilement le combattre par ce qui est formel». Pour lui, si BAM souhaite réussir dans sa nouvelle loi, elle doit écouter et inclure les différentes parties prenantes et non pas que la Banque mondiale et le FMI qui ont une position plutôt défavorable à ce sujet. 

Office des changes: le déficit commercial augmente de 56,1% à fin août

Le déficit commercial du Maroc a augmenté de 56,1% à fin août 2022 par rapport à la même période en 2021, pour s’établir à 214,76 milliards de dirhams (MMDH), selon l’Office des changes.

Les importations ont atteint plus de 491,57 MMDH au titre des huit premiers mois de l’année 2022, contre 339,56 MMDH à fin août 2021, soit une hausse de 44,8% tandis que les exportations se sont accrus de 37% à 276,80 MMDH à fin août 2022, précise l’Office qui vient de publier ses indicateurs mensuels des échanges extérieurs du mois d’août.

Le taux de couverture, quant à lui, perd 3,2 points (56,3% contre 59,5%), ajoute la même source.

L’augmentation des achats de marchandises fait suite à la hausse des importations de la majorité des groupes de produits, souligne l’office qui note que la facture énergétique a atteint plus de 103,05 MMDH à fin août 2022 contre 45,16 MMDH à fin août 2021.
Cette évolution est tributaire de l’élévation des achats du gas-oils et fuel-oils (+27,967 MMDH) due à la hausse des prix qui ont plus que doublé (10.101 DH/T contre 4.900 DH/T). En parallèle, les quantités importées ont augmenté de 11,5%.

S’agissant des importations des demis produits, celles-ci ont augmenté de 53,1% suite à la forte croissance des achats de l’ammoniac (13,58 MMDH contre 4,04 MMDH).
De leur part, les importations des produits bruts se sont accrus de 69,5%, relève l’Office, précisant que cette augmentation fait suite à la hausse des achats des soufres bruts et non raffinés qui ont plus que doublé (+9,25 MMDH).

Souveraineté économique : le «Made in Morocco», un enjeu vital et stratégique

Sur 143 milliards de DH d’importation, il est possible de produire 51 milliards de DH localement.

Il est primordial d’avoir la maîtrise des centres de décision et de soutenir la R&D.

La pandémie, la crise économique et la guerre en Ukraine ont mis sur les feux de la rampe la question de la souveraineté économique pour ne pas dépendre de l’étranger. Ce sujet est fortement évoqué partout dans le monde, comme ici au Maroc. C’est dans ce cadre que l’Association des lauréats de l’ISCAE a organisé à Casablanca une grande rencontre sous le thème  : «Made in Morocco, quel rôle dans la souveraineté économique ?».

Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, a souligné à cette occasion que «la souveraineté économique du Maroc s’impose aujourd’hui plus que jamais comme un enjeu vital et stratégique. Avec la guerre en Ukraine et la sécheresse, le Maroc est confronté à des difficultés importantes d’approvisionnement en produits alimentaires, surtout pour le bétail qui représente pour certains agriculteurs 100% de leur économie».

Le ministre a révélé que «sur 143 milliards de DH d’importation, il est possible de produire localement 34 milliards de DH car nous avons la compétitivité nécessaire. Cette valeur peut être extensible à 51 milliards de DH. Pour ce que nous ne pouvons pas produire, il faut miser sur la recherche et développement pour avoir le savoir-faire nécessaire». A cet égard, il a noté que «le Made in Morocco est notre ambition qui ne peut être consolidée qu’à travers les compétences et les projets réalisés sur le terrain». Il a donné comme exemple l’essor réalisé au niveau du secteur de l’automobile ou de l’aéronautique.

Lentement, mais sûrement, les marques marocaines s’imposent progressivement aussi bien dans leur environnement local qu’à l’international. Du secteur industriel à la santé, elles sont de plus en plus nombreuses à batailler à des niveaux élevés en matière de prestige et de qualité. Ces marques et enseignes marocaines exercent dans des domaines où la compétition est très rude et où les normes sont strictes. Le Made in Morocco ne concerne pas uniquement la fabrication de produits ou l’offre de services, mais également la formation des ressources humaines. Dans ce sens, Nada Biaz, Directrice générale du Groupe ISCAE, a fait savoir que les Iscaéistes sont véritablement des managers «made in Morocco», puisque l’institution est ancrée dans son histoire, imprégnée de sa culture, baignée dans son environnement économique national, avec une ouverture sur le monde, et au fait des tendances internationales. Elle a souligné que le lauréat de l’ISCAE est formé pour comprendre et travailler dans un contexte national, mais il connait aussi les enjeux internationaux et peut travailler dans des contextes économiques et culturels très différents.

Évoquant le rôle de cet établissement, Biaz a indiqué qu’«il a veillé durant ces 5 décennies à la formation de managers et de décideurs outillés pour les enjeux de leur époque et capables de porter la vision commune pour le développement de notre pays». D’autres intervenants de renom ont mis en exergue leur expérience pour développer des entreprises locales et se projeter à l’international, à l’image de Adil Douiri, ex-ministre et président du groupe Mutandis.

«A une certaine époque, on disait que le Maroc a raté l’étape de l’industrialisation. Mais avec les progrès réalisés actuellement surtout dans certaines filières, cette idée n’a plus raison d’être. Le Maroc a besoin d’acteurs étrangers, mais aussi locaux. La souveraineté économique ne peut être consolidée sans un ancrage des centres de décision. Pour être compétitif, il faut produire non seulement à moindre coût et une bonne qualité, mais aussi avoir la maîtrise de ses outils de production et un positionnement durable dans le marché», a indiqué Douiri. Avant d’engager la bataille à l’international, le premier enjeu demeure local. Et à ce propos, dans les différents centres commerciaux, gares et lieux de vie au Maroc, le défi est encore de taille afin de réussir à faire installer des marques et enseignes marocaines capables de concurrencer celles mondialement connues. 

Politique monétaire: Bank Al-Maghrib change de logiciel

Fini l’argent bon marché : Bank Al-Maghrib veut sabrer l’inflation et ancrer les anticipations des opérateurs sur le sujet.

Un exercice périlleux et qui causera nécessairement des dommages collatéraux. 

Bank Al-Maghrib a relevé son taux directeur de 0,5% mardi. C’est la première hausse depuis 2008. Qui plus est, elle porte sur 50 points de base. En conférence de presse post-Conseil, Abdellatif Jouahri concède que les discussions au sein du Conseil portaient sur le choix entre 50 et 75 points de base. Autant dire que l’on est passé à côté d’une décision encore plus radicale et inédite si la deuxième option avait été retenue. 

Réaction immédiate des marchés

Ce Conseil a duré plus longtemps que d’habitude. Et au final, la décision correspond au haut de la fourchette des anticipations des analystes. Le communiqué de la Banque centrale, tombé à 15H00, n’a d’ailleurs pas manqué de faire chavirer la Bourse pendant les 30 dernières minutes de cotation, provoquant une baisse de l’indice Masi de plus de 1% immédiatement après l’annonce. Pour les professionnels des placements, les marchés des capitaux vont passer par des moments houleux à court terme, que ce soit sur la composante actions ou taux. Sur ce deuxième compartiment, les prochaines séances vont mécaniquement intégrer cette décision et consolider un mouvement haussier qui inquiète déjà le Trésor depuis quelques mois.  Et si la Bourse a agi de la sorte, c’est parce qu’elle anticipe ce qui risque de se passer pour l’économie réelle. Une hausse aussi franche du taux central aura des répercussions sur le coût du crédit bancaire, dont la croissance est déjà en berne, et ce aussi bien pour les ménages, les entreprises que pour l’Etat. 

Pourquoi un tel revirement de situation

En juin dernier, le Wali de Bank Al-Maghrib expliquait clairement que le caractère importé de l’inflation ne demandait pas de réponse monétaire de la Banque centrale. 3 mois plus tard, la donne semble changer. «La conjoncture internationale reste marquée profondément par les séquelles de la pandémie et les implications de la guerre en Ukraine, à travers notamment la persistance du renchérissement des produits énergétiques et alimentaires, ainsi que des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Ces évolutions poussent l’inflation vers des niveaux exceptionnellement élevés», a relevé le Conseil. Et d’ajouter : «L’inflation continue d’être alimentée par des pressions d’origine externe, mais les dernières données disponibles montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables». Et Abdellatif Jouahri d’expliquer encore plus la décision de BAM en s’appuyant sur des chiffres : «La diffusion de la hausse de l’inflation s’élargit. Sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier et 23% en moyenne entre 2018 et 2019», a-t-il expliqué. Outre la diffusion de l’inflation aux produits non échangeables, la Banque centrale souhaite envoyer un signal aux opérateurs, en ancrant leurs anticipations d’inflation. En d’autres termes, en cassant la spirale des anticipations auto-alimentées.

La croissance inférieure à 1%

Au niveau national, le Conseil a noté que l’économie continue de pâtir de l’environnement externe défavorable et des répercussions d’une sécheresse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accélération de l’inflation. Par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al-Maghrib table désormais sur un niveau d’inflation nettement plus élevé en 2022, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023. Au niveau national, la croissance économique marquerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, un net ralentissement cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. En 2023, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux.

Les activités non agricoles continuent en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%. Abdellatif Jouahri a expliqué que la décision prise en juin aura un impact limité compris entre 0,1% et 0,2% sur la croissance. Un chiffre qui ne fait pas l’unanimité auprès des opérateurs économiques. Mais pour Jouahri, «l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues est jugé plus néfaste pour la croissance à long terme qu’un resserrement rapide». Comprenez par là qu’un sacrifice est nécessaire pour freiner la hausse des prix. En outre, Abdellatif Jouahri s’engage à contrôler la répercussion de la hausse du taux directeur par les banques sur les clients, pour éviter tout dérapage et la réalisation de marges indues. 

Quel rôle pour le gouvernement ?

Stopper l’inflation n’est pas uniquement du ressort de la Banque centrale. Le gouvernement doit aussi jouer un rôle de régulateur dans des secteurs clés où la tentation de spéculer est importante en temps de crise. Le dernier avis du Conseil de la concurrence sur les pétroliers est là pour nous le rappeler. Ce rapport, qui conclut que «la concurrence par les prix sur ces marchés est quasi-inexistante, voire neutralisée», montre qu’avec la politique monétaire la plus restrictive qui soit, sans régulation de la part des politiques, la frontière entre anarchie et libéralisme demeure fine. 

Le déficit au-dessus de 5% en 2022 et 2023

Au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de l’année fait ressortir une amélioration de 24,5% des recettes ordinaires, portée principalement par l’augmentation des rentrées fiscales.  En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 13,1%, reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation. Tenant compte notamment de la progression attendue des recettes fiscales, de la mobilisation des ressources au titre des financements spécifiques ainsi que de l’évolution prévue de la charge de compensation, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, passer de 5,9% du PIB en 2021 à 5,5% en 2022 avant de s’atténuer à 5,0% en 2023.

Sortie à l’international : C’est compliqué 

Revenant sur le sujet d’une éventuelle sortie du Trésor sur le marché international, Jouahri a souligné que le Trésor peut mobiliser l’ensemble des outils à l’extérieur sous toutes leurs formes, et ce auprès des organisations internationales et des partenaires bilatéraux. Au niveau du financement du Trésor, «il existe au moins deux sources auprès de nous que le Trésor peut utiliser», à savoir la ligne de précaution et de liquidité (LPL) et les droits de tirage spéciaux (DTS), a précisé le gouverneur de BAM. «Rien ne s’oppose à ce que le Trésor utilise ces deux sources. Ce n’est pas contraire au statut de BAM ni aux statuts des organisations internationales, notamment le FMI avec qui nous avons négocié la LPL et les DTS», a-t-il assuré. Ces outils permettraient au Trésor d’éviter une sortie sur les marchés en Dollar alors que les spreads explosent un peu partout dans le monde. 

Office des changes : les transferts des MRE à plus de 71 MMDH en 8 mois

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint plus de 71,42 milliards de dirhams (MMDH) au titre des huit premiers mois de cette année, contre près de 64,19 MMDH durant la même période de 2021, selon l’Office des Changes.

Ces transferts ont ainsi affiché une hausse de 11,3% (+7,23 MMDH) par rapport à la même période de l’année écoulée, précise l’Office.

Ces statistiques font, par ailleurs, état d’une hausse du déficit commercial de 56,1% à 214,76 MMDH, avec une progression des importations de 44,8% et des exportations de 37%.

Pour sa part, le flux net des investissements directs étrangers (IDE) a augmenté de 67,9% à 19,57 MMDH à fin juin aout dernier.